
C’est un test de la bonne foi des parties. Le gouvernement congolais et le M23/RDF/AFC ont signé mardi 14 octobre à Doha un mécanisme conjoint de vérification du respect du cessez-le-feu dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette étape vise à apaiser les tensions tout en ouvrant la voie à des discussions sur les « causes profondes du conflit ».
La signature fait suite à plusieurs semaines de négociations à distance, parfois tendues, et au déplacement de délégués de la médiation en RDC. Côté M23/RDF/AFC, le document a été signé par René Abandi, négociateur en chef, tandis que le gouvernement congolais était représenté par Sumbu Sita, haut-représentant du président Félix Tshisekedi.
Il importe d’ouvrir la parenthèse ici pour rappeler que sieur Abandi était le « chef de la diplomatie » du M23 en 2013. Munyarwanda-Tutsi, l’homme est très proche de Paul Kagame. Un fait qui tord le cou à la supercherie selon laquelle le M23 est un mouvement congolais. Fermons la parenthèse.
Des représentants du Qatar, des États-Unis, de l’Union africaine, ainsi que l’ancien ministre malien des Affaires étrangères Zahabi Ould Sidi Mohamed, désormais membre de l’équipe de médiation, étaient également présents pour garantir la supervision et la transparence du processus.
Organisation et rôle des parties
Le mécanisme prévoit un nombre égal de représentants pour le gouvernement et le M23/RDF/AFC, un point qui bloque. Le rôle de la Monusco est limité à des tâches logistiques.
Parallèlement, un Mécanisme conjoint de vérification élargi sous l’égide de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) sera chargé de surveiller, enquêter et vérifier les violations du cessez-le-feu, avec un mandat de recommandations.
Un autre volet concerne l’échange de prisonniers, dont la mise en œuvre, signée à la mi-juillet, reste à évaluer. Ce mécanisme est présenté comme la « dernière pièce du puzzle » pour faire avancer l’accord de paix de Washington, signé le 27 juin dernier entre la RDC et le Rwanda. Il s’inscrit dans la continuité de la Déclaration de principes de Doha du 19 juillet et vise à renforcer la crédibilité et la transparence du processus.
La bonne foi mise à rude épreuve
Les combats se poursuivent sur le terrain, notamment au Sud-Kivu, où le M23/RDF/AFC a récemment pris le contrôle de zones comme Nzibira, laissant planer le doute sur l’impact réel de cet accord sur la sécurité des populations. La bonne foi est une fois de plus mise à rude épreuve.
Pour Kinshasa, la signature traduit la volonté de protéger les civils, de mettre fin aux hostilités et de préparer les conditions d’un accord de paix global et durable, soutenu par la communauté internationale.
Obed Vitangi Kakule
Cher Obed Vitangi Kakule,
Voici une note d’analyse que je soumets aux diverses expertises du CIC :
NOTE D’ANALYSE – ACCORD DE DOHA (14 OCTOBRE 2025)
Mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu entre la RDC et le M23/RDF/AFC
1. Contexte et portée
La signature du mécanisme conjoint de vérification du cessez-le-feu, le 14 octobre 2025 à Doha, marque une nouvelle tentative pour stabiliser l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cet accord s’inscrit dans la séquence Washington (27 juin) → Déclaration de principes de Doha (19 juillet) → Mécanisme conjoint (14 octobre), sous supervision du Qatar, de l’Union africaine, et des États-Unis.
2. Points forts de l’accord
1. Institutionnalisation régionale
◦ Le mécanisme s’appuie sur la CIRGL/EJVM, seule structure encore légitime dans la région pour vérifier les violations frontalières.
◦ Cela réduit le risque d’un format “fantôme” ou purement bilatéral.
2. Garantie multilatérale
◦ La présence du Qatar (médiation), de l’UA, et des États-Unis élève le coût politique d’un sabotage unilatéral.
◦ Offre une base minimale de transparence et reporting.
3. Chaînage politique clair
◦ L’accord de Doha complète le cadre de Washington (RDC–Rwanda) : première étape opérationnelle susceptible de “geler” les combats.
◦ Il crée un espace diplomatique pour aborder les causes profondes du conflit (sécurité, gouvernance, ressources).
3. Limites et fragilités
1. Dissymétrie de fait
◦ Parité nominale, mais avantage militaire et logistique au M23 (soutenu par Kigali).
◦ MONUSCO reléguée à un rôle logistique : aucun levier d’enquête ou de contrainte.
2. Absence de mécanisme de sanction
◦ Les violations ne conduisent à aucune mesure coercitive automatique (gel d’aide, sanctions ciblées, exclusion).
◦ Les précédents (Kampala 2013, Luanda, Nairobi) ont échoué pour cette raison.
3. Terrain non pacifié
◦ Combats persistants au Nord et Sud-Kivu, notamment à Nzibira, malgré la signature.
◦ Soutien militaire rwandais au M23 confirmé par les experts de l’ONU.
◦ Usage par Kinshasa de milices supplétives (Wazalendo) et coopération tacite avec les FDLR, en contradiction avec ses engagements.
4. Facteurs externes ambigus
◦ L’accord “minerais responsables” entre l’UE et le Rwanda affaiblit la pression diplomatique sur Kigali.
◦ La fin de la mission SADC en RDC laisse un vide sécuritaire.
4. Lecture historique (1996–2025)
Trente ans de cycles de guerre dans l’est du pays montrent que :
• Les cessez-le-feu échouent quand Kigali conserve un levier militaire local.
• Les intégrations précipitées d’ex-rebelles par Kinshasa fragilisent l’armée nationale.
• L’absence de sanctions crédibles rend tout mécanisme de vérification purement déclaratif.
• Les ressources minières (or, coltan, cassitérite) constituent un moteur structurel de guerre et d’ingérence.
Les précédents accords (Sun City 2003, Goma 2009, Kampala 2013, Nairobi/Luanda 2022–24) ont échoué faute de convergence sur :
• La fin effective des appuis rwandais aux rébellions »tutsies congolaises ».
• La neutralisation réelle des FDLR et des milices pro-gouvernementales.
• Un contrôle transparent des flux miniers transfrontaliers.
5. Lecture politique
Visées hégémoniques du Rwanda
• Objectif officiel : neutraliser les FDLR et sécuriser la frontière.
• Objectif réel : maintenir une profondeur stratégique et économique dans le Kivu via des relais militaires et commerciaux.
• Le M23 sert de bras armé et diplomatique, garantissant à Kigali un accès indirect aux ressources et une influence régionale.
Faiblesses du pouvoir congolais
• Armée fragmentée, chaîne de commandement poreuse, infiltration des FARDC.
• Clientélisme, tribalisme, détournements et corruption sapant la crédibilité diplomatique.
• Complicité passive avec des milices armées anti-M23, qui décrédibilisent la position officielle de “protection des civils”.
6. Conditions de succès
1. Engagement vérifiable du Rwanda à cesser tout appui au M23 (traçabilité, inspections).
2. Clause “zéro FDLR” : identification et neutralisation des cadres actifs au sein des FARDC.
3. Renforcement du mécanisme de vérification (CIRGL + observateurs techniques + drones, rapports publics mensuels).
4. Pression internationale cohérente : conditionner les financements et la certification minière à la stabilité effective.
5. DDR crédible et inclusif sous pilotage indépendant, avec garanties socio-économiques pour les ex-combattants.
7. Conclusion
L’accord de Doha est un pas nécessaire mais non suffisant.
Il marque la reprise d’un cadre politico-régional structuré, mais n’adresse ni les causes profondes du conflit, ni la désinvolture institutionnelle congolaise, ni les calculs géopolitiques rwandais.
Sans un mécanisme de sanction et une réforme profonde de la gouvernance sécuritaire en RDC, il ne produira qu’un répit temporaire.
Le défi n’est pas de “signer la paix”, mais de changer les incitations : faire payer la guerre plus cher que la paix.
Il ne suffit pas d’insulter une partie de ses propres compatriotes en les traitant »d’aigris » et »d’ignorants » qu’on arrive nécessairement à la paix.
Ave Tshilombo, amari, ignari et morituri te salutant !!!
Eteya yo !
Donc, a Doha le klepto-regime Tshilejelu négocie avec ses prétendus « ennemis », alors que de tonneaux vides au sommet a Kinshasa refusent un dialogue quelconque avec « ceux qui ne nomment pas l’ennemi » selon le perroquet P. Muyaya. Quelles contradictions et conneries!