Le PPRD Kimbuta interdit les manifestations de l’opposition

Le contraire aurait étonné. Le gouverneur de la ville de Kinshasa et président provincial du parti dominant PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), a interdit toutes les manifestations publiques. Au motif que son administration redouterait un risque de confrontation entre les opposants et les partisans de la mouvance kabiliste.

« Cette mesure ne nous concerne pas », réagissait, dimanche 26 novembre, Félix Tshisekedi Tshilombo, président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop). Il a rappelé, dans la foulée, que la liberté des réunions pacifiques « est un droit inscrit dans la Constitution ». Le Rassemblement maintient son programme.

Samedi, Thérèse Olenga Kalonda, porte-parole du gouvernement provincial de Kinshasa a justifié cet oukase en invoquant « l’environnement et le contexte actuel » et le souci de prévenir « toute transformation des manifestations dites pacifiques » en trouble à « l’ordre public ».

On rappelle qu’une association dénommée « Front pour le référendum », proche de la mouvance kabiliste, avait annoncé l’organisation d’une marche pacifique pour… le mardi 28 novembre. Objet: soutenir le calendrier électoral. En réalité, il s’agissait d’un subterfuge ayant pour but de « gêner » la manifestation prévue à cette même date par le Rassemblement.

Le 28 novembre est une date chargée de symbole. Le 28 novembre 2011, les Congolais étaient allés aux urnes afin de choisir leur nouveau Président de la République ainsi que les 500 députés nationaux. Les observateurs tant nationaux qu’internationaux avaient dénoncé à l’époque de graves irrégularités et fraudes.

Lors de ces consultations politiques, « Joseph Kabila » a fait recours à la force brutale pour s’imposer à la tête de l’Etat. Plusieurs militants de l’opposition perdirent la vie, canardés par des éléments de la garde prétorienne de « Kabila » notamment sur le boulevard Lumumba.

Conformément à l’article 26 de la Constitution qui garantit la liberté de manifestation et impose aux organisateurs l’obligation d’« informer par écrit l’autorité administrative », Martin Fayulu Madidi, président de l’ECIDé a, en date du 21 novembre dernier, écrit aux autorités de la ville-province afin de signaler la décision du Rassemblement reportant sa manifestation à la journée de jeudi 30 novembre. « Notre marche débutera à 7h00 à partir des sièges et quartiers communaux de nos partis respectifs et débouchera vers 17h00 sur l’esplanade située entre le boulevard Triomphal et l’Avenue de l’Enseignement (en face du Stade des Martyrs) », écrivait-il.

En guise de réponse, le PPRD Kimbuta et son gouvernement provincial de prétexter qu’« il est difficile d’encadrer les différentes manifestations car ayant des points de chute qui s’entrecroisent et craignent le risques de confrontation ».

INTIMIDATION

Depuis plusieurs mois, la « majorité présidentielle » se comporte de plus en plus en parti-Etat en multipliant des actes d’intimidation. Les opposants, les défenseurs des droits humains et les journalistes tiennent de cibles.

Dans l’arrière-pays, les forces politiques et sociales proches du Rassemblement sont interdites de manifester sur les voies publiques. A Lubumbashi, Gabriel Kyungu wa Kumwanza est littéralement assigné à résidence.

Arrêté lors de la manifestation du 31 juillet, l’avocat et défenseur des droits de l’Homme Timothé Mbuya est condamné à 12 mois de prison. Le 31 juillet, il faisait partie des manifestants qui exigeaient tout simplement la publication du calendrier électoral.

A Kinshasa, l’Agence nationale de renseignements (ANR) retient, depuis 6 novembre, le passeport de l’avocat Georges Kapiamba, président de l’association « ACAJ ». L’ANR qui se complaint dans le redoutable rôle de police politique du régime kabiliste ne s’estime guère tenue de fournir de justifications en notifiant à l’intéressé le motif de cette mesure pour le moins arbitraire.

Le 22 novembre, on apprenait que le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a vu son passeport confisqué au moment où il s’apprêtait à prendre un vol pour aller assister à une réunion de l’Internationale socialiste.

Lundi 26 novembre, les auditeurs de Radio France Internationale ont suivi Félix Tshisekedi qui a annoncé le maintien de la manifestation du 30 novembre. On espère qu’il ne s’agit pas de fanfaronnade. « Le Rassemblement joue une fois de plus sa crédibilité, commente un analyste kinois. Il faut craindre que le pouvoir kabiliste déploie de gros moyens pour paralyser l’action des opposants comme cela a été le cas le 15 novembre… »

 

B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2017

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