
Ces fauves s’étaient échappés de la ferme privée « Agri Beijin » appartenant à l’ancien général John Numbi Banza provoquant une panique générale. Ce domaine est situé à une quarantaine de kilomètres de la capitale du cuivre. Des équipes de l’ICCN (Institut Congolais de Conservation de la Nature) ont fini par anesthésier ces bêtes féroces. « Bana bamba ba nsimba! Bakangi ba lions », s’écriait la population.
Si certains, dans un premier temps, ont pensé à l’intox ou à une mise en scène politique, les événements ont rapidement confirmé l’ampleur de la menace. Contrairement au maire de Lubumbashi, Patrick Kafwimbi, qui parlait de deux fauves, le cabinet du gouverneur du Haut-Katanga est intervenu dans la soirée de samedi 24 mai en précisant il s’agissait de quatre lionnes. Cette incohérence du discours officiel n’a pas rassuré. Bien au contraire. Elle a semé le trouble dans les esprits de nombreux habitants. Des habitants réputés méfiants vis-à-vis des informations officielles.
Heureusement, l’intervention rapide des équipes de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), appuyées par le personnel du zoo de Lubumbashi, a permis de maîtriser la situation. Les lionnes ont été anesthésiées et reconduites en toute sécurité dans leur enclos. Il y a eu plus de peur que de mal. Médecin vétérinaire en charge du Zoo de la ville, Jean-Claude Binemo, a dirigé l’opération avec sang-froid. Dans la soirée, le cabinet du gouverneur a confirmé le succès de l’opération, rassurant ainsi la population.
Une ferme sous surveillance… et sous silence
La ferme Agri Beijin n’est pas un lieu anodin. Elle appartient à l’ancien général John Numbi Banza, l’une des figures controversées du régime de l’ancien président Joseph Kabila, aujourd’hui en exil. Cette propriété avait déjà été perquisitionnée en juillet 2021, peu après sa mise à l’écart de l’armée. Depuis lors, l’endroit n’attirait plus l’attention des médias. Et ce en dépit du fait que certaines activités y étaient toujours maintenues.
La fuite des lionnes, à proximité d’une zone habitée, pose de nombreuses questions. Comment ces fauves ont-ils pu s’échapper? Où étaient les agents de sécurité et le personnel de la ferme? Des interrogations légitimes, d’autant plus qu’une partie de l’opinion évoque une possible mise en scène orchestrée par le pouvoir. Une rumeur qui alimente le climat de suspicion.
Au-delà de l’émotion provoquée par ces lionnes en liberté, cet épisode révèle une tension plus profonde: un déficit persistant de confiance entre la population les autorités publiques. Si la gestion de cet incident a été saluée, la communication publique, elle, reste perfectible. Les réactions sur les réseaux sociaux montrent qu’en période de crise, l’information est aussi sensible que la sécurité.
A Lubumbashi, cet événement restera dans les mémoires: non seulement comme un fait insolite bien maîtrisé, mais aussi comme un révélateur d’enjeux plus vastes – sur la gouvernance, la transparence et l’héritage de certaines figures encore influentes, malgré leur éloignement du pouvoir.
Obed Vitangi Kakule
Grotesque, hilarant. Prétendre que l’errance de ces fauves dans la ville de Lubumbashi est le fait de la mauvaise gouvernance est tout simplement délirant. Vraiment on marche sur la tête dans ce pays où tout est politique. A cette allure, toute dispute au sein des couples au Congo sera l’affaire du pouvoir politique. Parfois je m’interroge sur la capacité de discernement des congolais qui recourent souvent à des raccourcis pour expliquer les choses les plus simples. Pauvre Congo.
Ces lions voulaient simplement dire au gouvernement que ça sentait trop de détournements. Ils n’arrivent plus à respirer normalement.
Honorable Binsonji, sont-ils membres du PICT ?