Diplomatie: « Kabila » suspecte la France et des pays voisins de conspirer contre lui…

Ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu s’est entretenu, samedi 26 mai, à sa demande, avec… les chargés d’affaires de France, du Rwanda et d’Angola. Sur instruction de son patron « Joseph Kabila » – qui voit désormais des comploteurs partout -, Okitundu a demandé des « clarifications » et des « explications » sur les propos tenus par le président Emmanuel Macron lors de la visite du potentat rwandais à Paris.

Après avoir accusé le ministre belge des Affaires étrangères, le libéral francophone Didier Reynders, de torpiller son régime au sein de l’Union européenne, « Joseph Kabila » qui semble sombrer dans une sorte de paranoïa suspecte la France, le Rwanda et l’Angola de vouloir le renverser.

Paul Kagame, Président du Rwanda

Tout est parti de la récente visite à Paris du président rwandais Paul Kagame. C’était le mercredi 23 mai. Parlant de la situation au Congo-Kinshasa, le président français Emmanuel Macron a déclaré que son pays soutenait « l’initiative » prise par le président en exercice de l’Union africaine (UA) en l’occurrence le numéro un Rwandais « en lien étroit avec le président angolais ».

« Joseph Kabila » qui peine à digérer le récent séjour à Kigali de son « ennemi intime » Moïse Katumbi Chapwe est littéralement tombé de sa chaise en entendant parler d’une « initiative » sur la crise socio-politique dans « son » pays. La question a fait hérisser les cheveux de tous les « souverainistes-nationalistes » tapis dans le premier cercle du pouvoir kabiliste. Aussi, « Kabila » a-t-il instruit le ministre Okitundu de convoquer les chefs des missions diplomatiques des pays concernés.

Coïncidence ou pas, les chefs de mission en titre ou ambassadeurs sont absents. Où sont-ils passés? Samedi 25 mai, She Léonard Okitundu a dû recevoir, à tour de rôle, Christophe Allard, Alberto Kabongo et Mugira Amandin respectivement chargé d’affaires aux ambassades de France, d’Angola et du Rwanda. On peut imaginer que les chefs de poste se trouvent « en consultation » dans leurs pays d’envoi. Inutile de souligner que la crise socio-politique dans laquelle le Congo-Kinshasa s’est replongé inquiète tant les Congolais que certains pays voisins.

« She » a tenté sans succès d’arracher à ses interlocuteurs des « clarifications » et des « explications » relatives aux propos du jeune chef de l’Etat hexagonal. Et pour cause, il avait en face de lui des « simples diplomates » chargés d’assurer l’intérim de leurs « chefs ». Les intéressés ont promis de « faire rapport » à leurs « Centrales ».

« AVANCEES MAJEURES »

Léonard She Okitundu

A chacun de ces « envoyés », le ministre Okitundu qui ignore encore la nature de « l’initiative » querellée a ânonné l’étonnement du gouvernement congolais. A l’appui de sa thèse, il égrena les « avancées majeures » engrangées par le processus électoral. Des avancées majeures « saluées », selon lui, par les Nations unies et la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).

Selon des analystes, les pays de la région suivent avec une « vive préoccupation » l’évolution de la crise politique provoquée par la dérive dictatoriale de « Joseph Kabila » autant que la volonté de ce dernier de s’accrocher au pouvoir par des voies inconstitutionnelles. « Lors de son passage à Paris, le président Paul Kagame aurait laissé entendre au président Emmanuel Macron que Joseph Kabila et ses opposants étaient sous son contrôle et qu’il fallait le laisser faire pour démêler l’écheveau congolais », commente un politologue. L’Angola Joao Gonçalves Lourenço aurait reçu un message analogue du maître de Kigali.

Avocat au barreau de Bruxelles, Jean-Claude Ndjakanyi donne un avis tranché. « L’Angola et la France n’ont pas les mêmes visées que le Rwanda », dit-il. Pour lui, le Rwanda de Paul Kagame aurait tout à perdre en cas de chute brutale de « Joseph Kabila ». « Il faut être un parfait naïf pour croire que Kagame pourrait lâcher Joseph Kabila en soutenant un Moïse Katumbi qui pourrait s’affranchir à la première occasion ».

Pour l’Histoire, « Joseph Kabila » est un pur produit de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), une trouvaille du président ougandais Yoweri Kaguta Museveni et du Rwandais Paul Kagame, alors vice-président de la République et ministre de la Défense du Rwanda. C’est l’AFDL qui porta LD Kabila au pouvoir un certain 17 mai 1997 à Kinshasa. L’ex-Zaïre est, depuis lors, assimilé à un « butin de guerre » par les deux compères.

Selon Ndjakanyi, le potentat rwandais fait croire à ses interlocuteurs français et angolais que Katumbi « est avec lui ». « La solution à la crise congolaise se trouve entre les mains des Congolais. Si le pouvoir en place à Kinshasa n’est pas capable de sortir le pays de l’ornière, il faudra bien que quelqu’un d’autre le fasse… », conclut-il.

 

Baudouin Amba Wetshi

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