« Fatshi » lance la « mobilisation nationale » contre l’insécurité au Nord-Est

Dans un bref message à la nation, dans la soirée de lundi 3 mai, le président Felix Tshisekedi Tshilombo a fixé l’opinion nationale sur les modalités d’application de l’état de siège qui prendra effet à partir du jeudi 6 mai 2021 dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Les prérogatives dévolues aux institutions provinciales sont transférées aux autorités militaires. Les immunités et privilèges de juridiction ne seront pas d’application pendant la durée de l’état de siège qui est de 30 jours.

Ce n’est pas la « solution finale ». Mais cela y ressemble fort. Soixante-douze heures après annoncé l’instauration de l’état de siège dans l’Ituri et le Nord-Kivu, le chef de l’Etat congolais est passé aux actes en proclamant, lundi 3 mai, par la signature de deux ordonnances. L’ordre martial va « régner » dans ces deux Régions troublées. Durée: 30 jours. Mission: mettre hors d’état de nuire les forces négatives qui y fleurissent.

On retiendra, pour l’essentiel, les mesures suivantes: les autorités provinciales sont remplacées par des officiers des Fardc et/ ou de la police nationale; durant 30 jours, les deux provinces seront dirigées par un gouverneur militaire assisté d’un vice-gouverneur issu de la police nationale; l’action des juridictions civiles sont substituées aux juridictions militaires; respect du droit à la vie; interdiction de torture; interdiction d’emprisonnement pour dette; les immunités et privilèges de juridiction ne sont pas d’application; respect des droits et libertés; les autorités civiles suspendues gardent leurs avantages sociaux.

Dans son allocution, Felix Tshisekedi a commencé par rappeler que le Congo-Kinshasa « est meurtri » depuis deux décennies par une « insécurité persistante ». Pour lui, « aucun Congolais digne de ce nom ne devrait rester indifférent » face à cette situation.

Aussi, s’est-il engagé à trouver une « solution définitive » pour mettre fin à cette « inacceptable situation » dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Comme pour répondre à ceux qui lui reprochent une certaine « lenteur » dans la gestion de cette crise, il assure qu’il n’a cessé d’être « attentif et sensible à ce que réclame la population ». « J’entends les cris de détresse de notre population en général, je ressens en particulier les douleurs qu’éprouvent nos mères, nos sœurs et nos filles dans cet espace ravagé par la barbarie », a-t-il martelé.

METTRE UNE TRÊVE AUX QUERELLES POLITICIENNES

Conscient du fait que les opérations militaires de ce genre ne peuvent aboutir sans l’appui de la nation toute entière, « Fatshi » invite implicitement ses concitoyens à mettre une sorte de « trêve » aux querelles politiciennes pour soutenir l’armée. Il exhorte le peuple congolais à une « attitude responsable à tous égards ». Une exhortation quasi-analogue est adressée aux « hommes des médias » ainsi qu’aux Congolais de la diaspora.

Dans son élan, Felix Tshisekedi n’a pas hésité à prévenir « la classe politique toute entière » de s’abstenir de toute action de nature « à saboter ou à décourager nos forces armées ». « Aucun acte de sabotage ne sera toléré », a-t-il ajouté. Sera-t-il entendu? Rien n’est moins sûr dans ce landerneau politique kinois où le « fatshisme » ne compte pas que des adeptes! Reste que « Fatshi » parait déterminé à jouer son va-tout pour éradiquer les forces négatives qui sèment la désolation dans cette partie du pays.

Les Présidents Museveni et Kagame

L’instabilité qui prévaut dans les provinces du Kivu et de l’Ituri trouve son origine notamment dans la prétendue guerre des « Banyamulenge », rebaptisée en 1997 « la guerre de l’AFDL ». On oublie souvent que l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo fut une « trouvaille » de l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni et du Rwandais Paul Kagame.

MAIN BASSE OUGANDO-RWANDAISE SUR LES RESSOURCES

Ces deux dirigeants africains avaient porté Mzee à la tête du Congo-Kinshasa. Après la rupture entre LD Kabila et ses ex-parrains, l’Ouganda et le Rwanda ont occupé l’Est tout en faisant main basse sur les ressources congolaises. Et ce jusqu’en 2005. Ces deux pays voisins ont laissé sur le terrain des « supplétifs » chargés de terminer le travail de pillage.

Selon certaines statistiques, pas moins de 100 groupes armés nationaux et étrangers opèrent dans cette partie du pays. Les tueries massives au Nord-Kivu ont commencé en octobre 2014. Début novembre de cette même année, on dénombrait déjà 80 personnes égorgées dans le Territoire de Beni.

Depuis 2014, l’armée congolaise – infiltrée par le biais des brassages et mixages -, parait d’une impuissance organisée face aux forces négatives. Cette situation n’a pas empêché « Felix » à « saluer » le travail abattu par les militaires déployés sur le terrain.

Dans son discours, le locataire du Palais de la nation a instruit le gouvernement du « Premier » Sama Lukonde de ne ménager aucun effort pour assurer la « logistique nécessaire » à nos forces combattantes. On pourrait tout reprocher au président Felix Tshisekedi, sauf d’avoir fait preuve de leadership par la « mobilisation nationale » là où son prédécesseur brilla par l’inaction et l’indifférence…

 

Baudouin Amba Wetshi

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