Le cardinal Monsengwo, Administrateur de la Transition sans Kabila en RDC

Mwamba Tshibangu

Mwamba Tshibangu

La quatrième voie est en route

Il y a ceux qui semblent rêver. Il y a d’autres qui se questionnent, avec raison, sur le scénario qui est en train de s’ouvrir sur le paysage politique congolais. Alors qu’on continuait à parler des tractations concernant le déroulement des élections en 2018 et au moment où l’opposition politique multiplie les contestations sur l’adoption de la loi électorale par le sénat, résolument et décidément, une autre voie se met en place.

La Transition sans Kabila se matérialise effectivement. Depuis le samedi 16 décembre 2017, la dynamique qui a vu les élections de l’Administrateur de la Transition se dérouler partout au pays et dans la diaspora est arrivée à terme, soit, la proclamation des résultats finaux. C’est donc un grand pas qui a été franchi. Plus que tout, c’est un grand défi qui a été relevé. Il est tellement grand que beaucoup n’y croient toujours pas. Et pourtant, la donne politique congolaise a réellement changé. Un fait nouveau est là. Les spéculations gratuites, oiseuses, qui n’avançaient en rien la lutte de libération du pays sont derrière le rideau.

Plus de 9 millions ont exprimé leur suffrage. Qui aurait cru au départ que le peuple congolais se mobiliserait avec autant d’ardeur, dans un climat de totale intimidation et de terreur! Le vaillant peuple a mis de côté la peur, a oublié ses querelles partisanes pour s’unir dans un même élan afin de mettre en place une structure transitionnelle devant amener le pays aux élections véritablement libres.

Douze candidats, tous désignés par cooptation par le peuple, étaient en lice. Ceux et celles ayant eu moins de suffrage ne furent pas sélectionnés pour prendre part au scrutin. L’idée fondamentale était d’avoir une équipe franche qui va gérer le pays durant la période transitoire en s’appuyant sur l’appareil étatique.

Le choix n’était certes pas facile entre les gens ayant des compétences indiscutables et ne s’étant jamais trempés dans la politique active, de plus, jouissant tous, jusqu’à preuve du contraire, d’une probité morale irréprochable. Le peuple, dans sa souveraineté, a dévolu son choix sur le cardinal Laurent Pasinya Monsengwo. Ce dernier est connu dans la population à plusieurs titres. Mais son passage à la Conférence Nationale Souveraine où il avait piloté brillamment le déroulement des séances restera mémorable. En tant qu’ancien président du Haut Conseil de la République-Parlement de Transition, il a une expérience notable des faits politiques congolais. Certainement, d’aucuns se souviendront de la fameuse « troisième voie », mais là, c’est une autre paire de manche…

Le Cardinal Laurent Pasinya Monsengwo

Le Cardinal Laurent Pasinya Monsengwo

En se positionnant sur le présent et en se projetant dans l’avenir, le cardinal a besoin plus que jamais de l’appui de tout le peuple congolais. Le combat qu’il doit entreprendre est grand et difficile. Il ne pourra trouver la force que dans l’appui inconditionnel du peuple congolais. Pratiquement, le pays revit les vicissitudes de l’auto-proclamation en 2011, d’Etienne Tshisekedi, en qualité du président élu de la République. Il lui manqua l’imperium pour diriger le pays.

Cette fois-ci, la donne est différente. Monsegwo ne sera pas président de la République même s’il va exercer, à titre provisoire, ces prérogatives. Il est Administrateur de la Transition mandaté par le peuple qui incarne, à nos yeux, ce qu’il faut appeler: « l’imperium civil ». Dès lors, le peuple est appelé à faire acte d’allégeance et d’obéissance aux ordres et aux directives de l’Administrateur de la Transition. Ainsi faisant, les militaires et les autres corps constitués de l’Etat seront dans l’obligation de suivre l’exemple civique, d’obéissance envers l’autorité nouvellement établie et de désobéissance envers l’autorité déchue, exercé par le peuple souverain.

Un nouveau centre du pouvoir vient d’être érigé et un autre, va s’éteindre, d’une manière ou d’aune autre. Dans cette optique, le cardinal n’aura même pas besoin de quitter sa résidence pour l’instant. C’est de là qu’il dirigera le pays, avec l’aide de Dieu et soutenu par toute la nation, à commencer par les partis politiques qui adhéreront au choix dicté par le souverain primaire.

Le pays vit un moment crucial. Son destin est en jeu. L’opération mise en place a réussi dans sa première phase. Il faut maintenant la consolider, dans sa deuxième phase, en rejetant le schéma décadent qui vient de connaître une fin méritée. Toutes les institutions à vocation politique, notamment le parlement, le sénat, le gouvernement et la présidence de la République tombent naturellement et sont dépourvues des pouvoirs. L’institution judiciaire ainsi que les hauts officiers et toute l’armée se mettront à la disposition des autorités de la Transition en attendant des instructions appropriées qui ne tarderont pas à venir.

Il faudra exercer une vigilance tous azimuts pour transformer ce qui a encore l’apparence d’un rêve, en réalité. Il faut demeurer à l’écoute et avoir confiance en l’œuvre accomplie. Un pouvoir sans répondants est une coquille vide. Le peuple est l’émanation de tout pouvoir. Son verdict, sans appel, est tombé. L’initiative d’entamer la Transition sans Kabila à l’échéance de l’Accord de la Saint Sylvestre, est un choix de raison qui devra s’imposer à tous.

 

Par Mwamba Tshibangu

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