Nous crachons chaque jour sur la Mémoire de nos Anciens et de nos Martyrs en appliquant une constitution étrangère

Dr François Mpuila

L’idée d’appliquer une constitution étrangère dans un pays indépendant et souverain est impensable, inconcevable et impossible à réaliser dans les pays arabes, asiatiques et occidentaux. Tout celui qui l’osera dans ces pays provoquera une réaction immédiate, farouche et foudroyante des leaders et intellectuels de ces pays contre lui.

Mais c’est une idée applicable et réalisable dans les pays de l’Afrique noire en général et en RDC en particulier. C’est pourquoi les Etrangers ont un mépris profond à notre égard mais affichent devant nous des apparences trompeuses de respect et de courtoisie.

Depuis le 18 février 2006, une constitution étrangère rédigée en Belgique (Liège), taillée sur la mesure du Mercenaire a été imposée au Peuple Congolais avec la complicité des députés, majoritairement formés des belligérants congolais et étrangers qui avaient endeuillé notre Pays de 1998 à 2002. Leur souci était de préserver leurs intérêts égoïstes, avantages et privilèges et de se maintenir le plus longtemps possible à la mangeoire.

L’indifférence, le silence et même l’acceptation volontaire affichés par les leaders et les intellectuels congolais sur la question cruciale de l’application jusqu’à ce jour (12 janvier 2022) d’une constitution étrangère dans notre Pays, au 21ème siècle, tant d’années après la proclamation de l’indépendance nationale le 30 juin 2022, font partie des indicateurs objectifs qui étalent leur ignorance de la signification d’une constitution pour chaque peuple, la profondeur et l’ampleur de l’abrutissement, de la destruction humaine, de la déstructuration, de la dégénérescence, de la déchéance et de la médiocrité des leaders et les intellectuels congolais.

Les leaders et les intellectuels congolais ont amené notre Peuple dans la boue (le royaume des paniers des crabes et des nids des vipères) où sont exaltés et magnifiés l’absence de l’Etat, l’esclavage, la recolonisation, le tribalisme, la corruption, la perversion, le désordre, l’anarchie, la médiocrité, la superficialité, la complaisance, le laxisme, la légèreté, les turpitudes, les antivaleurs, les sentiments, les émotions, les passions, les informations approximatives, les rumeurs, les illusions, les supputations, les calomnies, l’improvisation, l’impréparation, l’immédiateté de la vie (« ici et maintenant », le hic et nunc événementiel sans enracinement ni profondeur dans le passé, ni anticipation, ni prévention, ni perspective).

Alors que ses bourreaux croyaient l’avoir anéanti et avoir anéanti à jamais la vérité, Patrice Emery Lumumba, pourtant au paroxysme de son calvaire prononça à leur adresse ces paroles emblématiques dans sa célèbre lettre à Pauline:

« Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dire un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseigne aux Nations Unies, Washington, Paris ou Bruxelles, mais celles qu’on enseigne dans les pays affranchis du colonialisme et ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité ». Patrice Emery Lumumba

Alors que Mobutu bénéficiait du soutien bilatéral et multilatéral de la Communauté internationale et qu’il se trouvait au sommet de sa puissance et de sa gloire; que toute la Classe politique congolaise rampait à ses pieds comme des reptiles; que tous les 25 millions des Congolais y compris les bébés et les fœtus étaient les militants du MPR Parti-Etat; pendant la guerre froide et bien avant la Perestroïka, les Treize Parlementaires firent preuve d’un patriotisme avéré, d’un courage rare et d’un héroïsme singulier en adressant le 1er novembre 1980, à Mobutu, une lettre ouverte introduite par la référence ci-après:

« Celui qui a la conscience d’avoir mérité de son Pays et surtout de lui être encore utile; celui que ne rassasie pas une vaine célébrité et qui dédaigne les succès d’un jour pour une véritable gloire, celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public indépendamment des mobi­les mouvants de l’opinion populaire, cet homme porte en lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers; il ne doit attendre sa moisson, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous ». Mirabeau

A travers de nombreuses vicissitudes, notre Peuple a réécrit son histoire à travers son Combat en faveur de la préservation de son âme bantoue, de son identité culturelle, de sa liberté, de ses droits, de sa dignité humaine, de sa fierté nationale, d’un Etat de droit réellement indépendant, souverain et démocratique moderne et du progrès. Ce Combat a exigé beaucoup de sueur, de courage, de patriotisme et d’héroïsme; il a coûté des efforts, des souffrances, des arrestations, des emprisonnements, des bannissements, des relégations, des infirmités, des assassinats, des massacres de masse, des pertes d’emploi, des renvois des universités, des sacrifices, l’abnégation, le dévouement et le martyre et il a abouti à certains Acquis positifs qui sont notamment:

La proclamation, le 30 juin1960, de l’indépendance nationale; La rédaction de trois constitutions démocratiques par les fils du Pays: La constitution de Luluabourg promulguée le 1er août 1964 par le Président Joseph Kasa-Vubu; Deux constitutions démocratiques issues de la Conférence Nationale Souveraine (CNS, 7 août 1991-6 décembre 1992):

« Acte portant dispositions constitutionnelle relatives à la période de la Transition » L’Arrêt R.A. 266 de la Cour Suprême de Justice, Autorité compétence en la matière, rendu le 8 janvier 1993, avait reconnu cette constitution issue de la CNS pour la période de Transition comme étant comme la seule Constitution valable. Et « Le Projet de constitution pour la 3ème République ». Les Résolutions de la CNS qui sont les Fondements d’un Etat de droit réellement indépendant, souverain et démocratique moderne. Dans ces Résolutions se trouvent conservés, condensés, préservés et élevés dans une synthèse supérieure tous les Acquis positifs du Combat dur et long de notre Peuple.

Sommes-nous sincères, crédibles et cohérents quand nous affirmons lutter pour faire de la RDC un Etat de droit démocratique moderne tout en jetant dans la poubelle les Résolutions de la CNS qui sont les Fondements d’un Etat de droit démocratique?

Au lieu de préserver, enrichir et appliquer l’Héritage ancestral et les Acquis positifs du Combat de notre Peuple, nous rentrons bien volontiers, en arrière dans la nuit des temps, à l’esclavage et à la colonisation notamment par l’application d’une constitution étrangère dans notre Pays, après tant d’efforts, de sacrifices et le martyre des milliers de nos Compatriotes et plusieurs décennies d’années après la proclamation de l’indépendance et de la souveraineté nationale le 30 juin 1960!

Quelle histoire sommes-nous en train de réécrire sur la RDC? Nos Ancêtres, Simon Kimbangu, Kimpa Vita, Joseph Kasa-Vubu, Patrice Emery Lumumba, Maurice Mpolo, Joseph Okito, les Treize Parlementaires et tous nos Martyrs… se sentent-ils honorés ou déshonorés par nous? Les nouvelles générations auront honte de nous.

La tragédie de Lumumba, c’est la tragédie de l’ensemble du Peuple Congolais. L’héroïsme de Lumumba devrait être aussi l’héroïsme du Peuple Congolais tout entier. Malgré la cruauté et l’ampleur des systèmes déshumanisants (esclavage, colonialisme, tyrannie, prédation), le Peuple Congolais n’a pas courbé l’échine. Il veut réécrire son histoire. Mais il est trahi par une élite médiocre, aliénée, corrompue et pervertie.

Nous trahissons la résistance que nous Ancêtres contre la politique coloniale qui visait à les désafricaniser pour les européaniser (Cfr: Immatriculation); les Auteurs du Manifeste de la Conscience africaine (30 juin 1956); les révoltes populaires; les contestations estudiantine; les grèves des ouvrier; les Martyrs du 4 janvier 1959; les Nationalistes qui avaient remporté les élections législatives, sénatoriales et provinciales organisées du 11 au 22 mai 1960 et avaient majoritairement formé les Institutions mises en place le 30 juin 1960;

Les Leaders nationalistes initiateurs, de 1960 à 1961, de plusieurs réunions (Table Ronde de Bruxelles, 20 janvier -20 février 1960; Table Ronde de Léopoldville, 25 janvier 1961-16 février 1961; Conférence de Tananarive, 8 mars 1961-12 mars 1961; Conférence de Coquilhatville, 24 avril 1961-28 mai 1961; Conclave de Lovanium, 22 juillet 1961-2 août 1961). L’objectif de ces réunions était de mettre fin à la crise politique de 1960 en préservant l’unité nationale et en restaurant la légitimité et la légalité nationales issues des élections de mai 1960

Nous trahissons les Auteurs de l’autocritique des milieux universitaires notamment lors du Congrès des Africanistes en 1978, lors du Colloque National sur l’Authenticité en 1981, lors du Symposium international sur les idéologies africaines en 1985, lors du Séminaire des Professeurs de la Faculté des Sciences Economiques de l’UNIKIN en 1987; la résistance de certains artistes et écrivains; les protestations téméraires et spectaculaires des femmes kinoises surtout entre 1987 et 1990….

Nous trahissons le Combat héroïque des Treize Parlementaires, Fondateurs, Co-fondateurs, membres, cadres et responsables politiques de l’UDPS ainsi que de tous les Congolais qui avaient massivement adhéré à l’UDPS depuis 1980: ce Combat a culminé dans la tenue de la Conférence Nationale Souveraine et dans ses Résolutions historiques. Ce Combat, ses Auteurs, ses Acquis positifs sont trahis par nous…A suivre.

Fait le 14 janvier 2022.

 

Pour le Leadership National Congolais de Progrès
Dr François Tshipamba Mpuila
GSM: +32-493-325-104
Email: tshipamba.mpuila@yahoo.fr

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