Quand l’eau potable ne coule plus aux robinets

En RD Congo, nous avons des sources d’eau, des ruisseaux, des rivières, un fleuve et des lacs. Il pleut aussi abondamment. Mais l’eau au robinet est rare. Enfer et damnation!

Quand j’étais tout jeune, notre enseignant nous parla d’une antilope qui mourait de soif au bord d’une rivière. Nous faillîmes mourir de rire. Cet enseignement prophétique se réalise aujourd’hui. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la pourrie, des communes entières ne sont pas desservies par l’eau potable. Ceux qui sont frappés par ce mal terrible circulent à pied ou en voiture avec des bidons orange de 25 litres pour faire le plein d’eau là où c’est possible. Stupeur et tremblements!

D’après les dirigeants de la REGIDESO, la société qui fait semblant de distribuer de l’eau potable, la ville de Kinshasa ou ce qu’il en reste, a besoin de 1 million de m³ d’eau chaque jour. Or, la capacité théorique de production d’eau est de 550 mille m³ par jour. Quand on y ajoute la vétusté des équipements et les coupures d’électricité qui mettent à l’arrêt les usines d’eau, c’est finalement très peu d’eau qui arrive à destination.

Bref, passons. Toute action appelle réaction. C’est la mécanique newtonienne. Ceux qui disposent de moyens et qui ne disposent pas d’eau ont commencé à recourir au forage d’eau potable. C’est comme l’œuf de Christophe Colomb, il fallait y songer! Régulièrement, on voit les fameux bidons jaunes alignés devant une résidence afin de puiser l’eau potable provenant d’un forage. Certains distribuent cette eau gratuitement alors que d’autres facturent 200 francs le bidon.

Malins comme des rats ou des cancrelats, les pompiers avaient trouvé là un moyen de se faire du fric. Ils remplissaient leur citerne d’eau qu’ils allaient revendre. Ce qui ne devait pas arriver, arriva. Une nuit, leur caserne prit feu. Mais comme les citernes étaient vides après des affaires fructueuses de la journée, il n’y eut pas assez d’eau pour éteindre l’incendie. La caserne brûla entièrement ainsi que les camions qui s’y trouvaient. Enfer et damnation!

Voilà les tribulations d’un Kinois à Kinshasa. Le bruit du fleuve n’empêche pas le poisson de dormir.

 

Gaston Mutamba Lukusa

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