Lettre Ouverte aux Recteurs et Présidents des Instituts Supérieurs et Universitaires en RDC

  1. CONSTATS
  • Tongele N. Tongele

    Tongele N. Tongele

    Recteurs et présidents des instituts supérieurs et universitaires en RDC: c’est vous qui êtes à la tête de ces institutions. C’est vous qui gouvernez, administrez et gérez les instituts supérieurs et universitaires en RDC. Ceci inclut ou devrait inclure, entre autre, approuver l’engagement et la promotion des professeurs; communications qui devraient être de nature motivationnelle et inspirationelle pour les étudiants; décisions de créer, d’abolir ou de reformer les facultés et les départements académiques; décisions sur maintenance et sécurité au sein de vos institutions; évaluation du fonctionnement des institutions pour éradiquer les corruptions et promouvoir du bon fonctionnement; entretient des relations publiques avec les populations vivant au tour de vos institutions, relations avec les medias, relations avec les hommes et femmes d’affaires pouvant collaborer avec vos institutions, relations avec les ministères et instances politiques; ainsi que l’entretenir des relations extérieures avec des universités et institutions étrangères, etc.

  • Chaque année, vos instituts supérieurs et universitaires délivrent des diplômes de maitrise, de licence, et même de doctorat, aux étudiants. Ceux-ci devraient être des transformateurs de la société, des créateurs d’entreprises et des usines grâce à leur formation académique. Mais hélas! La réalité des choses est celle du chômage de plus de 90 pourcent des ressortissants de vos institutions. Pourquoi ces diplômés ne deviennent-ils pas créateurs d’entreprises et transformateurs de la société après leur formation dans vos instituts supérieurs et universitaires? En d’autres termes, vous voyez et savez très bien qu’il y a des milliers si pas des millions des diplômés de vos instituts supérieurs et universitaires qui croupissent dans la misère et le chômage parce qu’ils ne trouvent pas d’emplois. Mais pensez-y: n’est-ce pas que la vocation fondamentale de vos instituts supérieurs et universitaires doit et devrait être de former des transformateurs de la société, des créateurs d’entreprises et des usines, et non pas simplement des chercheurs d’emplois avec des diplômes académiques en mains?
  1. CE QUE CES CONSTATS IMPLIQUENT
  • Il n’y a pas d’instituts supérieurs et universitaires sans étudiants. Les étudiants sont et constituent la vie même de vos instituts supérieurs et universitaires. Par conséquent, la fonction primordiale et ultime d’un recteur ou d’un président d’institut supérieur/universitaire doit et devrait être la vie des étudiants et la qualité de la vie académique des étudiants. Donc, la formation des étudiants pour devenir connaisseurs, chercheurs, innovateurs, entrepreneurs, inventeurs et créateurs d’idées et d’actions pour résoudre les problèmes pressants de la société dans laquelle ils vivent, améliorer leurs propres conditions de vie et celles de leurs familles, est et devrait d’être le premier objectif et l’objectif fondamental pour tout recteur et président d’institut supérieur et universitaire en RDC.
  • Recteurs et présidents des instituts supérieurs et universitaires en RDC
    • Vous êtes et devriez être meneurs d’idées novatrices: Croyez-vous vraiment, en toute conscience, que vous êtes des meneurs en chef d’ idées, des perspectives et d’actions à appliquer au sein de vos institutions pour assurer que vos étudiants puissent acquérir et développer des connaissances, habiletés et compétences techno-professionnelles pour devenir transformateurs de la société? Faites-vous des sondages et des statistiques pour annuellement déterminer combien de vos étudiants diplômés créent des services, des usines, des entreprises, et des activités de production qui effectivement contribuent à l’élimination du chômage, de la pauvreté, et contribuent au progrès socio-économique du pays?
    • Votre première préoccupation doit et devrait être l’avenir professionnel de vos étudiants: Est-ce que vous créez et reformez vos facultés et départements académiques pour répondre aux besoins pressants de la société? Est-ce que vous évaluez annuellement vos programmes de cours pour voir si réellement ces cours font acquérir aux étudiants les connaissances et capacités que vos facultés et départements devraient communiquer aux étudiants? Est-ce que vous établissez de façon claire et vous présentez aux professeurs et étudiants les besoins pressants de la société que chaque faculté ou département est censé envisager de résoudre? Avez-vous mis sur pied un ou des mécanismes pour continuellement évaluer et assurer que les cours dispensés dans vos facultés et départements communiquent effectivement aux étudiants la capacité techno-professionnelle de répondre à ces besoins pressants de la société? Est-ce que vous communiquez et expliquez régulièrement aux étudiants les types de services et d’entreprises qui correspondent aux facultés et départements dans lesquels ils s’enrôlent? Est-ce que vous encouragez les étudiants à créer ces services et entreprises après avoir complété leurs études et non pas simplement se mettre à chercher d’emplois? En toute sincérité, qu’est-ce qui vous préoccupe le plus: les frais académiques, l’argent, ou l’avenir professionnel des étudiants qui s’enrôlent dans vos instituts supérieurs et universitaire?
  • Formation des transformateurs de la société: En tant que recteurs et présidents d’instituts supérieurs et universitaires, est-ce que vous exprimez et expliquez clairement aux étudiants qu’ils ne s’enrôlent pas dans vos instituts pour mémoriser des théories, des idées et des formules, mais plutôt pour apprendre comment utiliser ces théories, ces idées et ces formules pour créer des services et entreprises pour résoudre les problèmes de la société, améliorer les conditions de vie quotidienne , et ainsi transformer la société? Est-ce que vous communiquez régulièrement avec les étudiants et les professeurs sur la mission, les modes de gouvernance du système universitaire, et la nécessité que les activités d’enseignement et de recherche puissent avoir un impact direct sur la société en termes de contribution palpable au développement industriel et technologique, social, culturel, politique et économique en RDC?
  • Pèlerins de la vérité et mobilisateurs pour la transformation de la société: Combien de fois par an tenez-vous des conférences, dialogues et rencontre avec les doyens, chefs des départements, professeurs, étudiants, employés non-académiques de vos institutions, membres des comités de direction et de gestion, hommes et femmes d’affaires, députés, sénateurs et ministres, gouverneurs, présidence, etc., pour présenter les succès, les découvertes et les inventions de vos institutions; pour présenter l’impact direct et indirect que ces découvertes académiques peuvent avoir sur la société; et en même temps recueillir et rassembler des avis et des idées pour améliorer la qualité de vos programmes de cours, de vos programmes de stage des étudiants? Tenez-vous des conférences, animez-vous des émissions radiotélévisées pour présenter aux populations comment vos institutions font des recherches sur les réalités socio-économiques du pays, comment vos professeurs et étudiants à travers leurs études et recherches proposent des solutions aux divers problèmes de la société? Est-ce que vous faites des conférences et animez des émissions pour stimuler les pensées de la jeunesse, inviter les femmes et hommes d’affaires, invitez les dirigeants politiques à s’impliquer dans l’effort pour améliorer les conditions sanitaires, la maintenance, la sécurité, et d’autres services au sein de vos instituts supérieurs et universitaires?
  1. LA QUESTION DE MANQUE DE MOYEN FINANCIER

L’argument de manque de moyen financier est souvent utilisé par des recteurs et présidents d’instituts supérieurs et universitaires en RDC pour expliquer et/ou justifier l’échec terrible de leurs institutions à jouer leur rôle fondamental d’équiper les étudiants avec les connaissances et compétences techno-professionnelles pour devenir créateurs, innovateurs et entrepreneurs. Les analyses faites sur cet argument démontrent que le manque de moyen financier n’est pas la raison fondamentale de l’échec terrible des instituts supérieurs et universitaires en RDC.

En effet, le minimum de moyen financier avec lequel chaque institut fonctionne doit et devrait être le minimum dont l’institut a besoin pour créer, transmettre, appliquer et faire appliquer les connaissances et compétences techno-professionnelles aux étudiants enrôlés. Il est aussi démontré que les instituts supérieurs et universitaires en RDC sont plus préoccupés à récolter les frais académiques que les étudiants doivent payer, et moins préoccupés de la qualité des cours et des connaissances appliquées que ces instituts doivent et devraient communiquer aux étudiants. Si donc un institut n’a pas le minimum de moyen financier pour fonctionner proprement et correctement, l’institut ne devrait pas enrôler des étudiants, les faire payer des frais académiques, dispenser des cours médiocres, vendre ou faire vendre des diplômes sans valeur, etc. Un tel institut doit et devrait carrément et purement cesser d’exister et de fonctionner.

Les analyses ont démontré que le vrai problème, qui est à la base de la médiocrité des instituts supérieurs et universitaires en RDC est plutôt l’un ou l’autre ou la combinaison de ce qui suit:

  • L’insouciance des recteurs et présidents qui ignorent, ou sont ignorants de, ce que devrait être leur vrai rôle et leur première responsabilité: à savoir la qualité de la vie académique et professionnelle des étudiants.
  • L’incompétence des recteurs et présidents qui parviennent à la tête de ces institutions sans avoir la connaissance et l’expérience nécessaires pour une bonne gouvernance et une bonne gestion.
  • Recteurs et présidents aveuglés par la course à l’enrichissement personnel par tous les moyens possibles y compris la corruption et la prostitution politique.
  • Recteurs et présidents qui ne prêtent pas attention au curriculum académique, au contenu des cours et programmes des divers départements et facultés; et manque d’attention et d’évaluation de comment les cours sont dispensés.
  • Corruption rampante dans les institutions jusqu’au point où les étudiants achètent les questions d’examens, achètent des points pour passer d’examens, achètent des diplômes, etc.f) Manque du sérieux au sein des institutions: manque du sérieux dans le processus d’admission des étudiants; manque du sérieux dans la gestion des affaires académiques; manque du sérieux dans les relations entre les différents personnels académiques en ce sens que les recteurs et présidents ne tiennent pas des communications de valeur avec les membres des comités de direction et de gestion, avec les doyens, avec les chefs des départements, avec les professeurs, avec les étudiants, avec les employés non-académiques, etc.

Sans minimiser le rôle de moyen financier dans le fonctionnement des institutions académiques, il faut se le rappeler que c’est la volonté, la détermination, l’imagination, la créativité et le courage des recteurs et présidents de ces institutions qui déterminent le succès ou l’échec de ces institutions académiques. Pensez-y: ce n’est pas l’argent qui conçoit les cours et les programmes académiques. Ce n’est pas l’argent qui donne la direction à suivre. Ce n’est pas l’argent qui donne d’idées, des perspectives et d’actions à appliquer au sein de ces institutions académiques. Ce n’est pas l’argent qui crée et reforme les facultés et départements académiques pour répondre aux besoins pressants de la société. Ce n’est pas l’argent qui exprime et explique clairement aux étudiants, et stimulent les étudiants à se convaincre, qu’ils ne s’enrôlent pas dans ces institutions académiques pour mémoriser des théories, des idées et des formules; mais ils s’enrôlent pour apprendre comment utiliser ces théories, idées et formules pour transformer la société, créer des services et des entreprises pour résoudre les vrais problèmes de la société et améliorer les conditions de vie quotidienne. Ce n’est pas l’argent qui tient des conférences, les dialogues et les rencontres avec les doyens, les chefs des départements, les professeurs, les étudiants, les employés non-académiques, les membres des comités de direction et de gestion, les hommes et femmes d’affaires, les députés, les sénateurs et les ministres, les gouverneurs, la présidence, etc. Ce n’est pas l’argent qui donne cours, qui forme des étudiants à devenir inventeurs, innovateurs et entrepreneurs.

L’appel est ici lancé aux recteurs et présidents des instituts supérieurs et universitaires en RDC de faire un examen de conscience sérieux et sans préjugé, d’analyser et déterminer leurs responsabilités personnelles et professionnelles. Il est urgent d’inclure et d’engager les personnels académiques dans cette analyse et réflexion, afin que tous puissent décider de changer de cœur et de mentalité, courageusement se lancer sur le chemin de reforme personnelle, professionnelle et institutionnelle, avec comme objectif de mettre la vie académique des étudiants et leur avenir professionnel au centre de tout.

  1. CONCLUSION

L’enseignement supérieur et universitaire vise, doit et devrait viser à former des étudiants cultivés et éclairés, afin qu’ils deviennent des personnes capables de contribuer au développement social, culturel, politique et économique de la société. L’enseignement supérieur et universitaire doit et devrait créer des cours et des programmes académiques grâce auxquels les étudiants acquièrent et développent des connaissances, compétences et capacités technoscientifiques et professionnelles pour répondre aux attentes immédiates et aux besoins urgents et non-urgents de la société. L’enseignement supérieur et universitaire doit en quelque sorte se conjuguer aux trois temps: passé, présent et futur, car il a pour buts la conservation, la transmission et la production de la connaissance créatrice et innovatrice.

Des analystes ont démontré que la cause de l’échec terrible des instituts supérieurs et universitaires en RDC réside dans l’une ou l’autre ou la combinaison des raisons suivantes: l’insouciance, l’ignorance, l’inconscience, l’incompétence, la corruption, l’égoïsme, le manque du sérieux, le manque de courage et détermination des recteurs et présidents de ces instituts supérieurs et universitaires. C’est pourquoi ces instituts ont lamentablement échoué de jouer leur rôle fondamental dans le développement technologique, industriel, économique, socioculturel et politique pour l’amélioration des conditions de vie quotidienne en RDC. La RDC patauge et recule parce que ses instituts supérieurs et universitaires n’appliquent pas la science à la réalité du vécu, n’équipent pas ses jeunes filles et jeunes garçons avec les connaissances appliquées, compétences et capacités techno-professionnelles pour devenir inventeurs, innovateurs, et entrepreneurs.

Ce n’est cependant pas trop tard. Recteurs et présidents des instituts supérieurs et universitaires en RDC: vous pouvez maintenant même et immédiatement vous ressaisir, reprendre votre rôle combien important de diriger courageusement vos institutions avec bonne gouvernance et bonne gestion, entamer avec ferme détermination la reforme des cours, des programmes, des facultés et départements, afin que vos institutions puissent refocaliser l’enseignement sur son rôle de créer, transmettre, appliquer et faire appliquer les connaissances; former les étudiants à utiliser les théories et formules apprises pour imaginer, inventer, innover, et créer des entreprises, des laboratoires de recherche et des usines pour transformer sur place les immenses ressources naturelles de la RDC en produits finis. Vous serez ainsi fiers de voir vos anciens étudiants créer des entreprises pour fabriquer sur places des ampoules, des fils électriques, des cellules photovoltaïques et panneaux solaires, des montres, des téléphones, des calculatrices, des appareils électromécaniques et électroménagers, des logicielles, des ordinateurs, des voitures, des trains, des bateaux, des avions et leurs pièces de rechanges, des produits pharmaceutiques à base des plantes médicinales abondantes en RDC, des entreprises de constructions des routes, des chemins de fer, des aéroports et ports, etc. Ainsi, les jeunes filles et jeunes garçons formés dans vos institutions, par les travaux de leur imagination créatrice, élimineront le chômage et la pauvreté en RDC, pour en faire le moteur du développement technologique et industriel de l’Afrique.

 

Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’université aux USA
tongele@cua.edu

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