La RD Congo veut négocier un nouveau programme avec le FMI

La question à poser est de savoir si ces programmes ont contribué à améliorer la situation économique du pays.

Gaston Mutamba Lukusa

Le 15 juillet 2021, le Conseil d’administration du FMI (Fonds monétaire international) a donné son accord pour la conclusion de la Facilité élargie du crédit (FEC) d’un montant de 1,5 milliards de dollars. Après avoir conduit à son terme et avec succès la FEC, le gouvernement congolais cherche aujourd’hui à conclure un autre programme. Il s’agit selon des informations de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). C’est un financement à long terme visant à renforcer la résilience et la durabilité économiques. Il est question de soutenir les réformes qui réduisent les risques liés au changement climatique et aux pandémies ayant des incidences majeures sur le plan macroéconomique et aussi d’augmenter la marge de manœuvre de l’action publique et les réserves financières pour atténuer les risques découlant de ces difficultés structurelles à plus long terme.

Le 23 août 2021, le pays a bénéficié de 1,5 milliards de dollars provenant d’une nouvelle allocation générale de DTS qui a contribué à accroître les réserves de change de la Banque centrale du Congo. La question à poser est de savoir si ces programmes ont contribué à améliorer la situation économique du pays. Cela s’est traduit par une stabilité relative du taux de change. Au 31 décembre 2021, le dollar américain s’échangeait au marché parallèle contre 2.000 francs contre 2.850 francs aujourd’hui soit une dépréciation de 30%. Le taux d’inflation qui se situait à 5,3% en 2021 est monté à 13,1% en 2022 puis à 23,8% en 2023. Mise à part l’inflation importée, l’Etat a continué à recourir au financement monétaire du déficit budgétaire. Par ailleurs le taux de croissance du PIB est resté soutenu. La hausse du PIB a été de 6,2% en 2021, de 8,9% en 2022 et de 8,6% en 2023. On s’attend à un taux de croissance de 4,7% en 2024.

Cette croissance économique du pays n’est pas inclusive. Elle ne crée pas suffisamment d’emplois. Bien plus, elle est due principalement à l’augmentation des extractions des produits miniers. Les exportations de cuivre sont passées de 1.802.897 tonnes en 2021 à 2.394.630 tonnes en 2022 puis à 2.842.022 tonnes en 2023. Au cours de la même période, les exportations de cobalt ont été de 93.114 tonnes en 2021, de 115.376 tonnes en 2022 et de 139.838 tonnes en 2023. Les exportations d’or brut se sont chiffrées quant à elles à 31,803 tonnes en 2021, à 32,337 tonnes en 2022 et enfin à 34,526 tonnes en 2023. Le commerce extérieur ainsi que les financements du FMI et de la Banque mondiale ont permis la reconstitution des réserves de change qui se situent, au 21 août, à 5,9 milliards de dollars soit 14 mois d’importations de biens et de services. De façon générale, le pays continue à souffrir de la crise de gouvernance. Des goulots d’étranglement impactent l’économie.

Le 23 août, sur proposition du ministère des Finances, le Conseil des ministres a adopté une série de mesures visant à assainir l’économie nationale. Ceci, dans la perspective aussi d’obtenir deux appuis budgétaires de la Banque mondiale d’un montant de 500 millions de dollars chacun. Ces réformes structurelles porteront sur la mise en place d’un compte unique du Trésor, la digitalisation des marchés publics, la rationalisation de la masse salariale ainsi que l’automatisation du Guichet unique de création d’entreprise. À cela s’ajoutent l’assainissement des zones économiques spéciales, le renforcement de la sécurité judiciaire, l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques qui sont toutes non viables sur le plan financier, la dynamisation de la finance-climat et du marché carbone ainsi que l’amélioration de la situation financière de la SNEL et de la REGIDESO.

On revient donc aux mêmes réformes qui n’ont jamais abouti par manque de volonté politique.

Gaston Mutamba Lukusa