Répression des manifestants pacifiques et sans armes: les autorités congolaises invitées à restituer aux familles les corps des victimes qu’elles n’ont pas pu protéger de leur vivant

Pour un enterrement digne et mettre un terme a la banalisation de la vie et la dignité humaine

 

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) et la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) sont vivement préoccupées, pour la énième fois par la politique de terreur mise en place par certaines autorités congolaises se traduisant par l’instrumentalisation à outrance des éléments de la Police nationale Congolaise (PNC), des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) et surtout des militaires de la Garde Républicaine (GR) ainsi que des agents des services de sécurité pour réprimer brutalement, violemment et dans le sang des manifestants pacifiques et sans armes revendiquant légitimement leurs droits fondamentaux.

Au cours des marches pacifiques du 21 janvier 2018 organisées par le Comité laïc de coordination de l’Eglise Catholique en vue d’exiger l’application intégrale de l’accord de la St sylvestre, nos deux organisations ont été témoins oculaires des violations des droits de la personne humaine et ont reçu de nombreuses allégations des violations des droits de l’homme à Kinshasa, capitale de la RDCongo. Il s’agit notamment des allégations relatives à la violation du droit à la vie et à l’intégrité physique; des allégations sur la violation du droit à la liberté de culte et la liberté de manifestation, du droit à la propriété ainsi que des allégations sur la privation arbitraire de liberté dans le seul but d’obtenir indûment des sommes d’argent , etc.

Elles ont constaté que contrairement à la version officielle de la police nationale congolaise(PNC), le nombre de personnes tuées et celui de paroisses ayant été impliquées dans la marche du 21 janvier 2018 à Kinshasa sont de loin plus élevés que ceux donnés par la Police Nationale Congolaise (PNC) comme détaillés ci-dessous:

I. PAROISSE SAINT MICHEL/COMMUNE DE BANDALUNGWA

Encerclement de la Paroisse tôt le matin par des militaires des policiers. Seuls les fidèles arrivés avant ledit encerclement ont pris part à la messe et aucun accès à l’église n’a été autorisé après l’encerclement de la Paroisse. Après la messe, des fidèles accompagnés des prêtres ont commencé la marche mais ont été dispersés non loin de la maison communale de Bandalungwa par des éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) ayant fait usage du gaz lacrymogène. Plusieurs personnes ont été brièvement interpellées le même jour dont entre autres:

  • L’abbé Luc ZOLA, stagiaire et résidant à la Paroisse
  • L’abbé Julien
  • Jean-Claude MUKEBA, Lecteur
  • KABISA, Président de la Commission Œcuménique Pool B Bandalungwa
  • Yanissa ILUNGA ELIE, mineur de son état, âgé de 15 ans, élève en 1er CO au Complexe scolaire St Michel. Il a été interpellé sur avenue Kisangani non loin de la Paroisse St Michel et copieusement passé à tabac puis embarqué dans le véhicule Jeefang avec trois autres adultes et acheminés au camp Kokolo. La victime a été relaxée quelques jours après grâce à l’intervention de son père.
    Il sied de souligner que la tentative de l’interpellation de M. l’Abbé Vicaire TSHIPAMBA Jaël a échoué grâce à l’intervention des fidèles de la Paroisse.

II. PAROISSE ST MUKASA À MALUEKA/COMMUNE DE NGALIEMA

Déroulement normal de la messe. Après la messe, la marche pacifique a été dispersée au niveau de la Regideso par les policiers à l’aide de gaz lacrymogène. Sorti de sa parcelle pour observer la marche, M. CHIRIMUAMI UKUBI a fait l’objet de sévices corporels de la part des policiers qui lui ont également arraché son téléphone portable et déchiré ses habits avant de le déshabiller publiquement et de l’embarquer à bord de leur jeep en compagnie de M. MUYA non autrement identifié accusé d’avoir filmé la scène de répression.

III. PAROISSE NOTRE DAME DE LINGWALA

Les policiers ont lancé le gaz lacrymogène dans la paroisse. Une religieuse et quatre (4) autres personnes ont été blessées par balles.

IV. SAINT FRANÇOIS DE LA SALLE DANS LA COMMUNE DE KINTAMBO

Lancement de gaz lacrymogène dans l’enceinte de l’église suivi des tirs à balles réelles et à bout portant. Une aspirante religieuse, mademoiselle Thérèse KAPANGALA, fille d’un officier supérieur de la police est tuée par balle pendant qu’elle tente d’entrer dans l’église pour se mettre à l’abri et quatre autres personnes sont grièvement blessées par balles.

V. PAROISSE SAINT GABRIEL DANS LA COMMUNE DE LA COMMUNE DE KALAMU

Déroulement normal de la messe. La marche commencée a été dispersée par des policiers qui ont tiré à balles réelles et lancé de gaz lacrymogène.

  • KUNDA Serge, fidèle de la Paroisse St Gabriel, maçon de son état, âgé de 46 ans, marié, père de cinq (5) enfant a eu une balle au front au niveau du Marché Kapela. La victime est actuellement hospitalisée dans la salle d’urgence d’un Hôpital à Kinshasa.
  • Un enfant non autrement identifié a eu des balles au niveau de la jambe et est présentement admis aux soins dans un Hôpital.

VI. PAROISSE SAINT AUGUSTIN/COMMUNE DE LEMBA

Lancement du gaz lacrymogène pendant la messe par des policiers et des militaires de la Garde Républicaine (GR). Ces derniers ont également tiré à balles réelles mettant ainsi tous les fidèles présents à la messe en débandade. M. NGANDU KISEBE Hussein, membre du parti politique de l’opposition « Union pour la Nation Congolaise (UNC) » et fidèle de la Paroisse Saint Augustin est atteint par balles à la sortie de la Paroisse. Le vicaire de la Paroisse est copieusement passé à tabac par des militaires qui ont même déchiré sa soutane.

VII. PAROISSE NOTRE DAME D’AFRIQUE/COMMUNE DE LEMBA

Déroulement normal de la messe. Après le culte, les fidèles en pleine marche ont été brutalement dispersés à l’aide du gaz lacrymogène par des policiers sous la conduite du Major Carine non autrement identifié alors qu’ils s’étaient mis à genoux pour faire preuve respectant ainsi le caractère pacifique de la marche. Plusieurs personnes ont été grièvement blessées et deux femmes interpellées. Il s’agit de mesdames Anna et Ivette. La première a été relaxée vers 16h00 et la deuxième vers 19h00 moyennant cent cinquante mille francs congolais (150.000FC, soit 93 USD).

Il sied de noter que devant la Paroisse Notre Dame d’Afrique, plusieurs passants ont été interpellés et amenés vers une destination inconnue.

VIII. PAROISSE CŒUR IMMACULÉ DE MARIE/COMMUNE DE MASINA

La messe a été célébrée. Après la messe, les prêtes accompagnés des fidèles ont marché jusqu’au niveau de la maison communale de Masina avant d’être brutalement dispersés à l’aide du gaz lacrymogène. Me Papy LUSE a été copieusement tabassé par des policiers et se trouve actuellement dans un état critique dans un Centre Médical dans la commune de Masina. Le Vicaire, l’abbé Remy KAMALUEY a été brutalisé et son téléphone portable et sa tablette ont été confisqués par un policier avant d’être restitués par le colonel Bienvenue du district de la Tshangu lundi 22 janvier 2018. Quatre (4) fidèles ont été interpellés et relaxés quelques heures après.

IX. PAROISSE DIVIN MAITRE/COMMUNE DE MASINA

Après le déroulement normal de la première messe, la marche a eu lieu mais a été dispersée par des policiers au niveau du marché liberté au moyen des coups de feu et des grenades à gaz lacrymogène. Les Abbés Jean Claude MAYAMBA et Glory MUKUAMA ainsi que M. Jean Hubert MUKENDI respectivement Curé, Diacre et dirigeant de la chorale ont été violentés avec une brutalité inouïe alors qu’ils se sont agenouillés et mis à prier pendant que les manifestants fouillaient.

Les deux Abbés ont été libérés le même jour, le curé à 15 heures, le diacre à 17 heures après intervention de la MONUSCO qui a été saisie par la CENCO. Le dirigeant de la Chorale a été libéré le lendemain matin le 22 janvier 2018.

Il convient, en outre de souligner que M. Mende Adjao Etienne, fidèle de la Paroisse Divin Maitre interpellé le 21 janvier 2018 par des militaires de la GR et amené vers une destination inconnue a été torturée, blessée, dénudée par lesdits militaires. La victime a été retrouvée mercredi 24 janvier 2018 à la Légion PIR où elle est détenue avec d’autres personnes interpellées le 21 janvier 2018.

X. PAROISSE SAINT ALPHONSE DANS LA COMMUNE DE MATETE

Déroulement normal de la messe et de la marche. Aucun incident n’a été signalé.

XI. PAROISSE SAINT MARC DANS LA COMMUNE DE MASINA

Un enfant de 10 ans a été blessé à la tête par la déflagration d’une grenade à gaz lacrymogène. Un autre garçon nommé KATIKA Perry a été sérieusement battu à la tête avec des coups de crosse d’un fusil.

XII. PAROISSE SAINTE FAMILLE DANS LA COMMUNE DE MASINA

Déroulement normal de la messe.

XIII. PAROISSE SAINT GYAVIRA DANS LA COMMUNE DE NGALIEMA

Après la messe, les fidèles accompagnés de M. l’Abbé Curé ont marché jusqu’au niveau de l’Ecole Pentecôte ou ils devaient croiser ceux de la Paroisse Saint Cyprien. A ce niveau, ils ont été brutalement dispersés par des éléments de la PNC qui étaient postés sur avenue de la mission.

XIV. PAROISSE SAINT CYPRIEN/COMMUNE DE NGALIEMA

Paroisse encerclé et dispersion des manifestants après la messe par des policiers qui ont réussi à barricadé la porte principale d’entrée.

XV. PAROISSE SAINT LUC DANS LA COMMUNE DE NGALIEMA

Une barrière a été érigée sur avenue Nguma par des militaires des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) lourdement armés pour empêcher les fidèles de marcher. Les fidèles ont commencé à entonner des chansons de louange au Seigneur dans l’enceinte de la Paroisse en faisant le rosaire… Jusqu’à ce que le Curé a clôturé par une prière et a demandé aux fidèles de rentrer chacun chez lui.

XVI. PAROISSE ST PHILIPPE/COMMUNE DE NGALIEMA

Déroulement normal de la messe. Munis des rameaux, chapelets et entonnant des chants religieux, les chrétiens ont marché courageusement et pacifiquement jusqu’au niveau du sous commissariat de police pont Maluku où ils se sont mis à genoux, les mains levées devant la barrière érigée par des éléments de la police lourdement armées qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Des personnes ont été interpellées, d’autres blessées et des actes de vandalisme ont été signalés:

  • Interpellés
    • Levi MAYAMBA et Jérémie;
    • Paye, non autrement identifié;
    • LENGANI MATABISI;
    • Mlle Prisca ISANGU;
    • MAYAMBA âgé de 32 ans;
    • Mlle Linda non autrement identifiée;
    • ILUNGA MBANGI;
    • Henri NGONGOLOSO;
    • ILUNGA.
  • Cas des pillages des boutiques et vols
    • Maison Prince Electronique, rue Mawanga n°46 Q/Lonzo, vol des appareils électroniques, des téléphones, 2 baffles et 1 ordinateur
    • Maison seigneur com. Noel MBUYA rue Mawanga n°2 Q/Lonzo
    • Cyber café Guillaume, av. Mawanga n°46 Q/Lonzo
    • Vol d’argent somme importante + 6 téléphones et des crédits
    • Boutique Tatu NGOY MUTSHAHUDI rue Mawanga n°46 Q/Lonzo vol d’argent
    • Maison Dimitry BUKAKA vol d’argent
    • vol d’argent au Bar du quartier situé sur la rue Musaka, Q/Lonzo

XVII. PAROISSE SAINT CHRISTOPHE/COMMUNE DE NGALIEMA

Après la messe, les fidèles accompagnés par M. L’Abbé Curé Dieudonné MUKINAYI et trois (3) prêtres ont marché jusque vers la Route de Matadi à destination de la Paroisse Saint Sacrement/Delveaux. Les fidèles de la Paroisse ont été brutalement réprimés et dispersés au niveau de l’entrée Méteo par des militaires de la Garde Républicaine (GR) venus à bord des jeeps et camions militaires de marque Jeefang. Voulant traverser la barrière érigée par des militaires, ces derniers ont tiré à balles réelles en l’air et tiré plusieurs fois le gaz lacrymogène dans la foule. Un groupe des fidèles et M. L’Abbé Curé Dieudonné se sont refugiés dans la parcelle en chantier du Ministre Félix Dénis KABANGE NUMBI située sur avenue Nguma dans la commune de Ngaliema.

Les fidèles ont été poursuivis par des militaires de la Garde Républicaine jusque dans l’enceinte de ladite parcelle. Des traitements cruels, inhumains ou dégradants ont été infligés aux manifestants par des militaires de la GR. Des téléphones et autres effets de valeur ont été emportés par des militaires. Après avoir séquestré les manifestants et le Curé, ils leur ont demandé de se déshabiller et de rester en sous vêtement. Les habits des victimes ont été emportés par des militaires. Plus d’une centaine des jeunes ont été embarqués à bord d’un camion militaire de marque Jeefang puis acheminés au siège de Légion Nationale d’Intervention de la Police Nationale Congolaise (LENI/PNC) situé sur avenue victoire dans la commune de Kasa-Vubu où ils ont continué à faire l’objet de bastonnade par des coups de poing , des pieds et de crosses d’armes. Certaines victimes ont été libérées le même jour moyennant remise d’une sommes d’argent par les proches et parents et d’autres seraient encore en détention. Quant au Curé Dieudonné MUKINAYI, un pantalon, t-shirt et babouches lui ont été remis par les proches du Ministre et a été embarqué à bord de la jeep puis acheminé à l’Inspection Générale de la Police (IG/PNC) située dans la commune de Lingwala. La victime a été libérée vers 17h00.

A titre illustratif, ci-après les noms de quelques personnes interpellées ayant fait l’objet d’extorsions:

  • Jonathan BOSANA KAPITA, 22 ans, interpellé le 21 janvier 2018, dépouillé de son permis de conduire,la carte d’électeur, la clé de contact, son téléphone portable et la somme de 20$+1.800FC. Il a été libéré à moitié nu le 22 janvier 2018;
  • Héritier SALEMA, demeure en détention jusqu’à ce jour;
  • MASONGELE KAMBA, 25 ans, arrêté le 21 janvier 2018, dépouillé de sa carte d’électeur et son argent (8000 FC) et libéré nu le 22 janvier 2018.

XVIII. PAROISSE MARIA CLARIA DANS LA COMMUNE DE MONT-NGAFULA

La Paroisse a comme unique sortie le passage obligé dans le camp Badiadingi pour déboucher sur la Route de Matadi dans la commune de Mont Ngafula. Les fidèles accompagné des prêtres ont traversé le camp et ont été dispersés à la sortie du camp par des militaires de garde du camp. Le Curé a été gardé à vue et relâché le même jour dans la journée.

XIX. PAROISSE SAINT LÉOPOLD DANS LA COMMUNE DE NGALIEMA

A la fin de la messe, les fidèles accompagnés de curé et quatre (4) prêtres ont marché en progressant vers rond- point, Kintambo Magasin. Ils ont été dispersés sur avenue des Ecuries non loin de l’Ecole Kilimani où des militaires de la Garde Républicaine et des éléments de la PNC avaient érigé une barrière. Suite au refus des manifestants qui tenaient coûte que coûte à traverser ladite barrière, des militaires de la Garde Républicaine ont commencé à tirer le gaz lacrymogène et à balles réelles. Les fidèles ont été contraints de retourner dans l’enceinte du Séminaire Jean XXIII où ils ont commencé à scander des chansons religieuses et lire le rosaire jusqu’à ce que le Curé ait fait une prière de clôture avant de demander aux fidèles de retourner chez eux.

Il sied de signaler un incident malheureux commis par des militaires de la Garde Républicaine postés à la barrière érigée sur avenue des Ecuries.

En effet, lors de l’altercation entre les fidèles et des militaires de la GR commis à la barrière, un militaire de la GR accroché sur un tank à jet d’eau chaude a lancé une grenade à défragmentation dans la parcelle située sur avenue des Ecuries n°15, quartier joli Parc, Commune de Ngaliema. Monsieur KAZUMBA KABAMBA Eric, âgé de 37 ans a été grièvement blessé par la fragmentation de ladite grenade. Il a été immédiatement acheminé dans un Centre Médical de proximité et s’en sort avec une grave blessure au pied droit et à la main gauche ainsi que plusieurs petites blessures causées par l’éclat de ladite grenade.

XX. PAROISSE SAINT SACREMENT DE DELVAUX DANS LA COMMUNE DE NGALIEMA

Les chrétiens qui ont commencé la marche en suivant la route de la Maternité de Delvaux ont été dispersées par des tirs et grenades lacrymogènes dans la cour de la paroisse et au couvent des prêtres.

Les hommes armés vêtus en tenue de la Police Nationale Congolaise (PNC) ont lancé des grenades lacrymogènes dans la salle de consultation des femmes en état de grossesse (salle de consultation prénatale, CPN), d’autres grenades étaient tombées à moins de deux mètres de chambres des femmes qui ont accouché. Les gaz avaient asphyxié, (suffoqué) les bébés et leurs mamans. Ces gaz ont provoqué aux bébés qui sortaient de la maternité le 23 janvier 2018, une allergie qui s’est manifestée par un rougeur sur les joues. C’est le cas notamment de Mme Zizi Mbengi Bambi qui était suffoquée avec son bébé qui a des rougeurs sur la figure.

En réaction au lancement des gaz lacrymogènes, certains chrétiens lançaient des pierres en direction des hommes en uniforme.

XXI. PAROISSE SAINT ALBERT DE MACAMPAGNE/COMMUNE DE NGALIEMA

Les chrétiens ont tenté de marcher. Ils ont été dispersés à l’aide des gaz lacrymogène jetés par des militaires des FARDC et des hommes en tenue de la Police. Séquestrés dans l’enceinte de la Paroisse, les chrétiens en étaient sortis après négociation entre le curé et les militaires de garde à la résidence du Général Tango Four.

XXII. PAROISSE SAINT JUSTIN DE QUARTIER-CONGO AU CAMP LUKA/ COMMUNE DE NGALIEMA

Les chrétiens sont partis de leur paroisse jusqu’au rond-point Sakombi où ils ont été empêchés de continuer à manifester. Le commandant du groupe de policiers avait supplié le curé de retourner à la paroisse.

XXIII. PAROISSE SACRE CŒUR DANS LA COMMUNE DE LA GOMBE

La messe a eu lieu. Après la messe, les fidèles ont marche jusque à l’entrée du collège Boboto où ils ont été repoussés par des policiers jusque dans l’enceinte de la paroisse.

XXIV. PAROISSE STE ANNE/COMMUNE DE LA GOMBE

La messe s’est déroulée normalement. A la fin de la messe, trois chrétiens ont été interpellés et embarqués à bord d’une des jeeps de la Police après qu’ils aient tenté d’appeler les autres à commencer la marche.

XXV. PAROISSE ST JEAN BAPTISTE À BUMBU

Les fidèles ont marché jusqu’au niveau de Bandalungwa pour faire jonction avec ceux de la Paroisse St Loanga. Arrivés sur avenue Landu, ils ont été dispersés par des éléments de la Police cagoulés à l’aide du gaz lacrymogène.

XXVI. PAROISSE ST CHARLES LUANGA À BANDAL MOULAERT

Déroulement normal de la messe. Les manifestants ont été dispersés par des éléments de la PNC avec des tirs d’armes à feu qui ont retenti jusque dans les après-midi du 21 janvier 2018.

XXVII. PAROISSE ST PIE X DANS LA COMMUNE DE NGIRI-NGIRI

Des éléments de la PNC dépêchés sur terrain ont érigé des barrières par ci par là. Malgré la présence de ces éléments de la police, les fidèles sont parvenus à sortir jusqu’à la direction Assossa où ils devaient faire jonction avec ceux de la Paroisse St Antoine de PADOCIE de Bumbu.

XXVIII. PAROISSE STE RITA/COMMUNE DE MONT NGAFULA

Déroulement normal de la marche.

XXIX. PAROISSE STE AGATE/COMMUNE DE NGIRI-NGIRI

Déroulement normal de la messe et les fidèles ont été dispersés à 10m de leur marche à l’aide du gaz lacrymogène.

XXX. PAROISSE MAMA WA BOBOTO/COMMUNE DE MASINA

Abbé Adelbar brutalisé, interpellé et amené à la maison communale de Masina. Son téléphone ravi, il a été libéré sur intervention d’un major non autrement identifié.

XXXI. PAROISSE MARIE AUXILIATRICE/COMMUNE DE MASINA

Interpellation du père Vicaire en compagnie d’un autre père vicaire de la paroisse St François Xavier. Il a été acheminé au quartier I dans la commune de Ndjili. Sa libération n’est intervenue que sur l’intervention d’un major.

XXXII. PAROISSE ST FRANÇOIS XAVIER/COMMUNE DE MASINA

Interpellation du Père Vicaire Jonny en compagnie du père Vicaire de la paroisse Marie Auxiliatrice par des policiers. Il a été conduit au quartier I dans la commune de Ndjili après que ces derniers aient ravi son téléphone. Il a été libéré sur intervention d’un major non autrement identifié.

XXXIII. PAROISSES SAINT GONZA DE KINGABWA, SAINT KIZITO ET KIWANUKA/COMMUNE DE LIMETE

Les chrétiens catholiques de ces trois paroisses accompagnés des prêtres ont marché pacifiquement ensemble avec d’autres chrétiens protestants et des musulmans jusque sur la douzième rue Limete du côté industriel. Ils y seront pris en tenaille par des militaires des FARDC et des policiers entre l’IZAM et l’arrêt TP. Ils seront poursuivis jusque dans la concession de la MONUSCO.

XXXIV. PAROISSE SAINT PIERRE/COMMUNE DE KINSHASA

Déroulement normal de la messe. Après la messe, les fidèles ont marché et ont été dispersés par des éléments des militaires dont certains cagoulés à l’aide du gaz lacrymogène et des tirs à balles réelles. Des manifestants ont été poursuivis jusque dans des parcelles où ils ont fui pour se mettre à l’abri. Plusieurs personnes ont été interpellées dont de nombreux innocents.

Les tirs à balles réelles ont fait une victime. Il s’agit de Mme Blandine, mère de plusieurs enfants, blessée à la cuisse gauche alors qu’elle se trouvait au balcon au 1er niveau de son immeuble.

Il convient aussi de signaler l’interpellation de monsieur « La Vie », menuisier de son état pendant qu’il se reposait dans établissement.

XXXV. PAROISSE SAINT ANDRÉ/COMMUNE DE KINSHASA

Déroulement normal de la messe. Après la messe, les fidèles ont marché et ont été dispersés.

XXXVI. PAROISSE ST JACQUES/COMMUNE DE LA NSELE

Messe perturbée par des militaires de la GR qui ont lancé de gaz lacrymogène dans l’église. Certains fidèles de la paroisse ont été empêchés par ces militaires de prendre part à la messe.

XXXVII. PAROISSE STE LUCIE/COMMUNE DE NSELE

Déroulement normal de la messe et de la marche pacifique sans incident.

XXXVIII. PAROISSE ST MATTHIAS/COMMUNE DE MAKALA

Après le déroulement normal de la messe, de nombreux chrétiens tenant des rameaux, crucifix et bibles ont courageusement commencé la marche pacifique. Empêchés de manifester par des policiers à la hauteur de la maison communale de Makala, les manifestants ont pacifiquement contourné cette obstruction en empruntant une autre avenue pour atteindre l’avenue Kimwenza pour aller faire jonction avec les chrétiens de la paroisse St Gabriel. La marche pacifique a été brutalement dispersée avec des tirs à balles réelles à quelques mètres de la paroisse St Gabriel.

XXXIX. PAROISSE ST PAUL/COMMUNE DE BARUMBU

Déroulement normal de la marche. Les fidèles ont été dispersés par des policiers qui ont tiré à balles réelles.

  • Grièvement blessé par balle au dos, M. BOMPOMBOLO SODIO, pousse pousseur de son état, marié et père de 4 enfants garde encore la balle non extraite dans son corps;
  • SANDA NZILA Divuma, atteint par balle à l’avant bras gauche lui tiré à bout portant par un policier au croisement des avenues Mboma-Belgica dans la commune de Barumbu.

Au regard de tout ce qui précède, il ressort du monitoring de la VSV et la FBCP dans quarante-une (41) paroisses catholiques de Kinshasa ce qui suit:

Certains militaires des Forces Armées de la RDCongo(FARDC) et surtout de la Garde Républicaine(GR), certains éléments de la police nationale congolaise(PNC) et des agents des services de sécurité ont:

  • Empêché ou perturbé dans de nombreuses Paroisses l’organisation des messes en violant ainsi le droit à la liberté de culte;
  • Violé le droit à la vie des personnes et à l’intégrité physique des dizaines des personnes manifestant ou pas en tirant à bout portant sur des manifestants y compris dans l’enceinte des Paroisses. Sur les allégations de plus de quinze (15) personnes tuées, le monitoring effectué sur terrain révèle jusque-là avec exactitude le décès de six (6) personnes. Il s’agit de:
    • FUAMBA MUKALA Matthieu, âgé de 15 ans, fils de MUKALA Johny et de MBUYI Pauline, atteint par balles au croisement des avenues Tuana et Kulumba dans la commune de Masina.
    • KABADIATSHI MALANGU Pacson, conducteur de moto communément appelé Wewa , abattu par un militaire de la GR et son corps et sa moto ont été emportés vers une destination inconnue.
    • Benjamin MUINDILAYI, âgé de 18 ans atteint par balle lui tirée à bout portant à Kingabwa.
    • Madame Manzambi Célestine, décès survenu suite à la déflagration de la grenade à gaz lacrymogène le 21 janvier 2018 dans la commune de Barumbu.
    • Mademoiselle Thérèse KAPANGALA MUANZA, aspirante religieuse, fille d’un officier supérieur de la police tuée par balle pendant qu’elle tentait d’entrer dans l’église St Fran9ois de la Salle pour se mettre à l’abri.
    • NGANDU KISEBE Hussein, membre du parti politique de l’opposition « Union pour la Nation Congolaise (UNC) abattu à bout portant à la sortie de la Paroisse St Augustin.

Il convient aussi de souligner les cas des personnes blessées par balles et d’autres poignardées dont le nombre s’élève à des centaines (cas de (liste non exhaustive) M. MAYAMBA NZANZI, âgé de 32 ans pourchassé et poignardé par des éléments de la PNC sur rue Musaka, Q/Camp Luka, commune de Ngaliema. La victime est hospitalisée dans un hôpital à Kinshasa; M. David MUZI MOLEKE, âgé de 13 ans, atteint d’une balle lui tirée à bout portant par un policier devant leur parcelle familiale dans la commune de Barumbu. La balle a touché les deux pieds et la victime est hospitalisée dans un hôpital à Kinshasa, M. KUNDA Serge, maçon de son état, âgé de 46 ans, marié, père de cinq (5) enfant atteint par balle au front au niveau du Marché Kapela. La victime est actuellement hospitalisée dans la salle d’urgence d’un Hôpital à Kinshasa, BOMPOMBOLO SODIO, pousse pousseur de son état, marié et père de 4 enfants garde encore la balle non extraite dans son corps etc).

  • Interpelé et privé arbitrairement de liberté à des centaines des personnes manifestant ou pas. Le monitoring effectué sur terrain a révélé que des personnes interpellées ont été acheminées aux cachots et prisons suivants dont à titre illustratif:
    • Echangeur à Limeté où plus de quarante (40) personnes ont été détenues;
    • Aéroport et prison militaire de N’dolo où des dizaines des personnes ont été détenues;
    • Légion PIR où des dizaines des personnes ont été détenues dont la plus part venues de la parcelle en chantier du Ministre Felix Kabange Numbi où ils s’étaient réfugiés avec un prêtre pour se mettre à l’abri de la pluie des gaz lacrymogène leur lancés par des militaires de la Garde Républicaine;
    • Commissariat Provincial de Kinshasa (Ex IP KIN) où des dizaines des personnes ont été conduites et détenues;
    • Camp Tshatshi, commune de Ngaliema;
    • La VSV et la FBCP estiment à plus de trois cents (300) le nombre des personnes interpellées.
  • Infligé des traitements cruels, inhumains ou dégradants à des dizaines des personnes dans des lieux d’arrestation et/ou de détention ainsi qu’à bord des véhicules de la police. Cas de plus de cent quarante personnes manifestant ayant tenté de se mettre à l’abri dans la parcelle en chantier du ministre Félix Kabange Numbi qui ont été déshabillés de force et laisser en sous vêtement, etc.

La VSV et la FBCP saisissent cette occasion pour dénoncer le traitement inhumain infligé à certains membres du personnel de la MONUSCO déployés sur terrain pour observer les marches.

  • Extorqué des biens de valeur aux manifestants et surtout monnayé la libération des personnes détenues ou arbitrairement interpellées. Il sied de souligner que la plupart de personnes interpellées ont été libérées moyennant d’importantes sommes d’argent. Le chiffre magique c’est le montant de trois cent dollars américains (300 usd) exigés à chaque personne. C’est après moult négociations et supplications que des proches des victimes ont versé diverses sommes (150 usd, 150 000 FC, soit 93 USD, etc). Dans plusieurs lieux de détention, les militaires et/ou les policiers ont déclaré aux personnes interpellées qu’ils ont droit à la vie et les manifestations constituent « leur chida=occasion propice » pour compenser des salaires de misère leur alloués par l’Etat congolais.
  • Violé le droit à la propriété en extorquant des biens de valeur des manifestants notamment des téléphones, d’importantes sommes d’argent, des montres, des bijoux, etc.

La VSV et la FBCP dénoncent fermement la banalisation de la vie humaine en RDCongo en tirant à bout portant sur des manifestants pacifiques et sans armes ainsi que la politique de récupération des corps sans vie savamment mise en place dans le but de faire disparaître les traces et minimiser ainsi le nombre réel des morts par balles.

Elles dénoncent également le fait que les autorités congolaises s’approprient les corps des personnes tuées placées dans les différentes morgues en interdisant aux membres des familles et autres proches d’embaumer lesdits corps avec comme conséquence que ces derniers puissent être enterrés dans un état de putréfaction très avancé.

RECOMMANDATIONS

La VSV et la FBCP demandent aux autorités congolaises en général et particulièrement au Président de la République de:

  • Respecter la dignité humaine et surtout le droit à la vie et à l’intégrité physique, et ce, conformément aux instruments relatifs aux droits de l’Homme;
  • Mettre un terme aux interpellations des manifestants civils par des militaires et leur acheminement dans les camps militaires;
  • Prendre en charge indistinctement toutes les personnes blessées au cours des marches du 21 janvier 2018 ainsi que des obsèques des personnes injustement tuées;
  • Restituer tous les corps des personnes tuées lors des manifestations du 21 janvier 2018;
  • Mettre un terme à tout déploiement des unités combattantes notamment des militaires lors des manifestations pacifiques;
  • Indemniser les familles ou les proches de toutes les victimes des manifestations pacifiques;
  • Restituer tous les biens extorqués auprès des manifestants et autres innocents.

A la MONUSCO de:

  • Poursuivre et d’assurer pleinement sa mission de protection des populations civiles en général et surtout des religieux et religieuses ainsi que des pasteurs et imams engagés dans la promotion des droits humains et le respect de la dignité humaine.

Fait à Kinshasa, le 29 janvier 2018.

 

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV)
La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP)
© Congoindépendant 2003-2018

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