Le Congo-Kinshasa bénéficie d’un décaissement du FMI de 212,3 millions de dollars

Le mercredi 15 décembre, le Conseil d’administration du FMI (Fonds monétaire international) s’est réuni à Washington DC. Il a approuvé, après examen, le décaissement de 212,3 millions de dollars en faveur du Congo/Kinshasa après la première revue de l’accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), qui fut effectuée du 20 au 27 octobre à Kinshasa par les services du FMI.

Le Conseil d’administration du FMI avait approuvé, le 15 juillet, un accord au titre de la FEC permettant au Congo/Kinshasa de disposer des facilités de l’ordre de 1.066 millions de DTS (droits de tirages spéciaux), soit 1,52 milliards de dollars. L’approbation de cet accord a permis à la RD Congo de bénéficier d’un décaissement immédiat de 216,9 millions de dollars afin de renforcer les réserves de change. Pour les services du FMI, « l’enveloppe financière de trois ans soutiendra un programme de réformes structurelles ambitieux visant à promouvoir une croissance économique durable en intensifiant la mobilisation des recettes intérieures, améliorant la gouvernance et renforçant la politique monétaire ».

Au cours de la revue du programme, les experts du FMI ont noté une nette amélioration du cadre macroéconomique malgré la pandémie de Covid-19. Ils ont établi que taux de croissance du PIB sera de 6,2% en 2022 contre 5,4% en 2021 et 1,7% en 2020. Suivant le FMI, la croissance économique de 2022 est principalement portée par « la production minière et un rebond de la croissance non extractive ».

Le grand défi pour le pays est de mener à son terme et avec succès le programme triennal. Depuis 1986, le Congo, alors Zaïre, n’a jamais rempli avec succès les critères de performance qualitatifs et quantitatifs des programmes avec le FMI. Ces programmes ont été interrompus ainsi que les crédits qui y étaient affectés. La plus grande faiblesse du pays se trouve dans la gestion budgétaire. Celle-ci a souvent été peu orthodoxe durant plusieurs décennies. L’exécution budgétaire n’est souvent pas conforme ni aux inscriptions budgétaires ni aux procédures de passation des marchés publics. Elle se fait en violation de la loi financière et du règlement général sur la comptabilité publique. Les dépenses imprévues et farfelues sont régulièrement exécutées en priorité, hypothéquant toute croissance économique et le partage équitable des bénéfices sociaux. L’argent du Trésor est ainsi consacré à la consommation de quelques privilégiés et sans rentabilité économique.

Les dépenses prioritaires connaissent des taux d’exécution faible au détriment des dépenses à caractère politique et des dépenses dites de souveraineté. Les dépenses d’investissement sont faiblement exécutées, si pas du tout. Dans un tel contexte, il devient difficile d’utiliser le budget de l’Etat comme un instrument de création des richesses et de développement économique. Bien pire, le budget de l’Etat est demeuré dans le même temps insignifiant par rapport aux besoins du pays. L’absence de toute programmation des dépenses publiques, à savoir l’application intégrale des instructions et directives relatives à l’exécution du budget de l’Etat, a été néfaste au développement économique du pays. Les finances de l’Etat ont continué à se caractériser par des recettes insuffisantes face à des dépenses souvent incompressibles. Ce déséquilibre se traduit par des déficits malgré l’engagement d’exécuter le budget sans financement monétaire et sur base caisse. Ces graves distorsions, bien que proscrites par la loi, ont été à la base de la dépréciation de la monnaie nationale et de la résurgence de l’inflation et dans certains cas, de l’hyperinflation (9.786,9% en 1994).

Bien évidemment, l’amenuisement des recettes est imputable à la corruption et à la fraude. Pire, par suite d’une mauvaise gestion budgétaire, les dépenses ne correspondent pas souvent aux inscriptions budgétaires. La volonté politique pour appliquer des réformes importantes a souvent fait défaut. Ces réformes doivent pourtant être opérées afin d’accroître les recettes de l’Etat et améliorer la qualité des dépenses.

Dans le cadre du programme triennal avec le FMI, le gouvernement s’est notamment engagé à instaurer la discipline budgétaire, à renforcer la mobilisation des recettes intérieures, à maintenir une inflation faible et stable, à ne pas recourir aux avances de la Banque centrale du Congo et à renforcer la gestion ainsi que la transparence dans le secteur des ressources naturelles. Si ces engagements sont respectés, une nouvelle ère va s’ouvrir pour le Congo-Kinshasa. Cela permettra à promouvoir une croissance économique durable et la création des emplois.

 

Gaston Mutamba Lukusa

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %