Commission défense et sécurité/Assemblée nationale: Exit Jaynet « Kabila »

La fratrie « Kabila » qui semblait considérer le Congo-Kinshasa comme un « bien personnel » du « clan » doit avoir les nerfs à vif. Après la destitution controversée – mais salutaire – de « Zoé » du poste de gouverneur de la province de Tanganyika, « Jaynet » a été remplacée, jeudi 10 juin, à la présidence de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Le « stratège » « Joseph Kabila » vient de perdre un de ses derniers bastions. Une des conséquences du basculement de la coalition majoritaire.

Le député national Bertin Mubonzi (UNC).

Le député national Bertin Mubonzi, étiqueté UNC (Union pour la nation congolaise), est devenu, jeudi 10 juin, le nouveau président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Il succède à Jaynet « Kabila » qui fut propulsé à cette fonction le 30 octobre 2019 non pas grâce à ses mérites mais par le bon vouloir de son frangin, l’ex-président « Joseph Kabila ». Du népotisme à l’état pur.

Cette commission se présente désormais comme suit: l’UNC Bertin Mubonzi (Président), le MLC Jacques Djoli Es’Engekeli (1ervice-président), le Fcc/AA-A Célestin Musao Kalombo (2ème vice-président).

A quoi sert une commission parlementaire? En deux mots, une commission parlementaire a pour mission essentielle d’examiner les propositions et projets de loi déposés au bureau de l’une des chambres du Parlement. Elle fait aussi des auditions.

Après la passation de pouvoir, le 24 janvier 2019, entre « Joseph Kabila » et son successeur Felix Tshisekedi Tshilombo, le président sortant avait verrouillé l’appareil d’Etat au profit des membres de sa bande en s’octroyant plusieurs « places fortes ». L’Assemblée nationale et le sénat étaient dominés par des parlementaires étiquetés « Fcc ». Une situation qui n’avait pas manqué stupéfier plus d’un politiste. On n’a jamais vu, au cours des élections couplées, les électeurs attribuer la fonction présidentielle à une famille politique et la majorité parlementaire à une autre famille.

UN « KABILA » IVRE DE SON OMNIPOTENCE

« Joseph Kabila » et son successeur Felix Tshisekedi Tshilombo lors de la « passation du pouvoir » le 24 janvier 2019

« L’alternance n’a pas eu lieu », s’exclamaient les chroniqueurs. C’est le cas notamment de l’auteur de ces lignes. Et pour cause, toute alternance digne de ce nom implique le remplacement d’une majorité politique par une autre. Bien entendu, par la voie électorale.

Ivre de son omnipotence, l’autorité morale du Fcc, en l’occurrence « Joseph Kabila », a gardé la réalité du pouvoir d’Etat laissant à son successeur l’apparence de l’impérium. Jeanine Mabunda est « plébiscitée » présidente du bureau de l’Assemblée nationale. Au niveau des commissions parlementaires, « Jaynet », la sœur de l’ex-raïs est propulsée à la tête de la puissante « Commission défense et sécurité ». C’était le 30 octobre 2019. Thambwe Mwamba, lui, trône au bureau du sénat. Au poste de questeur de la chambre haute, on trouve un certain Eric Rubuye Hakizimwami (ACO), un affairiste, « parent par alliance » de l’ex-raïs. Ce sénateur aurait pour seconde épouse une certaine « Agathe » qui ferait partie une de nombreuses progénitures de Mzee Kabila. C’est ça son mérite. La commission des Affaires étrangères à la chambre haute du Parlement est confiée à une proche de « Jaynet ». Il s’agit de Francine Muyumba Furaha.

QUAND « JAYNET » FEINT L’AMNÉSIE

Palais du Peuple

Quels sont les « hauts faits » à mettre au crédit de la présidente sortante de ladite commission? La réponse tient en un mot: rien! Aucune proposition de loi. Hormis, quelques gesticulations. Le 20 juin 2020, cette dame – qui a gardé un accent à couper au couteau en dépit de deux décennies passées au Congo/Kinshasa – a cru créer l’événement dans l’hémicycle de la chambre basse du Parlement en « déplorant » les « conditions sociales » des soldats et policiers. « L’état actuel de nos militaires et policiers laisse beaucoup à désirer », déclarait-elle. On croyait rêver. La locutrice d’argumenter qu’un soldat de deuxième classe gagnait à l’époque +/- 90 $ (171.500 CDF). Un général, lui, touchait 259.167 CDF. On apprendra, par ailleurs, que les avantages sociaux n’étaient plus libérés en faveur de nos forces combattantes.

Ce diagnostic était, sans doute, fondé. Sauf que la « vénérable Jaynet », comme l’appelaient et continuent de l’appeler certains caudataires, a fait preuve d’amnésie en omettant que son frère a dirigé le même pays du 26 janvier 2001 au 24 janvier 2019. Question: la situation des membres de la force publique s’est-elle détériorée en l’espace de seize mois? Démagogie? Populisme?

La suite est connue avec l’implosion de la coalition « Fcc-Cach » en décembre 2020 suivi de l’avènement de l’Union sacrée de nation ayant abouti par le basculement de la majorité parlementaire. Il faut espérer que le « vent du changement » qui a emporté « Jaynet » va souffler également au niveau des commissions du sénat…

 

Baudouin Amba Wetshi

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