La marche de Lamuka étouffée et des traitements inhumains ou dégradants infligés aux manifestants et aux journalistes

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) est vivement préoccupée et condamne avec la dernière énergie les bavures policières commises lors de la marche pacifique organisée, mercredi 15 septembre 2021, à Kinshasa et dans certaines villes du pays, par la plateforme de l’Opposition politique Lamuka. Cette manifestation a été organisée pour revendiquer la dépolitisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Selon des informations recueillies par la VSV, la marche a été étouffée par la police nationale congolaise (PNC) qui a procédé à un déploiement impressionnant et excessif des policiers équipés dans plusieurs carrefours et points stratégiques de la ville de Kinshasa.

Les militants et autres sympathisants de Lamuka qui ont tenté de manifester ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène au niveau de l’entrée SIFORCO, du quartier 3/Masina, de la place Pascal, à l’entrée Masina Petro Congo…

Des bavures policières ont été observées précisément dans la partie Est de la ville de Kinshasa où deux ténors de Lamuka en l’occurrence messieurs Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont été brutalisés à proximité du siège du parti politique Nouvel Elan et contraints de prendre place à bord de leurs véhicules avant d’être escortés par les éléments de la PNC en direction de leurs domiciles respectifs. En réaction, les militants et sympathisants de Lamuka se trouvant sur le lieu auraient procédé par le jet des pierres en direction des policiers.

Certains journalistes assurant la couverture médiatique de ladite marche ont fait l’objet des violences, d’agressions et d’interpellation. C’est le cas notamment de Patient Ligodi, correspondant de la Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa et directeur du média en ligne Actualité.CD et de Chinois MBELESHI, correspondant de la radio BBC World. Il est fait également état de la confiscation de plusieurs matériels de travail des journalistes (caméra, téléphones, dictaphones…) et de la destruction des étalages et parasoleils des vendeurs aux environs du siège de Nouvel Elan. Plusieurs manifestants ont été interpellés et acheminés à la police sise Place Echangeur de Limete. Il s’agit notamment de Clément Muza(ECIDé), Eyale Osée (étudiant), Grâce Nkoso (dépouillé de ses deux téléphones et d’une somme d’argent), Adrien Malenga (ECIDé), Michée Mangala (Nouvel Elan), Cédric Mimbete (Nouvel Elan), Junior Mboma.

Les sièges des partis politiques Engagement pour la Citoyenneté et le Développement « ECIDé » et Nouvel Elan situés respectivement dans les communes de Kasa-vubu et de Masina ont été quadrillés par des éléments de la PNC y empêchant ainsi toute entrée et toute sortie.

Dans certaines provinces, la marche de Lamuka a été également étouffée dans certaines villes de la RDCongo parmi lesquelles Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Mbandaka, Bandundu-ville et dans d’autres elle a été illégalement interdite.

La VSV constate et observe avec regrets le retour de vieilles méthodes d’interdictions illégales de manifester suivies des répressions systématiques des manifestants et des journalistes.

La VSV condamne ainsi fermement les traitements inhumains ou dégradants ainsi que les brutalités inouïes dont ont fait l’objet certains journalistes dans l’exercice de leur profession et demande au gouvernement congolais de:

  • Diligenter une enquête indépendante en vue d’établir les responsabilités en ce qui concerne les traitements inhumains ou dégradants enregistrés au cours de cette marche et sanctionner les coupables conformément à la loi;
  • Ordonner la libération de toutes les personnes interpellées et la restitution de tous les biens et autres matériels confisqués et/ou extorqués;
  • Prendre en charge les soins médicaux des personnes blessées en général et du journaliste Patient LIGODI en particulier;
  • De respecter et de protéger le droit à la liberté de manifester pacifiquement conformément à la Constitution de la RDCongo et de respecter la liberté de la presse sans laquelle aucune vie démocratique n’est possible.

Fait à Kinshasa, le 15 septembre 2021.

 

LA VOIX DES SANS VOIX POUR LES DROITS DE L’HOMME (VSV)

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