Élections en RDC: face au rejet du régime de Kabila, la CENI jette l’éponge

Félix Tshilombio Tshisekedi proclamé Président de la République

Mwamba Tshibangu

Mwamba Tshibangu

Les élections de tout le danger ont eu lieu le 30 décembre dernier. On savait qu’elles devraient être entachées d’irrégularités. Plus que cela, il était à craindre que le régime sortant puisse jouer un énième coup en portant Emmanuel Shadary au pouvoir. Ce dernier n’avait-il pas clamé haut et fort lors de son vote qu’il se considérait dès ce soir-là président de la République? Mais, c’était sans compter avec le désir ardent du peuple congolais, dans son ensemble, de mettre définitivement fin au régime dictatorial et sanguinaire de Kabila. Shadary n’avait donc, dans les intentions de vote, aucune chance de les remporter.

En dépit du refus des autorités congolaises d’accréditer des observateurs internationaux, les observateurs nationaux, notamment ceux de la CENCO et de multiples témoins de différentes coalitions suffisaient pour avoir un regard réel sur le choix exprimé par les électeurs dans le secret des urnes. D’une certaine façon, la tendance générale des résultats devrait être connue. En fait, la CENCO avait déclaré connaître le vainqueur des élections. Par son biais et à travers d’autres mécanismes, les diplomates les mieux informés connaissaient également le vainqueur supposé des élections. Toutefois, il revenait de droit à la CENI de proclamer les résultats. C’est ce qu’elle a fait nuitamment en donnant les résultats provisoires qui donnent gagnant Félix Tshisekedi à la présidence de la République. Il deviendra, à ce titre, le 5ième président de la République une fois que les résultats seront entérinés et proclamés officiellement par la Cour constitutionnelle.

Cependant, ce dont on craignait est arrivé ponctuellement. Ces résultats sont contestés. Il semble qu’ils ne reflètent en rien la vérité des urnes. Martin Fayulu dont certains avançaient qu’il serait le gagnant, d’après les indiscrétions de la CENCO, les a rejetés et a appelé, dans une déclaration lue devant la presse, le peuple congolais à se mettre debout pour revendiquer la victoire qui a été trafiquée. Ce désaccord jette un discrédit sur l’opposition qui devrait, dans la circonstance, parler d’une seule voix. En fait, la situation que traverse la RDC n’est pas à prendre à la légère. Le pays était et il est encore sous occupation étrangère. Le régime de Kabila s’est démontré pire que celui de Mobutu. Tout le monde voulait mettre fin à ce système dégradant et opprimant pour amorcer, finalement, le vrai développement du pays. Pour y parvenir, il fallait que les politiciens de l’opposition se comportent en vrais patriotes, soucieux des enjeux en place. Conscients de cela, ils devraient taire leurs égos personnels pour mettre en avant l’intérêt collectif. Ils étaient donc appelés, sincèrement, à se coaliser pour choisir un candidat commun de l’opposition devant affronter le candidat du FCC. Cela fut fait à Genève. Mais, la suite de l’histoire est connue.

Pour avoir des élections libres, démocratiques et équitables, la solution d’une Transition Citoyenne paraissait la meilleure. La difficulté était non seulement la mise en application de l’art. 64, mais surtout, les écueils de la classe politique qui, devant un choix vital, devait se l’approprier afin de l’actionner. Tout le monde — en dehors de certains politiciens, très prudents, à cet égard — avait préféré s’embarquer dans le processus électoral sachant bien qu’il était vicié dès le départ et que les résultats qui en sortiraient ne refléteraient probablement pas la vérité des urnes. Maintenant que nous y sommes et que tout le monde a participé au jeu, remettre en discussion ces résultats, sans en mesurer toutes les conséquences, serait une grande imprudence. Il ne faudra surtout pas que le pays plonge dans une instabilité généralisée qu’on ne saura comment contrôler.

À l’étape où nous en sommes, le peuple congolais qui constitue selon la terminologie à la mode, la base, devrait veiller au grain. Martin Fayulu en premier et tous les autres sages du pays devraient chercher à se rapprocher du nouveau président élu pour qu’il travaille effectivement dans l’optique du changement pour lequel il a été élu.

L’abandonner ou le combattre maintenant alors qu’il représente l’alternance, en dépit tout, serait une bonne façon de le pousser entre les mains de ceux qui espèrent encore contrôler les arcanes du pouvoir. Quant à la CENCO, elle est la mieux placée pour connaître les enjeux de l’heure et tout le danger que court la République en ce moment précis de son histoire. Entre deux maux, elle choisira le moindre. Elle choisira, on ne peut s’en douter, ce qui va faire l’intérêt de la République. Quant à Félix, il a le grand défi de démontrer à tous que la lutte qui a été menée par son parti et par son feu père durant plus de trois décennies n’était pas pour rien. C’est une lutte noble pour laquelle beaucoup de gens ont sacrifié leur vie. En clair, il s’agit d’une vraie révolution de mentalité et d’attitudes qui va amener à l’instauration d’un État de droit. À la transformation globale de la société congolaise.

Par Mwamba Tshibangu

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