Affaire Mamie Tshibola/Pascal Mukuna: De quoi se mêle le ministre des « Droits humains »?

Le ministre des « Droits humains » André Lite Asebea a raté l’occasion de se taire. Après l’annonce du dépôt d’une plainte contre Pascal Mukuna par la dame Mamie Tshibola Mufuta, ce membre du gouvernement s’est cru, samedi 9 mai, en droit d’exercer des « pressions camouflées » sur les autorités judiciaires. Etiqueté « CCU et alliés », le regroupement politique de Lambert Mende Omalanga, Lite Asebea n’a pas fait preuve, jeudi 7 mai, du même zèle après la dénonciation accomplie par Pascal Mukuna contre « Joseph Kabila ». C’était auprès du parquet général près la Cour constitutionnelle. Deux poids, deux mesures? Fort heureusement, il n’existe aucun lien de subordination entre ce ministère et les parquets. La situation reste néanmoins préoccupante

A quoi sert un ministère des « Droits humains » au Congo-Kinshasa? Est-ce pour promouvoir manière effective l’exercice des droits et libertés ainsi que le respect du droit à la vie et la dignité de la personne humaine?

Samedi 9 mai, le ministre des « Droits humains » André Lite Asebea a exhorté – on imagine – le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe de « traiter avec diligence » la plainte déposée contre le prédicateur Pascal Mukuna par la dame Mamie Tshibola Mufuta. Pour ce membre du gouvernement issu de la mouvance kabiliste, « la société gagnerait avec une justice qui aura traité cette affaire en toute impartialité ».

DOSSIER POLITICO-JUDICIAIRE

Que l’on se comprenne bien. Le ministre de la Justice dispose d’un « pouvoir d’injonction positive » sur les officiers du ministère public. Ce pouvoir n’est utilisé que lorsque les magistrats du parquet font preuve de « d’atermoiements » dans l’examen d’un dossier. Quel est le bien-fondé de l’intervention du ministre des Droits humains dans un secteur d’activité qui n’est pas le sien? Serait-on face à un dossier politico-judiciaire?

Évêque Pascal Mukuna

Depuis plusieurs semaines, Pascal Mukuna, évêque de l’église « ACK » et ancien membre du FCC, mène, pour des raisons qui lui sont propres, une campagne dite d’ « Eveil patriotique ».

Le discours ne laisse personne indifférent. Et pour cause? L’homme dénonce non seulement le bilan désastreux des dix-huit années de présence de « Joseph Kabila » à la tête de l’Etat mais aussi des crimes commis par les sbires de l’ancien pouvoir. Mukuna a, à maintes reprises, dit sa résolution de faire traduire « Kabila » en justice.

Contre toute attente, des enregistrements vidéo circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. On y voit un homme qui ressemble à Mukuna en plein ébat avec une dame dont le visage n’a pas été révélé.

Quelques jours après, la mystérieuse dame est passée « aux aveux », via les réseaux sociaux, en revendiquant son rôle dans cette séquence. Elle a non seulement révélé son visage mais aussi son identité: Mamie Tshibola Mufuta.

Vendredi 8 mai, la dame a déposé plainte contre Mukuna. Elle accuse celui-ci de l’avoir « contrainte » à coucher avec lui avant de la « violer » par deux fois. Au total, les deux « tourtereaux » ont eu trois rapports sexuels. Les dates demeurent un mystère.

FAIRE TAIRE UN HOMME QUI DÉRANGE

Les relations de Pascal Mukuna avec Mamie Tshibola ne devraient concerner que les deux protagonistes. Que voit-on? Les officines à barbouzes du FCC ont trouvé une raison fallacieuse pour faire taire un homme qui dérange l’autorité dite morale de cette mouvance. Selon des sources – dont Denise Dussauchoy Mukendi -, la dame Tshibola aurait perçu $ 1.200 de la part d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du FCC.

Il ne fait plus l’ombre d’un doute que cette jeune congolaise a été manipulée. Sans rire, notre prétendu ministre des Droits humains a eu, samedi, ces mots cités par Actualité.CD: « La présumée victime est une femme. Les femmes en matière des droits de l’homme sont rangées dans la catégorie des personnes vulnérables. De ce fait, au procureur qui a le pouvoir de protéger les droits fondamentaux de tous les Congolais et spécialement des Congolais vulnérables de faire diligence pour qu’effectivement si la femme a raison qu’elle ait gain de cause. Si c’est le cas contraire que Mukuna qui est présumé coupable puisse être blanchi (…) car la société aura à gagner avec une justice qui aura traité cette affaire avec impartialité ».

Mukuna « présumé coupable »? Le ministre Lite Asea ignore-t-il l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule notamment que « toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées? »

L’ETAT N’EST PAS LE « BIEN PERSONNEL » D’UN « GOUROU »

Ce n’est pas la première fois qu’André Lite Asebea, qui serait juriste de formation, se comporte en « fanatique ».

En mars 2019 alors qu’il n’était « que » député, ce politicien s’est attaqué à l’activiste de la société civile Jean-Claude Katende. Dans une « lettre ouverte », il reprochait à ce dernier de « diaboliser » « l’autorité morale » du FCC. Entonnant le refrain habituel à ce regroupement politique, Lite Asebea de souligner que « c’est grâce aux efforts d’un Joseph Kabila » que le Congo-Kinshasa se trouve « en état de gouvernabilité ».

C’est encore grâce à « Kabila » que le pays a été « réunifié ». Quid du régime de « Transition 1+4 » qui a gouverné le pays de 2003 à 2006? D’après Lite, l’ex-Président « a amorcé la reconstruction » avant de faciliter « la relance et la croissance économique ». Qu’en est-il des réalisations accomplies en dix-huit années de pouvoir?

Le FCC Lite Asebea fait partie de ces politiciens congolais qui semblent ignorer que l’Etat est au service de l’intérêt général et non à celui d’un « clan » ou d’un « gourou ». Le FCC est, il est vrai, structuré à l’image d’une secte mystique. Chaque adhérent doit faire « allégeance » au « Grand Prêtre » qu’est « Joseph Kabila ».

Comment ne pas donner raison au pasteur Pascal Mukuna ainsi qu’à tant d’autres observateurs qui suspectent l’ex-président « Kabila » d’avoir reçu « mission » de mettre le Congo-Kinshasa à genoux?

 

B.A.W.

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