Plus de 25,8 millions de Congolais font face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire

Suivant un communiqué de presse du 29 mai de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), “l’insécurité alimentaire en RDC au cours des cinq dernières années reste l’une des plus élevées au monde. Elle place les populations vulnérables dans une situation difficile”. L’insécurité alimentaire est l’incapacité d’un pays à garantir à toutes les couches de la population l’accès à un approvisionnement alimentaire suffisant, équilibré et régulier. La faim est présente dans beaucoup de familles.

Le communiqué rapporte aussi que la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) publiée par le gouvernement révèle que 25,8 millions de personnes, soit un quart de la population, sont toujours confrontées à des niveaux élevés de crise alimentaire. L’IPC est une initiative multipartite visant à améliorer l’analyse et la prise de décision en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.

“Les délégués du gouvernement, les agences des Nations unies, les ONG et d’autres parties prenantes travaillent ensemble pour déterminer la gravité et l’ampleur des situations d’insécurité alimentaire aiguë et chronique et de malnutrition aiguë selon des normes internationalement reconnues”. Au Congo, l’insécurité alimentaire est provoquée par de mauvaises récoltes, des déplacements dus à la violence, des maladies, le chômage et l’effondrement des infrastructures. Les provinces de Kasaï, Tanganyika, Nord-Ubangi, Kasaï-Central, Nord-Kivu et Sud-Kivu présentent les taux d’insécurité alimentaire les plus élevés. Il est difficile d’expliquer les problèmes d’insécurité alimentaire dans un pays baigné par le Soleil, arrosé par des pluies abondantes, disposant de vastes étendues de terre arable sans compter des rivières, lacs, fleuve poissonneux. Une bonne gouvernance aurait pu permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et d’exporter les surplus agricoles. L’agriculture aurait permis au pays de s’enrichir et de lutter contre la pauvreté.

On oublie souvent que les pays industrialisés sont avant tout de grandes puissances agricoles. Les fluctuations des prix et la dépréciation continuelle de la monnaie contribuent à priver une grande partie de la population d’accéder à une alimentation suffisante.

Par ailleurs, la déficience du réseau de transports et des moyens de communication constitue un autre problème majeur à la commercialisation des cultures vivrières ainsi qu’ à la distribution d’intrants à l’intérieur du pays. Depuis son indépendance, en 1960, le pays n’a pas construit un seul mètre de chemin de fer mais a détérioré ce qui existait. Le manque des capacités ferroviaires et portuaires est à déplorer. Il arrive souvent que les denrées alimentaires pourrissent dans des gares ferroviaires ou dans des ports. Le journaliste et explorateur britannique Henry Morton Stanley n’avait-il pas affirmé au 19ème siècle que “sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny”.

La FAO et le PAM (Programme alimentaire mondial) estiment à 6,7 millions le nombre de personnes en situation de crise ou d’urgence alimentaire dans le Nord et le Sud-Kivu et en Ituri. Cela représente une augmentation de 10% par rapport à l’année dernière. Les agences des Nations Unies signalent que des niveaux records de faim nécessitent un soutien aux moyens de subsistance et un investissement à long terme pour aider à résoudre la crise. Suivant la FAO, “la RDC a un besoin urgent de financements supplémentaires pour stimuler la production agricole et promouvoir la diversification de l’alimentation et des sources de revenus”.

La FAO a besoin de plus de 106 millions de dollars pour aider environ 1,8 million de personnes dans les secteurs de la culture, de l’élevage et de la pisciculture en 2023. Le PAM cherche plus de 257 millions de dollars pour maintenir les programmes essentiels au cours des six prochains mois. Il reste à trouver les financements au moment où les principaux pays donateurs détournent leur aide vers l’Ukraine.


Gaston Mutamba Lukusa

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