Membres du gouvernement national: serez-vous à la hauteur des attentes du peuple Congolais?

Tongele N. Tongele

Tongele N. Tongele

Vous voilà nommés ministres: vous formez donc le gouvernement de la RDC. L’Exécutif du pays est maintenant au complet, et comprend le Président de la République, le Premier ministre et les ministres. C’est tout le pays, ce sont tous Congolais tant en RDC que dans la diaspora qui attendaient patiemment et impatiemment la formation de ce gouvernement. Les attentes du peuple congolais sont urgentes.

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, les habitants des villages, villes et cités en RDC, et les Congolais de la diaspora, tous ont un message similaire pour vous: passez vite à l’action; c’est urgent; il n’y pas de temps à perdre. Formulez et présentez rapidement les programmes d’actions concrètes pour lancer des grands travaux publics de réhabilitations des infrastructures nationales délabrées afin d’embaucher des millions des Congolais à faire ces travaux pour ainsi créer d’emplois qui peuvent réduire le chômage et la pauvreté des habitants des villages, villes et cités en RDC. Ces programmes doivent aussi clairement articuler des plans d’actions concrètes pour mobiliser et stimuler des jeunes filles et des jeunes garçons des villages, villes et cités de la RDC à créer des petites unités de productions et des petites entreprises à travers le pays afin de résoudre par eux-mêmes leurs propres problèmes de nutrition, d’eau potable, de santé, de déforestation, de malaria et d’autres maladies, de construction des maisons adaptées à leur climat, etc.

D’ici un mois, trois mois, six mois, une année, tous les Congolais attendent voir des milliers des gens en train de réhabiliter les lignes ferroviaires à travers le pays ; ils attendent voir des milliers des gens en train de travailler sur des tronçons routiers sur toute l’étendue de la République; ils attendent voir des milliers des gens en train de réfectionner les bâtiments administratifs, les bâtiments des écoles et des universités de l’Etat, les bâtiments des hôpitaux et cliniques qui sont tombées et qui tombent en ruine sur toute l’entendue de la République; ils attendent voir des milliers des jeunes filles et des jeunes garçons lancer effectivement des petites unités de production et des petites entreprises partout sur toute l’entendue de la République grâce à la mobilisation par les agences et les institutions gouvernementales, etc. Si le peuple Congolais ne voit pas ces travaux publics se faire pendant que vous vous faites payer des milliers de dollars par mois, soyez ni surpris ni étonnés que les habitants des villages, villes et cités de la RDC, soutenus et appuyés par leurs députés provinciaux et nationaux et leurs sénateurs, ainsi que leurs filles et fils soldats et policiers, tous descendront dans les rues sur toute l’étendue du pays, et vous ne serez pas à mesure d’arrêter le soulèvement populaire. Les attentes sont urgentes, la pauvreté et la misère du peuple ne peuvent pas attendre pendant que vous êtes tous bien payés et vivez bien. Nous vous exhortons donc de mettre ce message en pratique le plus rapidement que possible, afin de mériter la confiance de votre peuple.

Quelques illustrations importantes: aux USA, au Canada, en Europe, aux Japon, en Chine, en Australie, etc., la présidence et les ministères lorsqu’ils ont besoin de quelque chose, par exemple quand la présidence veut acquérir des nouveaux avions, quand le ministère de la défense veut renouveler les chars ou les avions ou les navires de guerre, quand le ministère de transport veut réhabiliter des routes, des chemins de fer, des ponts, etc., quand un ministère veut commander des voitures de luxe, quand un ministère veut réaliser un projet, l’institution en question lance un appel d’offres. Alors des compagnies de partout dans le monde offrent des propositions pour réaliser le projet en question. La priorité est toujours donnée aux compagnies locales qui sont capables de faire le travail. Ou alors, s’il n’y pas une compagnie locale capable de faire le travail, on donne le contrat à une compagnie étrangère mais toujours avec la condition que la compagnie étrangère puisse fabriquer sur place l’appareil ou l’équipement que l’on veut obtenir, ou bien, le contrat exige à la compagnie étrangère de former des gens locaux qui continueront avec le travail de maintenance une fois que la compagnie étrangère complète le projet et s’en va. Ainsi, les gens locaux formés par la compagnie étrangère deviendront au fur du temps capables de réaliser ces mêmes grands travaux publics.

Le gouvernement de la RDC doit et devrait procéder de la même manière. Ce qui conduit à la question suivante: y a-t-il un répertoire des compagnies locales congolaises, petites et moyennes entreprises, que le nouveau gouvernement peut s’en servir pour réaliser certains grands travaux ou projets nationaux, au lieu de toujours automatiquement se tourner vers les compagnies étrangères en premier lieu? Si la réponse sincère à cette question est « non », alors il faudrait rapidement constituer un tel répertoire. Cela peut en fait se réaliser rapidement, en un mois par exemple. Il suffit simplement de demander à chaque gouvernement provincial de constituer rapidement le répertoire des compagnies locales opérationnelles (pas fictives) de la province et envoyer une copie au gouvernement national. Ainsi un répertoire récent des compagnies Congolaises sera établi. Si donc la présidence de la RDC, ou le bureau du premier ministre, a besoin d’équipement ou de fourniture, si le ministère de la défense cherche comment nourrir les soldats sur toute l’étendue de la RDC, si le ministère de transport veut réhabiliter des routes, des chemins de fer, des ponts, ou lancer des nouveaux bateaux modernes de transport sur le fleuve Congo et sur les lacs du pays, etc., la première chose à faire sera de consulter ce récent répertoire, identifier des compagnies et fabricants Congolais capables de réaliser le projet, et offrir les contrats à ces compagnies locales Congolaises. Ou alors, s’il n’y pas une compagnie locale capable de faire le travail, alors on donne le contrat à une compagnie étrangère mais cette fois-ci avec la condition claire (et non cahier des charges flou) exigeant à cette compagnie étrangère de former des gens locaux ou initier les gens des petites compagnies locales à apprendre comment continuer avec les travaux de maintenance une fois que la compagnie étrangère complète le travail et quitte la RDC. Ainsi, les gens locaux et les compagnies locales deviendront au fur du temps capables de réaliser ces mêmes grands travaux publics en RDC.

Quelques exemples concrets (il y en a plus) pour souligner l’importance de développer les capacités locales Congolaises: L’ingénieur Ponyo Baruti construit des grands bateaux modernes au Kivu avec expertise et mains d’œuvre entièrement Congolaises. Comment expliquer qu’il n’y a pas nombreux bateaux modernes de transport fabriqués par le groupe Baruti sur le fleuve Congo (Kinshasa-Kisangani) et sur les lacs et rivières en RDC? L’entrepreneur Barnabé Mupira à Kisangani est en train de construire des bateaux modernes pour lancer sur le fleuve Congo (Kisangani-Kinssha). A-t-il déjà reçu l’appui et le support des institutions gouvernementales en charge de la promotion de l’industrie, petites et moyennes entreprises? Brackley Cassinga, le jeune électronicien autodidacte de Bukavu, construit des appareils électroniques à partir de composants recyclés. Kwanza Technologie, (entreprise) créée par quatre jeunes garçons du Kivu, utilise aussi des composants recyclés pour fabriquer des torches qui ont la spécificité de posséder une autonomie de 7 à 10 jours et d’être équipées d’un dispositif de recharge de téléphones portables. Est-ce que les institutions gouvernementales en charge de la promotion d’industrie, des petites et moyennes entreprises ont déjà encouragé et appuyé ces jeunes gens? L’inventeur de tablette Motema Tab, Monsieur Dieudonné Kayembe, à Kananga, fut reconnu par le ministère de l’Industrie et du Fonds de promotion de l’industrie; mais qu’en est-il du soutien et de la motivation pour la croissance de la production afin d’alimenter le marché national et toute l’Afrique? Claude Kikunda au Katanga, a monté une voiture limousine à partir d’une épave de voiture ordinaire. Il a assemblé des pièces, modifié le châssis pour en faire une limousine. L’intérieur, ainsi que l’extérieur du véhicule sont œuvres de sa créativité. A-t-il déjà reçu des contrats de la présidence ou des ministères pour leur produire des limousines de luxe? Le jeune et grand artiste Isaac Mondele, à Kinshasa, ainsi que d’autres artistes de grand renom en RDC, produisent des œuvres artistiques mondialement admirées. L’artiste Mondele, pour réaliser ses sculptures, recycle des clous rouillés, des tiges de fer et des fils. Ses sculptures sont mondialement reconnues comme redonnant espoir à une humanité qui souffre. Est-ce que les œuvres de l’artiste Mondele et les œuvres des grands artistes Congolais adornent-elles les bâtiments ministériels, la présidence, les cours et tribunaux, les bâtiments qui hébergent le parlement, la radio-télévision nationale, ainsi que les bâtiments gouvernementaux dans les provinces? Les robots de roulage par Thérèse Izay Kirongozi devraient en ce moment-ci régulariser les circulations à travers toutes les villes de la RDC; ce qui veut dire que les gouvernements provinciaux et national devraient passer des commandes et contrats à Thérèse Izay Kirongozi pour stimuler sa compagnie à produise plus, grandir, et au moment où nous écrivons, sa compagnie devrait déjà avoir pris une envergure internationale; mais ce n’est pas le cas. Ingenious City à Kinshasa, une plateforme d’incubateurs en RDC, ainsi que des incubateurs de ce genre dans des provinces, sont des centres de créativités entrepreneuriales qui guident et accompagnent des jeunes innovateurs Congolais désirant lancer des unités de production. Est-ce que les ministères d’industrialisation, des petites et moyennes entreprises, etc., donnent-ils des contrats à ces incubateurs pour mobiliser et stimuler des jeunes filles et des jeunes garçons Congolais à embrasser l’entreprenariat sur toute l’étendue de la RDC? Les forgerons de Gemena qui produisent sur place, de façon artisanale, des marmites, des assiettes et presque tout ce qui est nécessaire pour équiper une cuisine; est-ce que les ministères d’industrialisation, des petites et moyennes entreprises, parcourent-ils le pays pour stimuler et appuyer de telles initiatives? Des entrepreneur locaux fabriquent des chaises et fauteuils en raphias et en bois d’excellente qualité un peu partout à travers les provinces du pays. Pourquoi les institutions gouvernementales préfèrent-ils importer des fournitures de l’étranger pour équiper leurs bureaux au lieu de passer des commandes aux fabricants locaux pour les stimuler et les appuyer à grandir et développer une envergure internationale? Le répertoire des innovateurs et entrepreneurs Congolais est large, mais malheureusement, ces innovateurs et entrepreneurs Congolais sont ignorés et abandonnés par les ministères et institutions de la RDC qui ont cependant la responsabilité de les appuyer et les motiver. Est-ce que les membres du nouveau gouvernement national en RDC seront à la hauteur de relever ce défi?

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, ne tergiversez pas cette fois-ci. C’est vous qui devez non seulement donner l’exemple de consommer les produits locaux « made in the DR Congo » mais aussi et surtout, sachez que c’est vous qui devez stimuler, encourager et appuyer vos compatriotes qui font toutes ces choses merveilleuses dans des conditions les plus difficiles du monde, afin qu’ils puissent faire de la RDC un pays producteur et exportateur de toute chose à base des immenses ressources naturelles que regorge ce pays. La présidence et les ministères ont chacun un budget. Ce budget c’est de l’argent du pays qui doit et devrait être utilisé en partie pour passer des commandes auprès des fabricants et producteurs locaux Congolais. Combien des milliards de dollars sont passés par les budgets de la présidence et des ministères en RDC, chaque année, depuis l’indépendance de ce pays, il y a de cela plus de cinq ans? Si la présidence et les ministères avaient utilisé, chaque année, une partie de ces milliards de dollars pour mobiliser et stimuler les jeunes filles et les jeunes garçons à créer des petites unités de production et des petites entreprises, ou pour passer des commandes auprès des fabricants et producteurs locaux pour tout ce dont ils ont besoin que les locaux peuvent produire, ou pour embaucher des millions des Congolais pour réhabiliter les routes, les chemins de fer, les bâtiments admiratifs, les bâtiments des hôpitaux, les aéroports et ports sur toute l’étendue du pays, c’est certains que des milliers ou même des millions des compagnies Congolaises seraient nées et seraient en train de produire tout ce dont le pays a besoin; il n’y aurait ni chômage ni pauvreté en RDC; et la RDC serait devenu grand producteur et exportateur des produits finis pour se voir classée parmi les nations industrialisées du monde.

Ce n’est cependant pas trop tard. Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, passez vite aux actions; c’est urgent. Vous avez ni droit à l’erreur ni d’excuses à présenter. Les souffrances du peuple Congolais, la pauvreté horrible qui ronge le peuple Congolais, l’insécurité terrible qui menace la balkanisation de ce pays, tout cela ne peut plus attendre. Oubliez vos plateformes politiques, car vous êtes maintenant au volant de la RDC et non au volant de vos plateformes politiques; le pays doit rouler vite et aller de l’avant. Sachez que vous mangez bien, vous êtes et serez bien payés et bien logés; vos familles ont et auront toujours le minimum nécessaire pour vivre à l’aise, pendant que quatre-vingt-dix pour cent des populations de la RDC ne mangent pas bien, vivent dans la pauvreté et misère dans un pays qui contient toutes les richesses dont la planète terre a besoin pour son avenir. C’est cela l’impératif moral et patriotique qui doit vous obliger à être déterminés et à vous engager corps et âmes à la transformation de ce grand pays pour en faire le moteur du développement et de l’industrialisation de toute l’Afrique. Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, c’est donc entre vos mains de faire la différence.

 

Par Tongele N. Tongele, Ph.D.
Docteur en génie mécanique et professeur d’université aux USA
tongele@cua.edu

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