Coronavirus, Covid-19: « Fatshi » à l’épreuve du « leadership »

En l’espace d’une semaine, le président Felix Tshisekedi a prononcé deux messages au sujet du « péril » que représente la propagation de la pandémie Coronavirus. Lors de la première allocution en date du 18 mars, le Congo-Kinshasa ne comptait « que » quatorze cas testés positifs. Des observateurs assurent que les mesures annoncées initialement n’ont pas été suivies par des Kinois. Six jours après, le nombre des personnes contaminées s’élevait à 45 dont une guérison et trois décès. En attendant que les « scientifiques » des pays nantis se mettent d’accord sur la thérapie à appliquer contre ce fléau, l’usine pharmaceutique « Pharmakina » dont siège se trouve à Bukavu, au Sud-Kivu, se dit prête à produire de l’hydroxy chloroquine dont l’efficacité est attestée par le professeur français Didier Raoult et contestée par d’autres. 

Lundi 23 mars, le chef de l’Etat congolais a présidé une réunion interinstitutionnelle. Conformément à l’article 85 de la Constitution, il s’est « concerté » avec les présidents des deux chambres du Parlement et le Premier ministre afin de convenir des mesures à prendre pour faire face aux « circonstances graves » qui « menacent de manière immédiate » notamment « le fonctionnement régulier des institutions ».

Dans son second message, mardi 24, Fatshi a fait l’annonce: « (…), devant la gravité et le caractère dangereux que comporte cette situation, je décrète l’état d’urgence(…)« . Un « état d’urgence » qui est nécessité par une situation sanitaire volatile.

Qu’est-ce que l’état d’urgence? « Régime restrictif des libertés publiques pouvant être appliqué par une loi sur tout ou partie du territoire national, caractérisé surtout par l’extension des pouvoirs ordinaires de police et des autorités civiles », peut-on lire dans le Lexique des termes juridiques (Dalloz). L’application de ce régime d’exception suppose l’existence d’un « péril imminent » ou d’une « calamité publique » de nature à menacer l’ordre public. C’est le cas du Covid-19.

Il est minuit quinze minutes au moment où ces lignes sont écrites. Une dépêche du média kinois « Actualité. CD » s’affiche sur l’écran du PC. On apprend que le nombre des personnes testées positives a été revu à la hausse. Il faudra désormais parler de quarante-huit cas. Par ailleurs, un quatrième décès est signalé à la clinique de Ngaliema. Une information qui reste à vérifier.

Il ne fait plus l’ombre d’un doute, comme avait prévenu Felix Tshisekedi, que la « tendance » est à la « propagation » de la pandémie Coronavirus. Aussi, a-t-il décidé de « renforcer les mesures » annoncées le 18 mars tout en intensifiant la « campagne de sensibilisation ».

« AFFOLEMENT GÉNÉRAL » À LUBUMBASHI

Quelles sont ces mesures? On retiendra essentiellement que les marchandises en provenance tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays continueront à circuler sans entraves. En revanche, les personnes voient leur liberté d’aller et de venir suspendue – jusqu’à nouvel ordre – entre Kinshasa et les provinces et vice-versa. De même, toutes les frontières restent fermées aux passagers tant internes qu’externes.

Dans son speech, « Felix » a implicitement « tancé » le gouverneur du Haut-Katanga qui s’était précipité d’annoncer la présence de deux personnes contaminées dans sa juridiction. Une rumeur balayée du revers de la main par les experts de l’INRB (Institut national de recherche biomédicale). Le chef de l’Etat a déploré l’ « affolement général » provoqué par la sortie médiatique de Jacques Kyabula Katwe.

Dans une dépêche datée du mardi 24 mars, l’Agence congolaise de presse confirme qu’aucun vol international en provenance des « zones à risque » n’a atterri lundi à l’aéroport de Ndjili. Une situation qui ne ferait pas que des heureux souligne l’ACP. « L’arrêt d’exploitation aérienne a un impact négatif sur les exploitants et les services de l’aéroport », peut-on lire. D’aucuns se plaignent d’un « manque à gagner. »

Contrairement à son message initial à la nation qui contenait des « interdits » sans que ceux-ci soient assortis des « mesures d’accompagnement », dans le second, Tshisekedi Tshilombo semble apporter quelques correctifs. Un détail pour le moins rassurant qui semble indiquer que l’homme reste à l’écoute de « la rue ». Et que les critiques qui fusent ne glissent pas chez lui à l’image des gouttes d’eau sur les plumes d’un canard.

FATSHI FACE À UNE RUDE ÉPREUVE

Deux « mesures d’accompagnement ». Primo: les bourgmestres des 24 communes de Kinshasa sont invités à mettre à la disposition de la population des « points de lavage des mains avec désinfectant ou savon ». L’aéroport de N’djili inclus. Secundo: la mise en place d’un Fonds national de solidarité contre le Coronavirus. Les contours restent néanmoins flous. D’où viendra le financement? 

Comme à l’accoutumée, le pays tend la main « à tous les potentiels bienfaiteurs ». Il n’est pas sûr que « Fatshi » soit entendu. En dehors de la Chine qui est en voie de retrouver une certaine « normalité », les « bienfaiteurs traditionnels » du Congo-Zaïre sont au chevet de leurs propres citoyens frappés par le Covid-19. La charité bien ordonnée…

Professeur Didier Raoult

En attendant que les « scientifiques » des pays riches arrêtent de se quereller sur la thérapie la plus « appropriée » pour « stopper » la circulation du Covid-19, le Président de la République a pris ses responsabilités en donnant le « feu vert » à l’usine pharmaceutique « Pharmakina ». Celle-ci est disposée à réactiver ses chaines de production de la chloroquine. Un médicament antipaludéen dont les vertus thérapeutiques sont « vantées » par le professeur français Didier Raoult.

Concluant son allocution, Felix Tshisekedi a exhorté ses concitoyens « à prendre au sérieux cette pandémie et à observer toutes les mesures décidées ».

Dans une dépêche publiée aux premières minutes de la journée de mercredi 25 mars, « Actualité.CD » fait état de 48 sujets testés positifs soit trois de plus que le « bilan provisoire » contenu dans l’allocution présidentielle. Des informations parcellaires, tombées tard la nuit, font état d’un quatrième décès. C’est une course contre la montre qui s’engage…

Pour des observateurs, la gestion de la crise engendrée par la pandémie Coronavirus, Covid-19 met Felix Tshisekedi Tshilombo à l’épreuve du leadership…

 

Baudouin Amba Wetshi

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