Requiem pour la Gécamines !

Avant son décret du 12 avril 2023 portant statut des mandataires publics dans les entreprises du portefeuille de l’Etat, les administrateurs n’avaient droit qu’aux jetons de présence lors de leur participation aux réunions du conseil administration. Aujourd’hui, ils ont droit à une rémunération mensuelle à l’instar des mandataires actifs.

Gaston Mutamba Lukusa

La Gécamines est une vache à lait pour quelques maffieux. Les fins limiers de l’Inspection générale des finances (IGF) ont trouvé que 10.156.754 dollars ont été détournés par Guy-Robert Lukama, président du conseil d’administration (PCA) et son équipe. Malins comme des cancrelats, les forbans avaient pris ce magot, entre octobre et décembre 2022, non pas dans les caisses de la Gécamines mais dans une filiale détenue à 99% dénommée SIMCO (Société immobilière du Congo). Ces deux sociétés avaient signé un contrat de portage des dividendes. Stupeur et tremblements! Mon ami qui est devenu fou s’interroge s’il existe encore des détournements de moins de 10 dollars comme généralement ce sont des millions de dollars qui s’évaporent. L’unité de mesure est un million de dollars. Bref, passons!

Les faits ayant été dénoncés par l’IGF, les maffieux poussèrent l’outrecuidance jusqu’à balancer, le 26 octobre, un communiqué de presse fallacieux dans lequel ils nient les faits et justifient leur forfait. D’après eux, il s’agit d’une gratification spéciale à la suite du paiement à la Gécamines par Glencore de dividendes de 211 millions de dollars. Cette gratification spéciale, autorisée par le conseil d’administration, a été payée à 27 personnes (membres de la commission ad hoc et agents) qui ont travaillé sur le paiement de ces dividendes. Les montants versés à nos « héros » vont de 10.000 à 1.391.125 dollars payés au président de l’intersyndicale de la Gécamines. Le président actuel de la Gécamines, Guy-Robert Lukama, a empoché 1.157.625 dollars. Enfer et damnation! C’est pourtant un travail qui peut être accompli par deux employés dans le cadre de leur responsabilité courante et non 27 personnes. Ce scandale a tellement touché les travailleurs que ceux-ci demandent la démission de Guy-Robert Lukama. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, le PCA de la Gécamines touche plus de 100.000 dollars par mois. Saperlipopette!

Ce qui arrive est la faute de l’inaudible et invisible premier ministre Sama Lukonde. Avant son décret du 12 avril 2023 portant statut des mandataires publics dans les entreprises du portefeuille de l’Etat, les administrateurs n’avaient droit qu’aux jetons de présence lors de leur participation aux réunions du conseil administration comme dans tout pays civilisé. Aujourd’hui, ils ont droit à une rémunération mensuelle à l’instar des mandataires actifs. Il faut ajouter des soins médicaux y compris à l’étranger, des indemnités pour frais funéraires ainsi que des frais d’installation représentant six mois de rémunération. Ils ont droit aussi à des frais de missions, à un pécule de congé, à des indemnités de sortie représentant six mois de rémunération ainsi qu’au remboursement des dépenses engagées et billets pour des voyages effectués dans l’intérêt de l’entreprise. Ils sont ainsi logés, nourris, blanchis et véhiculés aux frais de la société ou ce qu’il en reste. Pour couronner le tout, le conseil d’administration a droit aux frais de fonctionnement mensuel. Comme si cela ne suffisait pas, chaque PCA dispose de multiples conseillers et d’un cabinet. Stupeur et tremblements! Qui dit mieux?

Nous vivons, sans le savoir, dans un Pays de Cocagne. Pour ceux qui ne le sauraient pas, d’après l’encyclopédie Wikipédia, le Pays de Cocagne est, dans l’imaginaire de certaines cultures européennes, une sorte de paradis terrestre, une contrée miraculeuse où la nature déborde de générosité pour ses habitants et ses hôtes. Toutes les entreprises du portefeuille de l’Etat sont des canards boiteux. Où trouveraient-elles l’argent pour faire face à toutes ces charges? A l’époque glorieuse et prospère, la Gécamines produisait 400.000 tonnes de cuivre contre 5.000 tonnes aujourd’hui. Enfer et damnation!

On dit chez nous que la vérité est comme la canne à sucre: même si on la mâche longtemps, elle reste sucrée.

GML

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
100 %