Kinshasa : Démolition de certaines constructions

Gaston Mutamba Lukusa

L’Hôtel de ville de Kinshasa a publié, le 22 avril,  un communiqué avec moult tambours et trompettes. Il est y spécifié, afin que nul n’en prétexte cause d’ignorance, que dans 48 heures, toutes les constructions anarchiques érigées à la baie de Ngaliema, le long du lit du fleuve Congo seront démolies. Enfer et damnation ! Suivant les auteurs de cet oukase, la mesure vise à faire respecter les normes urbanistiques et la réglementation en matière de servitudes et d’emprises et enfin à préserver la viabilité et le bon fonctionnement des installations de l’usine de captage d’eau de la REGIDESO. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Ceci expliquant cela, 48 heures après soit le 24 avril,  nihil novi sub sole ! Pour ceux qui ne causent pas le latin comme le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, l’un des principaux favoris à la succession du pape François, cela veut simplement dire, rien de nouveau sous le soleil. Saperlipopette ! Les démolitions des immeubles débutèrent ce samedi 26 avril là où on s’y attendait le moins,  à Kintambo/Magasin. Stupeur et tremblements ! Les victimes n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Certains dorment à la belle étoile sous les intempéries. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, l’espace appartient à l’ONATRA (Office national des transports), actuellement SCTP (Société commerciale des transports et des ports). Il y avait là une gare ferroviaire. Elle a depuis été abandonnée. Des retraités de l’ONATRA envahirent l’endroit faute d’argent pour louer une maison. Ils furent suivis par d’autres. Ces constructions ont été détruites il y a une trentaine d’années. Plus tard, d’autres immeubles seront érigés à la place. C’est comme l’hydre qui a la capacité de faire repousser les parties de son corps qui ont pu lui être amputées. Enfer et damnation ! Des occupants actuels affirment détenir des titres officiels de propriété.  Selon la loi, lorsqu’une construction anarchique est couverte par un titre, l’autorité administrative ne peut la démolir qu’après en avoir obtenu le déguerpissement par le juge compétent. En juillet 2007, le ministre des Affaires foncières avait pourtant établi une liste des constructions anarchiques à détruire. Le gouverneur de la Ville de Kinshasa, en sa qualité de président de la Commission de démolition fut chargé de l’exécution de cette décision. Rien, absolument rien ne fut entrepris !  Stupeur et tremblements ! Le gouvernement provincial veut aujourd’hui réhabiliter l’endroit pour désengorger le carrefour de Kintambo Magasin, réhabiliter la gare ferroviaire et aménager un parking pour voitures et motos. Ce parking qui sera payant pourra renflouer ses caisses. Pour ceux qui ne le sauraient pas, à l’époque du mobutisme triomphant, il existait le transport ferroviaire urbain. Il était assuré par l’ONATRA sur un réseau de 134,5 km exploitant cinq lignes, à savoir : Lemba-Imbu (Rifflart) – Ndolo – Kintambo – Kinsuka (Carrigrès), Aéroport de Ndjili – Gare centrale, Kasangulu – Gare centrale, Lemba Imbu – Gare centrale et Kimwenza – Gare centrale. Le gouvernement provincial a promis de débuter le mercredi 30 avril ou jeudi 1er mai les démolitions dans la baie de Ngaliema. Attendons de voir ! Il y a deux ans il y eut un semblant de démolition des constructions anarchiques dans la baie de Ngaliema. Mais quand vont-ils commencer à détruire les habitations dans les zones non aedificandi après les inondations du début du mois d’avril ?  Mon ami qui sait tout, rappelle que le Baron Georges-Eugène Haussmann a transformé Paris au 19ème siècle. Il a facilité l’écoulement des flux (population,  marchandises, eau, air). Il faudra bien qu’on y arrive un jour à Kinshasa. On dit chez nous qu’il faut toujours se préparer au lendemain car on ne sait jamais à quoi s’attendre.

GML

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