Nord Kivu: Silence… des casques bleus de la Monusco tuent et violent la souveraineté nationale à Kasindi

Le Congo-Kinshasa serait-il devenu le « mouton noir » voire l’idiot de la sous-région des Grands Lacs? Depuis plus d’un mois, l’important poste frontalier de Bunagana, dans la Territoire de Rutshuru, se trouve toujours sous le contrôle des terroristes du M23 soutenus par la RDF, l’armée de Paul Kagame. Dimanche 31 juillet, aux environs de 11h00, une jeep de la Monusco, surmontée d’un fusil mitrailleur, a ouvert le feu avant de forcer l’entrée du poste douanier de Kasindi-Luburiya. Ces membres de la Monusco ont tué et blessé des Congolais. Bilan provisoire: Deux morts et quinze blessés. Cette affaire met en exergue le laxisme qui règne au sein des « services ». C’est un nouveau mauvais signal donné à d’autres pays voisins sur la porosité de nos frontières.

Dans un communiqué, sans date, diffusé, le dimanche 31 juillet, par le Bureau du porte-parole et des relations avec les médias, la Monusco s’est empressée de reconnaitre qu’un « incident grave » s’est produit à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. En fait, des vidéos rapportant les faits circulaient déjà sur les réseaux sociaux au moment où la Cheffe de cette Mission onusienne, Madame Bintou Keita, faisait savoir qu’elle venait « d’apprendre avec stupéfaction » ce qui s’est passé à Kasindi. Des casques bleus ont rechigné de se soumettre au contrôle usuel à un poste frontière. Avaient-ils des choses à cacher?

Le communiqué précité de souligner que Madame Bintou Keita « est profondément choquée et consternée par ce grave incident. (…)« . Et que « face à ce comportement inqualifiable et irresponsable, les auteurs de la fusillade ont été identifiés et mis aux arrêts en attendant les conclusions de l’enquête qui a d’ores et déjà commencé en collaboration avec les autorités congolaises ».

Dans une déclaration faite dimanche, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, a fait savoir, que « les casques bleus concernés ne pourront plus faire partie des contingents de la Monusco ». Sans doute. Et après? Cette attitude ne risque-t-elle pas d’être interprétée par certains « Etats voyous » qui nous entourent que le Congo-Kinshasa est devenu « l’idiot consentant » du « village Grands Lacs »?

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Selon des sources, les auteurs de cet « grave incident » seraient de nationalité tanzanienne. Des informations fragmentaires indiquent qu’ils transportaient clandestinement des « Afghans » en provenance de l’Ouganda. Les forces de sécurité chargées de garder nos frontières ont failli. Un échec de plus. Ces « services » (ANR, DGM, armée et police) ont besoin des réformes urgentes. Des réformes qui devraient s’étendre sur toute la pyramide et non seulement au niveau de la tête.

Revenons aux faits. On ne se trouve pas en face d’un banal accident de circulation. Il est question ici de mort d’hommes. Des personnes abattues, sans motif apparent, par des militaires onusiens. Pire, la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire congolais ont été violées. Et pourtant, l’article 41 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques oblige les titulaires des privilèges et immunités de respecter les lois du pays d’accueil.

Il est pour le moins surprenant de lire dans le communiqué du Bureau du Porte-parole onusien que la Monusco a établi des contacts avec « le pays d’origine de ces militaires pour qu’une procédure judiciaire soit initiée urgemment avec la participation des victimes et des témoins, afin que des sanctions exemplaires soient prisent dans les meilleurs délais ». Que devient, dès lors, le principe de la territorialité des lois? Principe qui, dans le cas sous examen, confère à la justice congolaise à juger les auteurs des crimes et délits commis sur le territoire national.

D’aucuns pourraient ergoter sur l’ « Accord de siège » signé le 4 mai 2000 entre le Congo-Kinshasa et la Monuc (Monusco), le fameux Sofa (Status of Forces Agreement). On peut y lire au point 51: « Les membres militaires de l’unité militaire de Monuc sont soumis à la juridiction exclusive de l’Etat participant dont ils sont ressortissants pour toute infraction pénale qu’ils pourraient commettre en RDC ». Vous avez bien lu.

Osons espérer que le gouvernement congolais aura à cœur d’exiger que ces casques bleus répondent de leurs méfaits devant la justice militaire congolaise. Le Congo-Kin ne peut en aucun cas « brader » sa souveraineté de cette clause « léonine ». Les auteurs des coups de feu doivent réparer les dommages infligés aux personnes et aux biens. Agir autrement, serait un dangereux précédent.

La RDC partage trois frontières avec l’Ouganda. Outre Bunagana, il y a Ishasha et Kasindi-Luburiya. Tous les trois postes se trouvent dans le Territoire de Rutshuru dans la province du Nord Kivu. Bunagana et Ishasha sont sous le contrôle de la coalition RDF/M23. Une situation qui fait frémir et fait dire que la Monusco reste un « mal nécessaire ». Et ce en attendant que la RDC se dote d’une armée dissuasive d’ici 2024.

Il y a quelques jours, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déclarait: « Toute attaque contre un casque bleu était assimilée à un crime de guerre ». Pourquoi pas? Qu’en est-il lorsque l’auteur de l’attaque est un militaire onusien? Silence…des casques bleus tuent et blessent à Kasindi.


Baudouin Amba Wetshi

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