Le RENADHOC condamne fermement la troisième répression sanglante des marches pacifiques des chrétiens organisées par le Comité laïc de coordination

Le Réseau National des ONG des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo, RENADHOC en sigle, est profondément consterné et outré par la poursuite, malgré les appels incessants à la plus grande retenue lancés aussi bien au niveau national qu’international, de la répression sanglante et meurtrière des marches pacifiques des chrétiens organisées par le Comité laïc de coordination (CLC) et dont la principale revendication est l’application intégrale de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocésain signé le 31 décembre 2016. Les manifestants demandent, par ailleurs, au Président Joseph Kabila de faire une déclaration publique dans laquelle il prendra solennellement l’engagement de ne pas briguer un troisième mandat, car contraire aux prescrits de la Constitution en vigueur en République Démocratique du Congo.

En effet, le dimanche 25 février 2018, les forces de police et de sécurité ont une fois de plus semé la mort et la désolation dans plusieurs familles congolaises en réprimant violemment la marche pacifique des chrétiens et en procédant à des exécutions sommaires. Le bilan de cette sanglante répression fait état de deux personnes tuées, à Kinshasa et à Mbandaka, de plusieurs dizaines des blessés par balles et d’une centaine d’arrestations arbitraires.

Le RENADHOC rappelle une fois de plus au gouvernement que la vie humaine est sacrée et inviolable; et que le rôle d’un gouvernement n’est pas de réprimer, de tuer son peuple, mais de le protéger en toutes circonstances et d’assurer son bien-être.

Comme souligné dans son communiqué de presse du 03 janvier 2018, le RENADHOC tient absolument à rappeler que la Constitution en son article 16, stipule que « la personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au libre développement de sa personnalité. … Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant ». Et l’article 23 indique: « Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image ». Quant aux articles 25 et 26, ils stipulent que « la liberté de réunions pacifiques et sans armes ainsi que la liberté de manifestation sont garanties ».

En sus, le RENADHOC condamne avec la plus grande fermeté la mise en scène d’une milice dite des bérets rouges se réclamant du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), parti du Président Kabila. Les jeunes gens membres de cette milice ont, le 24 février 2018, investi la paroisse de la Cathédrale Notre Dame du Congo située sur l’avenue de la libération (ex 24 novembre) dans la commune de Lingwala à Kinshasa et se sont livrés à des actes de vandalisme et de barbarie avec pour objectif de perturber les activités de la paroisse. Le RENADHOC invite à cet effet le Procureur Général de la Gombe à se saisir de ce dossier en vue de faire toute la lumière sur cette milice et en déférant devant les cours et tribunaux tous les hors-la loi faisant partie de la milice y compris tous les commanditaires, afin qu’ils soient jugés et condamnés conformément aux lois de la République.

De ce qui précède, les organisations des droits de l’homme réunies au sein du Réseau national des ONG des droits de l’homme de la République Démocratique du Congo (RENADHOC) formulent les recommandations ci-après:

  1. AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

En tant garant de la Constitution, de prendre d’une part, toutes les dispositions utiles pour mettre définitivement fin aux répressions systématiques, sanglantes et meurtrières des manifestations pacifiques et de garantir le plein exercice des libertés publiques en République Démocratiques du Congo et d’autre part, de redorer l’image ternie de l’Etat congolais, devenu, selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, « un abattoir d’êtres humains ».

  1. AU GOUVERNEMENT

De prendre des mesures qui s’imposent pour:

  • Que les familles des victimes soient rétablies dans leurs droits et dédommagées;
  • Que les personnes blessées soient entièrement prises en charge par l’Etat congolais, et que les personnes arrêtées soient libérées sans condition.
  1. A LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
  • De diligenter une enquête sérieuse et indépendante sur les tueries du 25 février 2018 mais aussi du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018, afin que les auteurs de ces actes ignobles et leurs commanditaires soient identifiés et sanctionnés;
  • De veiller à l’application stricte et intégrale de l’Accord de la SaintSylvestre pour permettre que le processus électoral se déroule dans la sérénité et la paix avec l’implication effective de toutes les parties prenantes.

Nous restons saisis de la question pour continuer à défendre jusqu’au bout les droits de l’homme en République Démocratique du Congo.

Fait à Kinshasa, le 28 février 2018

 

Le secrétariat exécutif national du RENADHOC
© Congoindépendant 2003-2018

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