Qui est Moïse Katumbi Chapwe?

Wina Lokondo

Perdre l’élection présidentielle et quitter avec élégance et dignité le pouvoir est une hypothèse que beaucoup de présidents de la République en fonction – et leurs partisans – refusent souvent d’imaginer. Il faut avoir une grande hauteur morale et une sincère culture démocratique pour se résoudre à accepter la défaite à l’issue d’une élection et reprendre une vie sans tapis rouge, sans escorte de motards, sans sirènes hurlantes, sans le jouissif et journalier sentiment de puissance devant les courbettes de nombreux obligés et tout le tralala qui ornent la vie de celui qui détient le pouvoir suprême dans un pays.

L’obsession de rester le plus longtemps aux affaires rend ce dernier dangereux, cruel, cynique : il ne se prive d’aucun moyen pouvant lui permettre d’anéantir tout concurrent redoutable.

Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, est aujourd’hui celui contre lequel les tenants actuels du pouvoir déploient leur artillerie lourde. Tous tirent sur lui. Rien ne lui est épargné comme critiques, autant ignobles, haineuses que risibles.

Ce qui inquiète le plus ses adversaires, ce sont les qualités de l’homme. Tous ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer Moïse Katumbi reconnaissent unanimement sa tempérance, sa sociabilité chrétienne, son humilité qui contraste avec son aisance matérielle, sa grande capacité d’écoute, son grand sens d’organisation, ses qualités de gestionnaire multisectoriel.

Moïse Katumbi a appris à avoir plusieurs fers au feu. Très jeune, il combine les études et les affaires, ensemble avec ses autres frères et sœurs après la mort de leur père dont ils ont hérité les activités commerciales. Quand le lushois Moïse Katumbi termine ses études secondaires (il a eu entre autres enseignants le conteur et comédien Pie Tshibanda), il a déjà la maîtrise du négoce, a bien le pied à l’étrier. Seules des personnes dotées de dons exceptionnels peuvent entreprendre diverses activités à la fois et les réussir. Ainsi, depuis longtemps, on ne s’étonne pas de voir Moïse Katumbi le matin en planteur inspectant ses grands champs de diverses espèces d’arbres fruitiers, de légumes secs et verts. Des heures plus tard, le trouver en réunion avec ses collaborateurs politiques réfléchissant sur la structuration du parti politique dont il est le président national et sur l’avenir du pays. C’est le même Moïse Katumbi  qu’on retrouve le même jour, quelques temps après, comme manager de l’équipe Tout-Puissant Mazembe dans son bureau du stade privé – son oeuvre – qui porte le nom de cette formation, complexe sportif joyau aujourd’hui du football congolais, lequel a été retenu par la CAF comme seul stade du Congo en mesure d’accueillir une rencontre de la coupe d’Afrique, tous les autres étant mal entretenus, aux installations délabrées. Moïse Katumbi a sauvé l’honneur de son pays.

Rappelons ici que ce dernier avait massivement été élu député national et provincial, et gouverneur – pendant 8 ans – de la plus importante province du Congo, avant le démembrement du pays en 26 provinces. Une popularité qui est allée grandissante au fil des années, non sans causes.

Un gouverneur dirige son cabinet politique et le gouvernement provincial. Il préside le Conseil des ministres (où l’on parle et on décide sur divers problèmes, économiques, socio-culturels, environnementaux, etc.) et le comité provincial de sécurité. Il est le premier interlocuteur des étrangers (privés et officiels) qui arrivent dans la province pour multiples raisons. Il est saisi sur diverses questions, par courriers ou autres canaux, par des personnes privées et différentes associations de la province dont il finit par connaître davantage la mentalité, la psychologie.

L’expérience de la gestion des biens et des personnes, Moïse Katumbi l’a et tient à la faire bénéficier à son pays comme président de la République. C’est cet homme plein de particulières qualités – qui connaît aussi le monde extérieur pour avoir beaucoup voyagé et qui, de ce fait, possède…un carnet d’adresses bien fourni – que l’on redoute parmi les challengers de l’actuel occupant du Mont Ngaliema. Tout est ainsi bon pour le « détruire », le salir, le faire haïr par ses compatriotes. Et, à ce jour, l’unique stratégie choisie et élaborée pour cet objectif, est le mensonge.

Et le grand mensonge est notamment celui de lui donner toutes les nationalités du monde (italienne, grecque, israélienne, zambienne et autres) avec comme prétendues preuves des images de faux passeports, fabriqués sans intelligence (« photoshopés ») et balancés sur les réseaux sociaux. Et pour crédibiliser ces fausses affirmations, on remet même en question la nationalité congolaise de sa mère, Virginie Mwenda, originaire du village Kashobwe, fille de Mukombe Katumbi de l’ethnie Bemba et de Kalasa Musengezi de l’ethnie Yeke. Celle-ci fille de Mwami Kalasa Mukanda-Bantu, lui fils de Mwami M’siri Ngelengwa Shitambi, « roi M’siri », assassiné et décapité le 20 décembre 1891 par le capitaine belge Bodson pour avoir résisté à l’occupation coloniale de son royaume.

Comme on vient de le lire, la mère de Moïse Katumbi est donc la petite-fille du vaillant roi M’siri. Le président de « Ensemble pour la République » et candidat à la prochaine élection présidentielle, est ainsi, par le côté maternel de sa mère, de « sang royal ». Il est neveu à l’actuelle députée nationale, Dominique Munongo Inamizi, sœur de l’actuel Chef coutumier régnant des Bayeke, Mwami Mwenda-Bantu Godefroid Munongo Junior.

Il est impossible au Congo ni en Zambie ni en Angola ni au Gabon ni ailleurs en Afrique que quelqu’un puisse se réclamer originaire d’un village sans être connu par les autres familles du même village. Toutes les familles d’un patelin – et leurs descendants – se connaissent. Moïse Katumbi, né à Kashobwe le 28 décembre 1964, est bel et bien un Congolais d’origine qui n’a pas arrêté, depuis son jeune âge, d’exprimer, de prouver son grand amour pour son pays – « l’amour n’existe pas, il n’existe que des preuves d’amour », dit le dicton – par son attachement à sa terre, notamment par ses énormes plantations, par de nombreux bâtiments construits à travers le pays (hôpitaux, écoles, orphelinats,…) – Moïse Katumbi a fait de son village une bourgade moderne -, par ses différentes entreprises qui ont donné du travail ici et là, et surtout par sa proximité avec ses compatriotes et le partage avec eux, sans distinction d’origine ethnique ni raciale, de ce qu’il est et de ce qu’il a. C’est cela, il nous semble, être un vrai Congolais.


Wina Lokondo

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