La VSV demande la réouverture de l’Unikin dans un délai raisonnable

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) suit avec une attention particulière la situation qui prévaut à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) après les échauffourées survenues lundi 6 et mardi 7 janvier 2020, entre les étudiants et des éléments de la police nationale congolaise (PNC) dépêchés sur le site universitaire en vue de restaurer l’ordre public consécutivement aux manifestations organisées par les étudiants en guise de protestation contre la majoration des frais académiques par le Comité de gestion avec l’aval de M. Thomas Luhaka Losendjola, ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU).

Ces manifestations estudiantines d’une grande violence ont débouché sur mort d’hommes et des blessés graves, le saccage du siège de l’association des professeurs de l’Unikin (APUKIN), de la Salle de promotion Luc Gillon, de la succursale de la Banque Commerciale du Congo (BCDC), l’incendie d’un véhicule, les extorsions des biens des étudiants…

Tout en saluant la mesure relative à la suspension préventive des activités au sein de l’UNIKIN prise par le gouvernement rdcongolais dans le but d’éviter que de tels débordements néfastes ne se reproduisent, la VSV invite l’Exécutif national à prendre des dispositions utiles pour assurer la reprise des activités académiques dans un délai raisonnable.

En effet, la VSV craint que les frustrations des étudiantes et étudiants déguerpis entraînent des réactions beaucoup plus violentes au cas où solution rapide n’est pas trouvée pour leur relogement et la reprise des activités académiques.

Tout en reconnaissant l’existence de nombreux innocents parmi les étudiants de l’UNIKIN, la VSV condamne avec véhémence le comportement de ceux d’entre eux qui, sans retenue, ont porté de graves atteintes tant au droit à la vie qu’à l’intégrité physique ayant occasionné la mort d’un policier et des nombreux blessés parmi ceux dépêchés sur le site universitaire.

Sur un autre volet, la VSV condamne l’extorsion des biens des étudiants qui aurait eu lieu lors des échauffourées entre étudiants et policiers. Dans leur mission de restauration de l’ordre public, les policiers ont l’obligation de respecter le droit à la propriété privé.

S’agissant des allégations relatives à l’infiltration dont les universités et instituts supérieurs feraient l’objet, la VSV tient à souligner que cela est la conséquence logique de l’incapacité de leurs comités de gestion à assumer leur mission avec efficacité et efficience alors qu’ils disposent des gardes universitaires.

En outre, la VSV salue le civisme des étudiants de l’UNIKIN qui ont su répondre positivement à la décision du ministre de tutelle relative à leur déguerpissement volontaire, évitant ainsi de nouvelles violences.

La VSV saisit cette occasion pour exiger au gouvernement de la RDCongo de prendre temporairement en charge tous les étudiants réguliers étrangers et leurs collègues venus de l’intérieur de la RDCongo qui n’ont ni connaissances ni parenté à Kinshasa et qui ne savent où aller suite à leur déguerpissement des homes, en vue de leur permettre de subvenir tant soi peu à leurs besoins vitaux.

De même la VSV demande aux autorités rdcongolaises de privilégier une solution négociée en ce qui concerne les frais académiques en tenant compte du social des parents majoritairement paupérisés depuis belle lurette en RDCongo.

Tout compte fait et en vue d’éviter dans l’avenir des actes de violence à l’UNIKIN et dans d’autres universités et instituts supérieurs de Kinshasa et de la RDCongo, la VSV recommande au gouvernement rdcongolais de:

  • Diligenter une enquête indépendante en vue d’établir les responsabilités et sanctionner sévèrement les coupables conformément à la loi;
  • Ordonner la reprise des activités académiques dans un bref délai à l’UNIKIN pour éviter une éventuelle année blanche;
  • Organiser une prise en charge temporaire en faveur des étudiants étrangers et ceux venus de l’intérieur du pays en vue de leur permettre de subvenir tant soi peu à leurs besoins vitaux;
  • Établir et mettre régulièrement à jour les fichiers des étudiants en droit d’occuper les homes;
  • Indemniser toutes les victimes des incidents violents ou leurs membres de famille pour tous les préjudices causés;
  • Restituer tous les biens des étudiants qui auraient été extorqués par des policiers.

Fait à Kinshasa, le 10 janvier 2020

 

LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)

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