Congo-Kin: Faut-il craindre des « interférences » sino-russes aux scrutins du 23/12?

Dès le lendemain de l’élection présidentielle américaine de 2016 qui a vu la victoire du Républicain Donald J. Trump face à la Démocrate Hillary R. Clinton, le FBI a fait état de « soupçons » de piratage des bases de données électorales américaines par des « hackers » d’origines russes. L’objectif aurait été, selon lui, de « fuiter » des informations nuisibles à « Hillary » en vue de faire gagner « Donald ». Directeur de campagne de Trump, Paul Manafort est suspecté d’avoir eu des contacts avec certaines personnalités russes proches du Kremlin. En mars 201 soit trois mois après l’expiration du dernier mandat de « Joseph Kabila », le chef de la diplomatie congolaise, She Léonard Okitundu, s’est rendu à Moscou. En juin 2018, Kinshasa et le Kremlin signaient un accord de coopération militaire. Une première. Depuis quelques mois, la diplomatie russe fait preuve d’activisme en Afrique noire. Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a visité, au cours de cette année, le Rwanda et l’Afrique du Sud. Une société paramilitaire russe (Wagner) s’est implantée en République Centrafricaine. Mission: assurer la sécurité du chef de l’Etat et former l’armée centrafricaine. L’Afrique centrale va-t-elle servir de théâtre d’une nouvelle Guerre froide?

Paul Manafort (source: www.nymag.com)

La justice américaine enquête actuellement sur une « probable ingérence russe » lors de l’élection présidentielle de 2016. Directeur de campagne du Républicain Donald J. Trump, Paul Manafort est suspecté d’avoir eu de « contacts suspects » avec des personnalités russes. Celles-ci auraient apporté au camp républicain des « informations préjudiciables » à la Démocrate Hillary Clinton.

On apprenait en septembre dernier que Manafort a plaidé coupable des chefs d’accusation de conspiration contre les Etats-Unis et d’entrave à la justice. En clair, le procureur spécial Bob Mueller chargé de ce dossier continue ses investigations.

Dans son ouvrage « Mensonges et vérités – Une loyauté à toute épreuve », publié chez Flammarion, l’ex-patron du FBI James Comey écrit à la page 268 que Vladimir Poutine « voulait faire gagner Donald Trump ». Au motif que le Républicain « disait des choses favorables au gouvernement russe ». A contrario, Poutine « voulait nuire » à Hillary Clinton. « Poutine, note-t-il, la tenait personnellement responsable des grandes manifestations organisées contre lui à Moscou en décembre 2011″.

RETOUR VERS LA « GUERRE FROIDE »

L’arrivée d’un République à la Maison Blanche n’a guère apporté d’embellie aux relations entre la Russie et les Etats Unis d’Amérique. Bien au contraire. On assiste à une sorte de retour vers la Guerre froide. Aux dernières nouvelles, Donald Trump a annoncé, samedi 20 octobre, l’intention de son pays de « sortir » du traité nucléaire signé en 1987 entre l’URSS et les Etats-Unis. Conseiller à la sécurité nationale, l’Américain John Bolton entame ce lundi 22 octobre une visite dans la capitale russe. A suivre.

Trump a engagé un « bras de fer stratégique » avec la Russie tout en menant une « guerre commerciale » contre la Chine de Xi Jiping. Membres du Conseil de sécurité de l’Onu, il n’est pas exclu que Moscou et Pékin coalisent leurs forces en Afrique pour rendre à l’Amérique la monnaie de sa pièce. Le terrain est plutôt fertile. On le sait, contrairement à Barack Obama, l’actuel chef de l’Administration US ne manifeste aucun intérêt vis-à-vis du continent noir.

Qu’en est-il du Congo-Kinshasa? Le 19 décembre 2016, le dernier mandat de « Joseph Kabila » a expiré. Au mois de mars 2017, le chef de la diplomatie congolaise est reçu de manière ostentatoire à Moscou par son homologue russe Serguei Lavrov. Le régime congolais fait face à un isolément diplomatique du monde occidental. Plusieurs « madarins » de la Kabilie sont interdits de séjourner en Europe des 27.

VIVE LA COOPÉRATION MILITAIRE RUSSO-CONGOLAISE

John F. Kerry (source: Wikipédia)

On rappelle que l’Amérique de Barack Obama a exercé des pressions sur « Kabila », dès 2014, afin qu’il respecte la Constitution en ce qui concerne la limitation du nombre de mandat du Président de la République. Début mai de cette même année, John F. Kerry alors secrétaire d’Etat s’est rendu à Kinshasa afin d’exhorter « Kabila » à ne pas briguer un troisième mandat.

Dès le lendemain de l’expiration de son dernier mandat, « Kabila » – qui use et abuse d’artifices pour s’accrocher au pouvoir – s’est  lancé à la recherche de « nouveaux amis ». Les Chinois sont très présents dans le pays avec les fameux « contrats chinois ». Deux consortiums chinois font partie de l’Accord sur le « projet Inga III ». Coût 13,9 milliards USD.

En juin 2018, le président hors mandat congolais sort des tiroirs un vieux projet d’accord de coopération militaire avec la Russie. Le document aurait été conçu à l’époque de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Vive donc la coopération militaire russo-congolaise!

Au cours d’une « question orale » au Sénat, le ministre congolais de la Défense, Crispin Atama Tabé, d’expliquer qu’il était « nécessaire de réveiller cet accord avec la Russie qui va nous permettre d’avoir non seulement de la formation mais surtout de nous doter de matériels nécessaires ». Questions: Pourquoi maintenant, alors que « Joseph Kabila » ne dispose plus de pouvoirs constitutionnels pour engager le pays? Y a-t-il une urgence?

DIX-HUIT ANNÉES D’INCURIE

Au moment où ces lignes sont écrites, la présence d’instructeurs militaires russes est signalée à la Base de Kamina, province du Haut Lomami. On signale également l’arrivée d’instructeurs militaires chinois à la Base de Kitona, province du Kongo Central. Les « généraux » John Numbi Banza et Célestin Kanyama ont été aperçus dans ces deux installations militaires. Les Russes et les Chinois seraient-ils occupés à former des « forces spéciales » chargées de mâter toute contestation après les élections du 23 décembre?

Après des dénégations, le président de la Commission électorale nationale indépendante Corneille Nangaa a fini par admettre que la très controversée « machine à voter » est en fait un ordinateur.

D’après des experts, il n’est pas exclu que les « nouveaux amis » du « raïs » interfèrent dans la base des données de la CENI. La Russie et la Chine n’ont cure de la démocratie. C’est aussi, pour elles, de faire un pied de nez à l’Amérique. Le Rwanda de Paul Kagame, lui, serait fort heureux qu’un « régime ami » continue à trôner à Kinshasa. Les « informaticiens du Kremlin » vont-ils s’immiscer dans les élections du 23 décembre pour faire gagner non seulement la marionnette du « raïs »?

L’apparente sérénité qu’affichent « Kabila » et sa bande, à deux mois des consultations électorales, étonnent. Et ce dépit de dix-huit années d’incurie et d’échec patent au plan sécuritaire, économique, politique et social…

 

Baudouin Amba Wetshi

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