RDC. Gouvernement en formation: gouvernement de combat ou de complaisance?

Mwamba Tshibangu

Ce n’est plus qu’une question d’heures, désormais, et le gouvernement qui a mis du temps à sortir sera connu. Quels que soient ses membres ou sa composition, des critiques surgiront d’un peu partout pour fustiger tel ou tel autre aspect qui n’a pas été pris en considération ou qui a été négligé. C’est la praxis dans un système démocratique.

Avant cette sortie attendue de tous et pour cause, il est bon de rappeler que la tâche première de ce gouvernement consistera à répondre à l’impératif d’une nouvelle majorité qui est l’Union sacrée de la nation (USN). Sous cette veste, on s’attend logiquement de voir émerger la symbiose de l’esprit et des actions de toutes les myriades des regroupements politiques. En adhérant à la vision du chef de l’État, leurs membres sont appelés à rompre radicalement avec les habitudes de la mauvaise gestion du pays qui avait caractérisé l’ancien régime. Le peuple congolais voudrait voir se cimenter la cohésion entre la mouvance des caciques de l’ancien régime qui ont embarqué dans ce nouveau deal et tous les autres membres qui ont milité pour le véritable changement. Ensemble, il sera question qu’ils amorcent un nouveau départ pour qu’enfin, le pays décolle et retrouve sa place dorée dans le concert des nations.

Au regard de la nouvelle orientation politique, tous les ministres ainsi que les autres autorités publiques devraient s’engager à faire la politique autrement en plaçant le peuple congolais au centre de leurs préoccupations et de leurs actions. En somme, il faut rendre le slogan: « le peuple d’abord », une réalité palpable même si, on s’en convient, on ne peut résoudre tous les innombrables problèmes qui affligent le pays d’un seul coup. Ce dont le peuple a besoin, c’est de voir fleurir une amélioration réelle de leur vie quotidienne. C’est de ne plus voir une classe de privilégiés vivre dans la jouissance et dans l’abondance, au détriment du peuple qui croupit dans la misère et dans la clochardise.

Les ministres qui seront choisis devraient être à la hauteur de la tâche et suffisamment outillés pour livrer la marchandise à court terme. Le choix méticuleux des personnes aptes à faire partie de ce gouvernement ne pourrait se justifier que dans l’optique de renverser le paradigme d’un pays immensément riche qui compte sa population parmi les plus démunis de la terre. Que le gouvernement ait mis du temps pour sortir afin de rechercher un équilibre géopolitique ou encore, par souci de distribuer équitablement des portefeuilles ministériels afin d’éviter des déraillements en cours de la mandature, cela se comprend aisément. Cependant, les expériences des années antérieures démontrent qu’en l’absence de la volonté politique de servir le pays et le peuple d’abord, la qualité des gens ou de la coalition compte peu.

Il faut éviter que les gens soient au service des hiérarchies obscures, avilissantes ou au service des intérêts opaques et loufoques de certains groupes tapis dans l’ombre. Pour cela, des mesures fortes doivent être envisagées contre quiconque n’oserait s’inscrire dans la ligne de changement pour laquelle le gouvernement sera investi. Plus question d’indélicatesses ou de manœuvres sordides contre l’État et contre la nation congolaise.

Par ailleurs, ce n’est pas seulement en ayant des gens au gouvernement que les regroupements politiques peuvent se sentir membres à part entière de l’USN. Les perspectives d’une alliance efficace visant l’intérêt supérieur de la nation devaient en priorité envisager l’excellence et le rendement tous azimuts à n’importe quel poste de responsabilité dans les institutions publiques. Normalement, on devrait renverser la pyramide du pouvoir. Les autorités provinciales et locales devraient avoir plus de considération sociale et donc, plus de pouvoir, étant celles qui traduisent la politique gouvernementale en actes concrets au bénéfice de la population.

Dans cette logique, les partis politiques qui voudraient plus de visibilité devraient certainement compter sur des ministères au sommet de l’État, mais surtout sur la représentation à la base où les réalisations se font directement pour et par le peuple. Ainsi, les mandataires de l’État qui dirigent les districts et les provinces seront valorisés et le développement du pays se fera de la base au sommet et non l’inverse. Ce faisant, de gros moyens devraient être affectés pour que la dynamique et l’impulsion du développement puissent réellement partir de la base. Les rétrocessions financières prévues constitutionnellement devraient être allouées régulièrement pour donner aux administrateurs provinciaux les moyens de leur politique.

Il découle de tout ce qui vient d’être développé qu’on ne peut chercher à satisfaire tout le monde dans un gouvernement de « combat », car, la représentativité n’est pas nécessairement un gage d’engagement patriotique ou de réussite. Certainement, les critères majeurs énoncés dans la feuille de route du premier ministre et réitérés par le chef de l’État devraient être respectés. Toutefois, étant donné le mandat gouvernemental et compte tenu du temps qui lui est compté avant les échéances électorales, l’on devrait plutôt tabler sur l’efficacité des membres. Un gouvernement de combat ne peut se transformer, quoiqu’on en dise, en un gouvernement de complaisance pour caser tout le monde.

Mwamba Tshibangu

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