Présidence: un jusqu’au-boutiste nommé « Néhémie »

Mercredi 31 janvier. Une cérémonie d’échange de vœux de nouvel an entre le « dircab » du Président hors mandat et le personnel administratif et politique œuvrant à la Présidence de la République a servi de prétexte à Néhémie Mwilanya Wilondja pour faire une sortie médiatique. Ce dernier a invité le personnel à « accompagner » « Joseph Kabila » dans la réalisation de « toutes les promesses » faites aux Congolais « aussi bien aux plans politiques que socio-économiques ». Juriste de formation, le « dircab » à la Présidence parait, à l’instar de son patron de président, déconnecté des réalités. Il feint d’ignorer que « Kabila » vient de totaliser 17 années à la tête de l’Etat congolais. Et que son dernier mandat constitutionnel a expiré le 19 décembre 2016.

Dans son speech, le « dircab » Mwilanya, mieux connu sous son prénom de « Néhémie », a commencé par « inviter » le personnel administratif et politique « à accompagner » le Président hors mandat pour permettre à celui-ci de « continuer » à « diriger le pays » mais aussi à « protéger sa souveraineté » et « son indépendance » et « lui assurer le progrès économique et social auquel il aspire ».

Néhémie Mwilanya Wilondja fait manifestement partie de ces « jusqu’au-boutistes » qui entourent « Joseph Kabila ». Des hommes et des femmes qui font croire à celui-ci qu’il est un « homme providentiel ». Sans omettre d’ajouter que le bilan de ses 17 années à la tête de l’Etat serait « positif ». Et que le « peuple souverain » n’attendrait qu’un mot d’ordre pour faire sauter, lors d’un référendum, les verrous constitutionnels qui l’empêchent de briguer un nouveau mandat.

A en croire Mwilanya, « le Congo va mieux qu’hier ». Là où le bât blesse est que le locuteur s’est gardé d’aller jusqu’au bout de sa logique en citant les secteurs de la vie nationale qui ont affiché de l’embellie au cours des 17 dernières années. La sécurité des personnes et des biens? Le respect des droits et libertés? L’éducation? La Santé? L’approvisionnement en eau courante et en électricité? L’amélioration du cadre de vie par le renforcement de l’hygiène et le ramassage des ordures ménagères? Silence radio.

Néhémie Mwilanya Wilondja

Faisant fi de ces graves lacunes, le « dircab » choisit la facilité en demandant au personnel de la Présidence de la République « d’être davantage loyal » vis-à-vis du « patron » et de « faire bloc » autour de celui-ci « contre vents et marées ». L’objectif, selon lui, est « de tout faire pour que l’institution ‘Président de la République’ puisse rayonner et de la plus belle lumière, comme la clé de voûte du système institutionnel du pays ».

« Néhémie » conclut son speech en exhortant l’équipe en service au Palais de la nation « à accompagner le chef de l’Etat dans l’aboutissement heureux du processus électoral en cours ».

« GOUVERNEMENT PARALLÈLE »

Natif du territoire de Fizi au Sud-Kivu, Néhémie Mwilanya Wilondja occupe son poste actuel depuis le 26 mai 2015. Depuis bientôt trois ans, l’homme passe, plus à raison qu’à tort, pour l’incarnation du fameux « gouvernement parallèle » ou « gouvernement perpendiculaire » que dénonçaient respectivement Vital Kamerhe alors président de l’Assemblée nationale et François-Joseph Nzanga Mobutu du temps où il participait au « gouvernement formel ».

Professeur de droit à l’université de Kinshasa, Mwilanya est perçu au sein de l’opinion congolaise comme le véritable Premier ministre; Bruno Tshibala n’exerçant que l’apparence de cette fonction.

« Au royaume des aveugles, le borgne est roi », dit un adage populaire. Le « professeur » Néhémie semble impressionner « Joseph Kabila » au point que celui-ci le laisse « co-gérer » certains ministères et organismes publics. L’opinion congolaise a été surprise récemment de le voir à la tête d’une « commission d’enquête » au poste frontière de Kasumbalesa.

Aux dernières nouvelles, on apprenait qu’aucun membre de l’équipe Tshibala ne peut sortir du territoire national sans le « feu vert » donné par le « dircab » à la Présidence. Peu importe que le concerné soit porteur d’un ordre de mission signé par le « chef » du gouvernement.

A travers sa petite sortie médiatique, Mwilanya a confirmé que « Joseph Kabila » n’a pas trouvé les « 15 collaborateurs » qu’il recherche depuis 2008. Aussi, s’est-il contenté de quelques flagorneurs, des jusqu’au-boutistes qui considèrent le pouvoir d’Etat comme un privilège et non un service à rendre à la collectivité.

Comment peut-on imaginer voir « l’institution président de la République rayonner de la plus belle lumière », pendant que l’occupant du moment fait la sourde oreille face aux frustrations de la population et donne l’impression d’être plus au service d’un clan que de l’intérêt général?

 

B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2018

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %