Baya Waza Banga: « Vingt-deux années après le maréchal Mobutu, il n’y a rien de nouveau sous le soleil »

Après les élections chaotiques du 30 décembre 2018, plusieurs acteurs socio-politiques congolais ont déjà les yeux tournés vers l’horizon 2023. C’est le cas notamment de Charles Baya Dibéré Waza Banga. Chef d’entreprise, l’homme ne fait guère mystère de sa grande admiration à l’égard des idées et des réalisations du maréchal Mobutu. « Le maréchal Mobutu est un incompris », estime-t-il. INTERVIEW.

Vous portez un patronyme qui évoque pas mal de souvenirs au Congo-Zaïre…

Mon nom est Charles Waza Banga Dibere, fils de Charles Waza Banga Mbombo Ya Butu qui fut, à la fin de sa vie, député de Gbado Lite, circonscription de Ngandza, dans la « Zone » (sic!) de Mobayi Mbongo dans l’actuelle province du Nord Ubangi.

Auriez-vous des liens familiaux avec feu maréchal Mobutu?

Absolument!

Apparemment vous vous préparez à vous lancer en politique. Pourquoi quoi faire?

Effectivement! J’ai été confronté à certaines réalités qui m’ont interpellé. Je souhaite me lancer en politique pour servir ce peuple qui a été, pendant très longtemps, abusé et manipulé.

Que répondez-vous à ceux qui pourraient vous rétorquer que tous les politiciens disent ça?

Je le leur concède. Sauf que le peuple congolais aura à me juger non seulement sur mon discours mais aussi sur mes actes.

Quelle est la motivation qui vous pousse à pénétrer dans l’univers impitoyable qu’est l’arène politique?

J’ai pris le temps d’observer la manière dont la vie collective a été gérée par les acteurs politiques qui font la pluie et le beau temps sur l’échiquier politique. Le dernier s’est donné « 100 jours »…alors qu’il était juste question de présenter un projet de société clair, avec les indicateurs de référence aux allures de la pyramide de Maslow dont s’impose: 1. Une organisation d’un dialogue inter congolais et compromis historique pour la région de Grands Lacs; 2. Une commission vérité et réconciliation; 3. Un consensus dans le choix des nouvelles orientations; 4. Des réformes institutionnelles; 5. La proposition pour des négociations des accords et traités précédemment établis.

En évoquant les « 100 jours… », faites-vous allusion à Felix Tshisekedi?

Je ne stigmatise personne. Je suis juste en train de constater les choses qui nous ont amenés là où nous sommes en ce moment.

A vous entendre parler, on est tenté de penser que c’est l’arrivée de « Felix » à la tête de l’Etat qui a déclenché en vous « l’envie » de vous lancer en politique…

Pas du tout! Cet événement m’a plutôt encouragé à ne plus me taire. Me taire équivaudrait à un crime. Je viens de passer trois ans et demi à Kinshasa. Ce séjour m’a conforté dans ma résolution de ne plus me complaire dans la posture d’un spectateur.

Quel est votre parcours personnel?

J’ai un Bac en math et science et un graduat en gestion des entreprises.

En votre qualité de membre de la famille de l’ancien président Mobutu, comment avez-vous vécu le changement intervenu le 17 mai 1997 au sommet de l’Etat?

J’ai vécu ce changement tel un ouvrier en plein service de son pays vu que j’avais été coopté dans l’armée.

Dans quelle unité étiez-vous?

J’ai été incorporé dans la DSP (Division spéciale présidentielle) dans une unité spéciale dénommée « les Mamba verts ». Celle-ci avait été créée par le capitaine Kongolu Mobutu. J’y ai reçu une formation paramilitaire.

On imagine que vous êtes attiré par les questions relatives à la défense et la sécurité…

Durant mon long séjour à Kinshasa, j’ai pu découvrir les réalisations du président Mobutu. À titre d’exemple, j’ai pu apprendre que c’est lui qui initia personnellement – avec le concours de coopérants militaires belges – l’instauration de la justice militaire (auditorat militaire). On peut épingler bien d’autres réalisations.

Sur le plan idéologique, où pourrait-on vous situer?

Je me considère comme un nationaliste panafricain. Je conçois le panafricanisme comme une nouvelle forme de gouvernance des États en Afrique avec les options d’interdépendance des Nations sur base de solidarité envers les populations.

Quelles sont les valeurs qui vous servent de « balises »?

D’abord, l’amour de la patrie et la fierté d’appartenir à un grand pays qui a des prédispositions à jouer le rôle de « moteur » de tout un continent. Il y a ensuite la discipline et l’ordre. Et ce comme cela a été le cas durant les dix premières années de la Présidence du maréchal Mobutu.

A travers vos propos, on perçoit constamment en filigrane l’ombre du maréchal Mobutu. Pourquoi?

On ne peut pas renier ses origines. On ne peut se dénaturer après avoir été « authentique ».

Nourrissez-vous l’ambition de réhabiliter la personne du Maréchal?

Ce n’est plus une ambition. Aujourd’hui, chaque citoyen congolais dispose des paramètres pour comparer et tirer ses propres conclusions. Que dire de tous ces comédiens ou humoristes qui imitent aujourd’hui le Maréchal tant dans le gestuel que la locution? La personne et les idées du maréchal Mobutu constituent pour moi une sorte d’axiome qui ne se démontre pas. Nous avons désormais un rendez-vous avec l’avenir…

Que répondez-vous à ceux qui pourraient vous qualifier de « nostalgique » de l’époque Mobutu.

Nostalgique moi? Ce serait émettre un jugement peu élaboré. J’en ris. J’en serai même flatté parce qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout est un éternel recommencement. Certains discours tenus par des politiciens n’ont aucune substance. Nous avons besoin de cette « nostalgie » pour nous donner un regain de détermination en nous posons une question: où en sommes-nous vingt-deux années après?

En disant « il n’y a rien de nouveau sous le soleil », êtes-vous en train d’insinuer que les successeurs de Mobutu Sese Seko n’ont pas réalisé les « miracles » promis?

Lors de mon séjour à Kinshasa, on m’a parlé des « Cinq chantiers ». C’est un copier-coller qui n’a pas non seulement connu de succès, mais un vœu pieu. Des slogans de campagne. Lorsqu’on essaie d’ignorer l’initiateur d’un projet, celui-ci perd tout son sens. Dans le monde militaire, on dit qu’un ordre mal donné est mal exécuté. Vingt-deux années après le constat est là: notre pays a perdu sa grandeur et son influence. Les Congolais sont désenchantés par ceux-là même qui avaient la responsabilité de la gestion des affaires de l’Etat.

Le président Mobutu avait certes des qualités. Reste qu’il a commis aussi des erreurs…

Reprendre le pays dans l’état où il était en novembre 1965 n’était déjà pas une chose facile. Tout être humain a des limites et des mérites. L’homme a su à un moment donné dépassé ses limites mais hélas, les événements de l’histoire ne lui ont pas permis de matérialiser les orientations d’un Grand Zaïre. Les successeurs qui autrefois se comportaient en « donneurs de leçons » ont tenté, sans succès, d’effacer le maréchal Mobutu de l’Histoire de notre pays alors que le peuple attendait d’eux une amélioration ostensible du cours de la vie et sur les bases déjà établies. Voilà pourquoi je considère que le devoir m’appelle à la rescousse de mes compatriotes qui se retrouvent dans un état de paupérisation avancée. L’objectif de ma détermination se résume dans l’amélioration du quotidien de la population dont les contours se résument dans la meilleure compréhension des orientations du Manifeste de la Nsele. Et ce sans omettre quelques correctifs à apporter afin d’éviter les erreurs idéologiques du passé.

 

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

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