Attaques de Kin: « Kabila » fait exhiber des « présumés coupables »

Dans un communiqué daté du vendredi 21 juillet dernier, le porte-parole de la police congolaise, le colonel Pierrot Mwanamputu, annonçait que des policiers avaient arrêté la « pièce maîtresse » des attaques survenues notamment au Marché central de la capitale. Le texte a été lu sur les antennes de la télévision nationale non pas par Mwanamputu lui-même mais par un journaliste de la télévision d’Etat (RTNC). Un certain Ben Tshimanga wa Tshimanga était présenté comme le « cerveau moteur » des actes de banditisme qui ont secoué la mégalopole kinoise. C’est le cas notamment de l’assassinat de Chantal Mboyo, administratrice du Grand marché. Vendredi 28 juillet, Mwanamputu a finalement présenté les « présumés auteurs d’attaques ». Et ce, dans un mépris total de la présomption d’innocence. Sur les réseaux sociaux, des internautes accusent Zoé « Kabila » d’être le « commanditaire » de la mort de la dame précitée. Il serait question d’un « règlement de comptes ». Ambiance!

Dans un speech, le porte-parole de la police a présenté ceux qu’il appelle les « présumés auteurs des attaques de Kinshasa ». Selon lui, les individus exhibés auraient été recrutés dans le cadre d’un « réseau du mouvement insurrectionnel se réclamant de Kamwina Nsapu ». Et d’ajouter qu’ils seraient « instrumentalisés par certains politiciens ». Lesquels?

D’après Pierrot Mwanamputu, le nommé Ben Tshimanga wa Tshimanga ou Tshimanga Ben Tshimanga serait bel et bien le « cerveau-moteur » des « attaques qui ont endeuillé Kinshasa ». Des propos d’une légèreté affligeante de la part de quelqu’un qui assume les fonctions exigeantes de porte-parole dont le premier devoir est dire la vérité.

En proclamant que Tshimanga est le « cerveau moteur » des agressions perpétrées dans la capitale, Mwanamputu s’est départi de la mission dévolue à la police judiciaire. Une mission qui se limite à constater les infractions et à identifier les auteurs. Ces suspects sont « présumés coupables ».

L’attitude du porte-parole de la police incline à penser que cette affaire n’est judiciaire qu’en apparence. Le pouvoir kabiliste semble avoir trouvé un prétexte pour régler des vieux comptes avec l’UDPS du duo Félix Tshisekedi Tshilombo- Jean Marc Kabund. On s’achemine lentement mais sûrement vers un procès politique digne de l’époque soviétique.

A en croire Mwanamputu, Tshimanga – qui est présenté comme un agent du protocole au secrétariat général de l’UDPS – serait passé aux « aveux ». Il aurait affirmé – sous la torture? – qu’il « a été recruté le 14 mai 2017 par la branche kinoise de la milice de Kamwina Nsapu au siège de l’UDPS à Kinshasa ». Suivez son regard.

UN « FETICHEUR VENU DE TSHIMBULU »

Le colonel « Pierrot » qui semble friand de l’humour noir a « révélé » que parmi les personnes détenues, il y aurait « un féticheur venu de Tshimbulu pour implanter le mouvement Kamwina Nsapu ». Mission: installer ce « mouvement » dans la capitale. Rire interdit.

Aveuglé par ses certitudes, Mwanamputu a perdu de vue un important « détail ». Lors de l’attaque de la prison de Makala le 17 mai dernier, le ministre de la Justice, l’ineffable Alexis Thambwe Mwamba, s’était empressé d’imputer cette action aux adeptes de Bundu dia Mayala. Mwanamputu, lui, parle de « Kamuina Nsapu ». La police et la justice seraient-elles arrivées à des conclusions divergences sur une même enquête?

Lors du JT de 20:00 de la RTNC ce lundi 31 juillet, les échotiers Guillaume Kuku Mamengi et Cédric Kenina ont soulevé, avec aplomb, cette contradiction qu’ils ont aussitôt balayé du revers de main.

Les deux compères ont trouvé la parade en stigmatisant une certaine « agitation » dont ferait montre le secrétaire général de l’UDPS Jean-Marc Kabund « alors que le procès n’a pas encore eu lieu ».

En riposte, une source proche de l’UDPS de souffler: « Le phénomène Kamuina Nsapu a vu le jour dans l’ancienne province du Kasaï. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas eu d’investigation digne de ce nom pour faire éclater la vérité et déterminer les responsabilités sur ce phénomène ». Et d’ajouter: « La communauté internationale a exigé une enquête indépendante. Joseph Kabila et sa clique ont refusé en invoquant la souveraineté nationale. Les accusations implicites proférées contre l’UDPS montrent que le pouvoir en place est aux abois ».

A Kinshasa, le vice-ministre de l’Intérieur et sécurité Basile Olongo – ancien opposant devenu plus kabiliste que « Kabila »-, a engagé le pari de jouer avec le feu. L’homme a menacé en termes à peine voilés « tout ceux qui incitent la population à la désobéissance civile ». Au cours d’une rencontre, lundi, avec des bourgmestres de la capitale, le très zélé Olongo a dit sa volonté de « mettre hors d’état de nuire » tous les « fauteurs de troubles ». Peu importe leur rang social.

Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage entre des internautes. L’enjeu tourne autour du mobile de l’assassinat de l’administratrice du Marché Central de Kinshasa. « L’assassinat de Madame Chantal Mboyo a été commandité par Zoé Kabila », peut-on lire. Selon les tenants de cette thèse, le frère du « raïs » avait demandé à l’administratrice Mboyo de céder, à titre onéreux, une partie du marché à des « amis libanais ». La dame se serait opposée.

A tort ou à raison, des internautes considèrent « Zoé » comme le « cerveau moteur » de l’exécution de la gérante du Grand Marché. A chacun ses « présumés coupables ».

 

B.A.W.

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