
Lors de la célébration de la 32ᵉ Journée mondiale de la liberté de la presse à Kinshasa, lundi 5 mai, le président Félix Tshisekedi a livré une allocution au ton ferme, visant notamment à clarifier la position de l’État congolais face à la controverse entourant le partenariat stratégique avec les États-Unis autour de l’exploitation des minerais critiques. « Jamais, au grand jamais, je ne permettrai le bradage de nos minerais« , a-t-il martelé.
Entre transition énergétique et position géostratégique de la RDC
La République Démocratique du Congo détient certaines des plus importantes réserves mondiales en minerais dits “critiques” (cobalt, lithium, cuivre, germanium), indispensables aux technologies vertes, aux batteries électriques et à la transition énergétique globale. Dans ce contexte, le partenariat avec Washington répond autant à des enjeux économiques qu’à une logique d’alignement stratégique, dans un monde de plus en plus polarisé entre puissances industrielles.
La collaboration RDC-USA – encore peu détaillée – s’inscrit dans une volonté américaine de sécuriser ses chaînes d’approvisionnement en dehors de l’influence chinoise, fortement implantée dans le secteur minier congolais. Pour Kinshasa, il s’agit aussi d’attirer des investissements à haute valeur ajoutée, en échange d’un meilleur encadrement de l’exploitation minière et de la montée en gamme industrielle.
Une accusation de “bradage” qui divise
Cependant, l’opacité entourant certains aspects de ce partenariat suscite des critiques tant sur les réseaux sociaux que dans certains médias locaux. Des accusations de “bradage” ou de “cession déguisée” des ressources stratégiques reviennent sans cesse. Face à ces critiques, Tshisekedi est formel : « Jamais, je ne braderai les richesses de la RDC ». Garant du bon fonctionnement des institutions, le chef de l’Etat se positionne ainsi comme le « dépositaire » de la souveraineté économique du pays. Il a dénoncé, au passage, de la manipulation.
La presse entre liberté et responsabilité
Le discours présidentiel, bien que favorable à la liberté de la presse, s’est voulu aussi une mise en garde : informer, oui, mais avec rigueur, éthique et responsabilité. Le Président de la République a clairement interpellé les médias congolais sur la nécessité de croiser les sources et d’éviter la désinformation, notamment sur des sujets aussi sensibles que les partenariats économiques stratégiques.
Cette déclaration résonne dans un contexte où la presse congolaise, en pleine mutation numérique, est encore fragile, parfois perméable aux influences politiques ou économiques. Le premier magistrat du pays semble encourager l’émergence d’une presse plus professionnelle, sans pour autant tolérer les débordements qui pourraient brouiller l’image du pays.
Souveraineté, démocratie et exigence de transparence
Au-delà des formules, le défi pour Félix Tshisekedi sera de traduire ses engagements en actes concrets : transparence des contrats miniers, redistribution équitable des bénéfices, renforcement de la gouvernance. Sans omettre l’amélioration de l’environnement des affaires par une lutte implacable contre la corruption et les tracasseries administratives.
Entre la défense de la souveraineté nationale et la recherche de partenaires stratégiques, la RDC marche sur une ligne de crête. Le président a clairement choisi d’affirmer son leadership dans ce domaine, tout en appelant à une vigilance collective face aux narratifs déstabilisants.
Mais la souveraineté ne se proclame pas seulement dans les discours. Elle se construit dans la transparence, la consolidation de la séparation des pouvoirs et des médias libres.
Obed Vitangi Kakule
Leave a Reply