CACH-FCC: L’improbable « coalition » se mue en « cohabitation »

Reuters

Un nouveau « couac » secoue la « coalition » Cap pour le changement-Front commun pour le Congo. Une coalition qui ressemble plus que jamais au fameux mariage de la carpe et du lapin. Vingt jours après les graves incidents survenus dans le « Grand Kasaï » et à Kinshasa à l’issue de l’élection chahutée des sénateurs, un nouvel incident vient opposer Felix Tshisekedi Tshilombo avec son improbable « partenaire » l’ancien président « Joseph Kabila ».

Kamerhe et Tshisekedi

Va-t-on lentement mais sûrement vers une « séparation de corps » entre la mouvance kabiliste dite « FCC » et la plateforme « CACH » du duo Tshisekedi-Kamerhe? Un constat: le lien qui rattache les deux parties ne cesse de se relâcher. Au point que la « coalition » annoncée dans l’euphorie du début prend désormais l’allure d’une « cohabitation ». Une cohabitation impitoyable entre la « majorité présidentielle » et la « majorité parlementaire ».

Une coalition est, par définition, un groupement des forces politiques qui ont en commun une convergence programmatique. C’est le minimum. De manière schématique, le FCC incarne le conservatisme. Le CACH, lui, se réclame du réformisme voire du progressisme. N’est-il pas, dès lors, pas sain de parler de « cohabitation » entre les deux cartels?

Soixante-sept jours, jour pour jour, après la « passation civilisée » de pouvoir entre le président sortant « Joseph Kabila » et son successeur Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Congo-Kinshasa n’a toujours pas de gouvernement de plein exercice. Pourquoi? Poser la question, c’est y répondre. Le moins que l’on puisse dire est que les divergences restent profondes entre les deux chefs de file. C’est le cas particulièrement sur le choix du futur Premier ministre. Ce n’est pas tout.

Le récent voyage du président Tshisekedi aux Etats-Unis était suivi par le « clan kabiliste » avec une appréhension certaine. L’ancien président congolais savait et sait qu’il est dans le collimateur de l’Administration Trump. Certains animateurs de celle-ci paraissent décidés à le mettre hors du jeu politique.

« HÉRITAGE DÉMOCRATIQUE »

Certaines déclarations tenues à Washington par le nouveau chef d’Etat congolais ont fait bondir certains « manitous » du « FCC » de leurs sièges. Ceux-ci n’ont apprécié que modérément le fait que le numéro un Congolais ait sollicité l’appui des Etats-Unis d’Amérique pour l’aider à « déboulonner le système dictatorial » dans son pays. Alors que, selon eux, « Kabila » a légué au pays un « héritage démocratique ». A l’appui, ils citent les élections de 2006 et 2011. Sans omettre « la toute première passation pacifique » du pouvoir d’Etat intervenue le 24 janvier dernier.

Dans un communiqué publié le dimanche 7 avril – signe qu’il y a péril en la demeure -, la mouvance kabiliste considère ces propos comme étant des « attaques gratuites » et des « accusations infondées ». Tshisekedi est aussitôt « accusé » de vouloir « s’approprier la lutte contre la corruption et autres antivaleurs ».

Le plus cocasse dans cette histoire réside dans la présence de plusieurs ex-opposants au pouvoir kabiliste parmi les signataires dudit communiqué. Certains ont milité dans un mouvement politico-militaire qui a combattu jadis la « dictature ». Les armes à la main. D’autres n’avaient pas hésité de qualifier le pouvoir du successeur de Mzee de « diabolique ». Amnésie? Autre temps, autres mœurs!

Inutile de souligner qu’avant de tourner leurs vestes du bon côté, tous ces « opposants honoraires » ont eu, à diverses occasions, à subir des intimidations et autres brimades policières (gaz lacrymogène, tirs à balles réelles) lors des marches pacifiques organisées par les forces politiques et sociales « acquises au changement ».

Citons certains de ces ex-opposants: Thomas Luhaka Losendjola (ex-MLC), José Makila Sumanda (ex-MLC), Germain Kambinga Katomba (ex-MLC), Ingele Ifoto (ex-Forces du futur) et Michel Bongongo Ikoli (ex-UFC). Où est la cohérence!

Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo

LE CONGO-KIN N’EST PAS SORTI DE « L’AUBERGE KABILISTE » 

Dans ledit communiqué, les signataires demandent au chef de l’Etat « de mettre tout en œuvre » en vue de l’installation des « institutions constitutionnelles » tant au niveau national que provincial. Friand du pouvoir pour le pouvoir, le FCC commence à piaffer d’impatience.

Des analystes auraient espéré que Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’allait pas alimenter une polémique pour le moins dérisoire en réagissant au communiqué du FCC sous examen. Hélas, non!

Interrogé mardi 9 avril par la Voix de l’Amérique (VOA), « Fatshi » est descendu de son piédestal pour donner la riposte à ses contradicteurs. Il a réaffirmé sa volonté de combattre « tout ce qui a avili le citoyen congolais et qui a contribué à affaiblir le développement de notre pays ». Il se refuse d’être un « Président complaisant ». Pour lui, il ne sera pas question « de replonger dans les travers du passé » que sont les « antivaleurs de corruption, de violation des droits de l’homme, de brimades » et la traque des opposants.

En marge de cette polémique, l’élection des gouverneurs de province et de leurs adjoints a eu lieu ce mercredi 10 avril. Les résultats provisoires publiés par la CENI confirment que le pays est loin d’être sorti de « l’auberge kabiliste ». Outre les deux chambres du Parlement où il détiendrait la majorité, le FCC confirme son emprise sur la majorité des exécutifs provinciaux.

Une certitude: la cohabitation sera rude et impitoyable entre le CACH et le FCC. La Constitution deviendra plus que jamais le livre de chevet des uns et des autres…

 

B.A.W.

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