L’inanition de la conscience frappe de nombreux intellectuels.

Sur les traces de leur collègue [Evariste] Boshab, des intellectuels se répandent sur les réseaux sociaux et dans la presse en évoquant l’ « inanition de la nation ». Pour Boshab, il s’agissait de préparer une révision de la constitution. Pour ces intellectuels, il s’agit d’oublier la plus vaste fraude électorale du pays, et de « tourner la page » puisqu’il n’y aura pas « inanition de la nation ».

En réalité, les contorsions juridico-pragmatiques reviennent à procéder à une révision de deux valeurs fondamentales pour tout humain: la vérité et la justice.

La vérité des urnes, c’est-à-dire la vérité du comptage des voix serait une vérité relative?

Se prenant subitement pour des pénalistes défendant des criminels, Il existerait une « vérité sociologique » et une « vérité judiciaire » et dans le cas des urnes c’est la dernière qui primerait?

Dans le cas des urnes, il ne s’agit pas de « vérité sociologique » ni de « vérité judiciaire », il s’agit d’une « vérité arithmétique » avérée et d’une « décision d’une justice corrompue » qui a primé.

Si on peut avoir des doutes sur l’inanité de la nation, il n’en existe aucun quant à l’inanité de la conscience et de la raison de ces intellectuels.

Pour eux, outre le subit respect pour la cour constitutionnelle, « il faut tourner la page ». La page de la vérité et de la justice? Celle des centaines de milliers de morts, de déplacés, des enfants qui meurent aujourd’hui de faim au Kasaï et dans d’autres régions? Pour ceux qui ne connaissent pas la signification d’inanité, une telle déclaration est un exemple d’inanité – d’extrême faiblesse – qui frappe les cerveaux de nombre d’intellectuels.

Autre manifestation de cette forme d’inanité, ils ajoutent que « L’ère de la pensée unique étant révolue, nous devrions nous interdire de jeter l’anathème sur d’autres personnes pour la simple raison qu’elles ne partagent pas les mêmes idées que nous! » La pensée unique concernant la vérité et la justice? D’autres personnes qui défendent la vérité et la justice?
Il ne faudrait pas jeter l’anathème sur les fraudeurs, les menteurs et les corrompus?

Pour beaucoup d’intellectuels, les valeurs de vérité et de justice ne semblent plus d’actualité, Les débats sur la vérité et la justice deviennent « purement académiques et juste bons pour meubler les temps de loisirs ».

Non messieurs, dénoncer la fraude et le mensonge comme dénoncer la corruption n’est pas « pour meubler les temps de loisir » c’est un devoir civique de tout citoyen et surtout pour les intellectuels, professeurs de surcroît censés avoir une influence sur leurs concitoyens.

Défendre la vérité n’est pas une question de personnes ou de parti et faire croire le contraire est malhonnête. Vilipender les défenseurs de la vérité et de la justice comme on le fait avec nos prélats est simplement odieux. En critiquant systématiquement ceux qui ne font que réclamer vérité et justice on choisit son camp. Celui du mensonge, de la fraude et de la corruption. Il ne s’agit pas « … d’avancées sur le chemin de la démocratie et de l’Etat de droit ».

Pour ajouter le ridicule à cette pathologie grave qu’est l’inanité de la conscience, certains comparent les contestations électorales aux Etats-Unis, Etat de droit, avec la contestation des pratiques de la CENI qui refuse de respecter les lois et d’une cour constitutionnelle qui n’en est pas à sa première forfaiture.

Beaucoup de nos intellectuels, sous couvert de pragmatisme, éblouis par une alternance trafiquée, sont prêts à toutes les contorsions morales pour justifier l’injustifiable. Comme le rappelait récemment le père Emmanuel Bueya, « Dans cette folie post électorale, Kabila devient le père de l’alternance, Tshilombo un génie politique et Mafa un intransigeant perdant. Un renversement inouï des perspectives. Doit – on encore s’étonner que le pays s’enfonce davantage dans le marasme total? …. Et s’il y a quelque vérité à enseigner aux plus jeunes, plaise que ce soit cette sagesse qui distingue le vrai du faux, le bien du mal ».

Les défenseurs de la vérité et de la justice ne prônent pas la violence, ils ne versent pas dans « un défaitisme qui déboucherait sur une certaine pyromanie intellectuelle ». Ce sont les défenseurs de la fraude et du mensonge, ceux qui veulent « tourner la page » et oublier les mensonges, les fraudes et autres crimes qui finiront par exaspérer la population qui devant tant de traîtrise de ses soi-disant élites pourrait être tentée, comme le disent certains « … d’adopter l’attitude de Caligula en mettant le feu à la maison commune que constitue la Nation congolaise ».

Les défenseurs de la vérité et de la justice ne vont pas « passer 5 ans à revendiquer leur propre vérité des urnes ». Il ne vont effectivement pas revendiquer leur « propre » vérité, ils vont revendiquer LA VERITE et ce jusqu’à leur dernier souffle.

Ils vont continuer à dénoncer les fraudes, les mensonges et la corruption et ils auront fort à faire car désormais un grand nombre d’intellectuels sont atteint d’inanition de la conscience et ont rejoint le camp des forces du mal.

 

Par Jean-Marie Lelo Diakese

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