Et si « Kabila » était le véritable leader des ADF?

"Joseph Kabila"

Près de cinq années après l’alternance intervenue au sommet de l’Etat congolais, Yoweri Kaguta Museveni a créé l’événement, vendredi 14 juillet 2023, en déballant son ancien homologue congolais. Selon le Président ougandais, « Joseph Kabila » avait donné aux anciens rebelles ougandais dits ADF des sanctuaires dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Le PPRD réfute mollement cette révélation. In tempore suspecto, Antipas Mbusa Nyamwisi avait dit la même chose. C’était dans une interview publiée le 24 septembre 2016 dans Congo Indépendant.

« Le gouvernement de Joseph Kabila, soutenu par certains acteurs régionaux et internationaux, a donné aux ADF (Allied Democratic Forces) des refuges gratuits au Nord-Kivu et l’Ituri. Ils extrayaient de l’or, vendaient du bois, récoltaient le cacao d’autrui, collectaient des impôts », a dit le chef de l’Etat ougandais à l’Agence britannique Reuters. Ci-après le texte original en anglais:

« Ugandan président has accused a former leader for the DRC Joseph Kabila, of giving sanctuary to islamist fighters and allowing them to exploit minerals  and timber and use the proceeds to build their strenghth ».

DÉCLARATION CALOMNIEUSE

« Une déclaration calomnieuse », a réagi le lendemain Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du parti kabiliste, le PPRD (Parti du peuple la reconstruction et la démocratie), rejetant « tout en bloc ». Pour lui, le numéro un Ougandais fait un « procès en sorcellerie » à l’ex-raïs. Et d’ajouter: « C’est un message qu’il faut comprendre par l’expression de la peur. Ils ont peur de la fin du régime Tshisekedi qui leur accorde tous les avantages d’occuper l’Est de la RDC ».

Le 26 janvier 2001, « Joseph Kabila » prêtait serment en qualité de « nouveau Calife » en remplacement de l’ancien, en l’occurrence Mzee LD Kabila, assassiné le 16 janvier de la même année dans des circonstances jamais élucidées à ce jour.

N’en déplaise au sieur Kambere, moins d’une semaine après la cérémonie d’investiture, le nouveau Président accorde une première interview au quotidien bruxellois « Le Soir ». Interrogé sur son parcours personnel par Colette Braeckman, voici la réponse de « Kabila »: « Je suis né en 1971 à Hewa Bora. […]. C’est d’abord là que j’ai vécu. […]. J’ai également passé du temps en Ouganda, plus précisément dans le maquis de Kasindi, implanté dans le massif du Ruwenzori ». Cette interview a, aujourd’hui, valeur d’un aveu. Les ADF étaient logés au même endroit.

Pourquoi le Président Museveni a-t-il choisi mi-juillet 2023, soit près de cinq années après l’alternance intervenu au sommet de l’Etat congolais pour déballer l’ex-raïs qui piaffe d’impatience pour revenir en haut de l’affiche politique? Est-ce pour barrer la route aux ambitions démesurées d’un homme réputé pour sa servilité à l’égard du Président rwandais Paul Kagame?

Dans un entretien avec « Congo Indépendant », diffusé le 24 septembre 2016, Antipas Mbusa Nyamwisi, actuel ministre de l’Intégration régionale pointait déjà un doigt accusateur en direction d’un officier proche de « Kabila »: « En octobre 2014, j’ai été le premier à élever la voix pour dire qu’il se passe des choses graves à Beni. Je peux vous dire que l’organisateur des tueries de Beni est le général Mundos [Muhindo Akili, NDLR]. Pour mémoire, le même général fut suspecté d’avoir tendu l’embuscade mortelle au colonel Mamadou Moustapha Ndala. C’était le 2 janvier 2014… aux environs de Beni-Ville ».

« KABILA », CHEF ADF?

Issu de la tribu Nande du Nord-Kivu, « Antipas » qui avait dirigé – durant trois mois – la direction provinciale de l’ANR, début 1998, sous la présidence de LD Kabila, est allé de révélation en révélation. Pour lui, « Kabila » espérait créer le chaos dans le Territoire de Beni à travers ces massacres imputés aux ADF. « A l’époque, dira-t-il, Joseph Kabila n’avait qu’un seul souci: arracher la révision de la Constitution en faisant sauter la durée et la limitation de mandat présidentiel ».

Vint la question sur l’Ougandais Jamil Mukulu, arrêté, en mars 2015, dans un village tanzanien. La police ougandaise l’avait présenté comme étant le leader des anciens rebelles mieux connus sous l’acronyme ADF. Sieur « Jamil » était en possession de six passeports dont celui de la RDC. A l’époque « Kabila » trônait à la tête de l’Etat. Il ne fera entreprendre aucune démarche diplomatique auprès des autorités ougandaises. But: vérifier l’authenticité de ce document. Mbusa avait sa petite idée: « Jamil Mukulu est un ami à Joseph Kabila. Les deux hommes vivaient à Ma Campagne sous le même toit, sur l’avenue Bocage n°55 ». Il s’agit d’un quartier huppé situé dans la commune kinoise de Ngaliema.

En février 2018, à la surprise générale, « Kabila » fait lancer des mandats d’arrêt contre une trentaine de responsables ADF dont son ami Mukulu Jamil. En guise de chef d’accusation: « crime de guerre » et « crime contre l’humanité » dans le Territoire de Beni. Ce n’était qu’un leurre.

Comment ne pas donner raison à Yoweri Museveni? Une question taraude aussitôt les esprits: Et si « Joseph Kabila » co-dirigeait les ADF avec son ami Jamil Mukulu?

B.A.W.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
100 %
Surprise
Surprise
0 %