Réponse à une critique de ma vision de la démocratie

Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo

Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo

Récemment, j’ai posté dans le Groupe WhatsApp dénommé ‘Kwilu Politique’ les contours de ma vision de la démocratie dans un Etat multiethnique comme le nôtre. Celle-ci est tirée de mon livre intitulé « L’Ajustement politique africain. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa » (Paris, L’Harmattan, Montréal, L’Harmattan Inc., 1999, 284 pages), fruit de trois années de recherche en qualité de free-lance. Dans cet ouvrage, je pose le diagnostic de l’échec des processus de démocratisation en Afrique sub-saharienne, au lendemain des indépendances comme de nos jours. J’y propose également une alternative aux simulacres de démocratie en vigueur depuis la fin de la guerre froide. Ma pensée a fait l’objet d’une critique de la part d’un cadre du parti politique ECiDé du candidat à l’élection présidentielle Martin Fayulu Madidi, victime d’un hold-up électoral orchestré par le président Joseph Kabila et son successeur, président Félix Tshisekedi, à la suite de la présidentielle de 2018. Ephrem Elvis Kimpwene est son nom.

La critique est importante dans toute société. « Au choc des idées jaillit la lumière », avait écrit Nicolas Boileau, philosophe français du XVIIème siècle qui a légué à la postérité une autre phrase célèbre: « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». J’ai pris connaissance de la critique résolument négative de mon contradicteur avec plaisir. Je lui réponds de la même manière dans les lignes qui suivent; ce qui rentre dans mes habitudes chaque fois que je vulgarise cette alternative aux démocraties de façade. Ma réaction s’articule en deux points: expliquer la raison d’être de ma vision de la démocratie tout en résumant celle-ci et critiquer la critique.

Ma vision de la démocratie

Quand on se penche sur le destin de l’Afrique indépendante, on constate aisément que celui-ci se joue dans un cercle vicieux. Après l’échec de la démocratie des années 60, on est passé à l’autocratie, au nom des objectifs de l’unité nationale et du développement qui ont également piteusement échoué, avant de retourner à la démocratie des années 90, qui s’efface de nouveau au profit de l’autocratie. Le résultat est consternant. Où est la faute? Du haut de mes trois années de recherche à Bruxelles, de 1996 à 1999, je suis arrivé à la conviction profonde que la cause principale de l’effondrement africain généralisé est à rechercher dans la démission des élites locales devant les tares du modèle politique hérité de la colonisation. Depuis les indépendances, les élites africaines ne sont pas parvenues à identifier le problème majeur posé par l’Etat en Afrique. Celui-ci, né du despotisme européen exacerbé par le colonialisme, a aplati toutes les ‘différences’ et contradictions inhérentes à la juxtaposition de populations en les soumettant à une centralisation forcée exogène. Les identités communautaires ou régionalistes ont été ignorées (voire instrumentalisées quand nécessaire) mais elles ont survécu et prospèrent en temps d’incertitudes.

L’Afrique souffre de ses structures politiques issues d’Etats-Nations quasiment inexistants sur le continent! Tout processus d’émancipation de cette camisole de force passe par un ajustement politique indispensable qui prenne en compte tous les niveaux des sociétés africaines et notamment la tribu, l’ethnie ou la région. Car, le vécu quotidien des populations le démontre suffisamment, le citoyen africain peut à la fois être loyal à son foyer culturel et à son pays territorial, à condition que sur le plan politique on invente des formules idoines sensées créer de l’harmonie entre différentes tribus, ethnies ou régions.

De ce diagnostic, j’ai conçu un modèle politique démocratique qui s’écarte des sentiers battus en plusieurs points. La démocratie est construite non pas sur base des partis politiques, qui sont d’ailleurs généralement des coquilles vides en Afrique, mais des provinces, avec la liberté pour chacune d’elles de sélectionner ses propres représentants à tous les niveaux du pouvoir national. Elle n’est plus conflictuelle comme en Occident mais consensuelle ou consociative, conformément à la culture politique traditionnelle africaine. Car, comme aimait à le répéter avec raison le président Mobutu, il n’existe aucun village africain où l’on trouverait d’un côté la résidence du chef et de l’autre celle de son opposant; ce qui ne signifie nullement que l’autorité du chef est incontestable ou sans contre-pouvoirs. Dans mon modèle alternatif, les législatives se déroulent comme du temps du MPR Parti-Etat avec des candidats qui n’ont que leurs atouts personnels à vendre auprès des électeurs. L’élection présidentielle se joue en trois temps. D’abord au niveau d’une nouvelle institution, le Conseil provincial où les élus du peuple de chaque province choisissent le candidat de celle-ci. Ensuite à l’Assemblée nationale pour retenir les trois meilleurs candidats. Enfin, au suffrage universel de la nation, avec des moyens égaux de campagne mis à la disposition des candidats par l’Etat, chacun d’eux ayant son colistier. La présidentielle ne connait aucun perdant véritable. Les trois candidats doivent se partager, selon l’ordre d’arrivée, les trois postes suivants: Président de la République, Président du Conseil des notables et Président de l’Assemblée nationale. Composée de candidats à la présidentielle recalés par l’Assemblée nationale, la nouvelle institution, le Conseil des notables, a pour rôle d’assurer le partage équitable et équilibré du pouvoir national entre les provinces ainsi que le bon fonctionnement des institutions. Notons que dans tous les simulacres de démocratie en Afrique, ce double rôle est attribué au Président de la République qui devient ainsi juge et partie, surtout au regard de la très haute potentialité de prédation de ce poste.

L’ingénierie institutionnelle ci-dessus vise à assurer la transparence dans l’accès aux postes politiques et administratifs là où a toujours régné l’opacité. Elle ambitionne de créer l’effectivité de l’unité et de la cohésion nationales là où depuis les indépendances on se contente des illusions. Elle protège le pouvoir d’Etat du monde extérieur mieux que ne le font les démocraties de façade, le financement des campagnes électorales des candidats à la présidentielle provenant de l’Etat lui-même. Mieux, elle vise surtout à briser la trop grande capacité de patronage du Président de la République dans les corps constitués de l’Etat et, par voie de conséquence, le clientélisme politique ainsi que ses corollaires, à savoir l’impunité dont jouit le président, la paralysie des contre-pouvoirs et la prise en otage de l’Etat par un groupuscule d’individus issus d’une même coterie tribalo-régionale; ce qui constitue le dénominateur commun des Etats africains à des degrés divers, de l’époque des dictatures à la Mobutu à nos jours.

Critique de la critique

La forme

L’analyse critique est un art. Pour la mener, il faut procéder en trois étapes. Dans un premier temps, il faut restituer fidèlement la pensée ou la thèse de l’auteur ainsi que les arguments avancés pour soutenir celle-ci. Ensuite, il faut articuler une analyse critique du texte, c’est-à-dire porter un jugement sur la valeur de la pensée de l’auteur en évaluant soit sa thèse, soit un ou plusieurs de ses arguments ou encore l’un de ses concepts. Et évaluer signifie avancer des arguments qui invalident cette pensée ou certains de ses aspects. Enfin, le critique doit présenter ses éléments de façon ordonnée dans une production écrite claire, rigoureuse et cohérente, en suivant notamment la division de toute rédaction en introduction, développement et conclusion.

Qu’en est-il de la critique de Kimpwene? Celui-ci restitue ma pensée. Mais de quelle manière! Pour être concis, je me suis limité à un paragraphe. Tenez! « Tout Congolais, *ressortissant d’une tribu*, désireux de participer à la course au fauteuil présidentiel dépose sa candidature au caucus de sa province *multi-ethnique ou tribale* de résidence en tant que citoyen, et non au nom d’une quelconque idéologie importée, (non maîtrisée, par ailleurs, par la plupart des congolais qui n’en ont aucun véritable ‘ancrage mental’, sauf ‘mimétique’) du reste suspendue en l’air puisque n’ayant aucun lien avec le vécu des populations ».

Tout au long de la restitution, Kimpwene pollue mon texte avec des commentaires sortis de son imagination comme si ceux-ci étaient des suites logiques de ma pensée à moi. Partout, mon texte est ponctué d’astérisques et de parenthèses ainsi que de mots qu’ils entourent mais qui ne sont pas de moi. Quand on prête délibérément et systématiquement à son contradicteur des propos qu’il n’a pas tenus, cela s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle. Dans le cas présent, celle-ci ci est d’autant plus grave qu’elle déforme complètement ma pensée. Dans le paragraphe cité ci-dessus, par exemple, il serait illogique de ma part de présenter la notion d’idéologie importée comme « non maîtrisée […] par la plupart de Congolais qui n’en ont aucun véritable ‘ancrage mental’, sauf ‘mimétique' ». Car une idéologie est une prise de position face aux conflits, préoccupations et aspirations majeurs vécus par les populations d’un Etat. Les Congolais ont les leurs propres. Ils n’ont pas à se déterminer par rapport à ceux des Occidentaux. Ils n’ont pas à les maitriser. Car cela équivaudrait à une totale aberration, celle-là même qui explique que les idéologies importées par les partis politiques africains restent suspendues en l’air puisque ne mobilisant personne à commencer par les élites suiveuses qui les importent.

Le fond

La critique de Kimpwene contient trois attaques sur le fond de ma pensée. Primo, quand j’affirme que le système politique que je mets sur le marché des idées couperait les ailes au clientélisme politique, il ajoute un « *pas si sûr* » dans sa mauvaise restitution de mon texte. Là aussi, il s’y prend mal. Car il ne suffit pas de douter. Encore faut-il avancer des arguments à l’appui du doute. Mais des arguments, il n’y en a pas un seul.

Le clientélisme politique est une espèce de troc entre le Magistrat suprême et les Hauts commis de l’Etat. La pratique va du sommet jusqu’à la base de la pyramide sociale, chaque Haut commis ayant ses propres clients et ainsi de suite. Il s’agit-là d’un fléau qui mine la gouvernance du pays. Car, dans cet échange, le Magistrat suprême distribue puissance, gloire et richesse à travers des sélections/nominations aux postes politiques et administratifs, conformément à la Constitution. Puis, il attend des heureux nominés de la loyauté non pas à l’Etat mais à l’individu qu’il est. Le népotisme, le tribalisme et le régionalisme ne sont que des variantes de cette pratique dans la mesure où on s’imagine que la loyauté est mieux assurée par des membres de la famille biologique, de la tribu ou de la région. La stature du Président de la République comme Monarque de fait, Hommes-Etat, Loi-Faite-Homme ou encore Electron libre, agissant en toute impunité même quand il est coupable de haute trahison, provient de ce phénomène qui, au Congo-Kinshasa, est également source de cet autre antivaleur connu sous le vocable de « djalelo », c’est-à-dire l’obséquiosité des Hauts commis de l’Etat vis-à-vis du Magistrat suprême. Dès l’instant où la sélection de tous les Hauts commis de l’Etat échappe à ce dernier pour être désormais du ressort des Conseils provinciaux avec un Conseil des notables veillant au grain, mon négateur devrait expliquer par quelle porte passerait ce fléau pour perpétuer la mauvaise gouvernance endémique des Etats africains dans le cadre de ma vision de la démocratie.

Secundo, dans sa mauvaise restitution de ma pensée, Kimpwene ajoute treize fois le mot tribu ou ethnie ou leurs adjectifs. Lors d’une conférence de presse organisée le 24 octobre 2020 par la Radio Air Libre de Bruxelles au Press Club de la même ville, un participant avait eu exactement la même réaction. Il avait vu rouge quand j’avais déclaré qu’on pouvait construire la démocratie sur base des ethnies ou des provinces. Comme lui, mon contradicteur regarde la tribu ou l’ethnie avec les mêmes lunettes que les propagandistes de l’époque coloniale. Rappelons-nous ici que pour mieux asseoir la dichotomie entre colonisateurs et colonisés ou entre hommes civilisés et ceux à civiliser, la propagande coloniale avait donné des noms différents aux mêmes réalités selon qu’elles s’observaient en Europe ou dans les colonies. Certains de ces noms ont survécu. Ainsi, quand un citoyen du monde jadis colonisé quitte son pays pour s’installer en Occident, il est appelé immigré, avec toute la connotation péjorative collée à ce nom. Cependant, quand un homme occidental entreprend le même mouvement pour un Etat du Tiers-Monde, il devient un expatrié; ce qui sonne beau ou civilisé.

De même, les colonies étaient composées de tribus ou ethnies tandis que dans les métropoles vivaient des communautés ou des nations. Par ailleurs, comme l’a si bien écrit le professeur émérite M. Crawford Young de l’Université de Wisconsin-Madison dans son ouvrage « Introduction à la politique congolaise » (Bruxelles, CRISP, 1968), « des générations d’administrateurs et d’anthropologues, à commencer par Lugard [le grand théoricien du colonialisme britannique], avaient créé le stéréotype du Noir citadin, évolué et détribalisé. Il était entendu que ce nouvel Africain était totalement européanisé et coupé de son peuple ». Dans ce même ordre d’idées et s’exprimant une fois aux Etats-Unis sur les chances du deuxième processus de démocratisation dans son pays marqué par le multiethnisme, l’opposant historique Etienne Tshisekedi avait répondu que l’homme congolais avait dépassé le stade de la conscience tribale. Aujourd’hui, le favoritisme tribal est exacerbé au Congo-Kinshasa sous l’administration de son propre fils, le Président Félix Tshisekedi. La mystification des influenceurs de l’époque coloniale a fait rimer les mots tribu et ethnie avec passéisme, barbarie, anarchie et chaos. Elle a induit en erreur les élites africaines qui s’imaginent que pour construire un Etat moderne ou la démocratie, il faut dépasser la conscience tribale ou ethnique. Une erreur monumentale que Kimpwene reprend à son compte pour mépriser ma vision de la démocratie.

Les ethnies ne se retrouvent pas qu’en Afrique et dans les autres parties du monde anciennement colonisé. Elles existent aussi en Occident. En Belgique, les Flamands, les Germanophones, les Wallons sont des ethnies. Au Canada, les Anglophones et les Francophones sont des ethnies. Au Royaume Uni, les Anglais, les Ecossais, les Gallois et les Irlandais sont des ethnies. En Suisse, les populations ayant l’allemand, le français, l’italien et le romanche comme langues sont autant de différentes ethnies. Dans l’ex-République socialiste tchécoslovaque, les Tchèques et les Slovaques, qui se sont désormais séparés, étaient des ethnies. Dans l’ex-République fédérale de Yougoslavie, implosée par les apprentis sorciers américains et leurs caniches européens, les Albanais, les Bosniaques, les Croates, les Macédoniens, les Monténégrins, les Serbes, etc. étaient des ethnies. On pourrait ainsi multiplier les exemples.

Tertio, après avoir délibérément choisi de ne pas restituer fidèlement ma pensée, mon contradicteur m’accuse de faire du mimétisme: « en allant comparer un pays comme le nôtre, dont chaque province compte des dizaines d´ethnies et tribus, à la Belgique, par exemple, qui avec seulement 3 groupes ethniques ou communautaires (Flamands, Wallons, Germanophones), non compris les Bruxellois, connaît souvent certaines crises politiques gouvernementales qui durent, parfois, plus d´une année!!! Car il suffirait d´un petit mécontentement au niveau des tribus de la même province, les crises troubles de tribalisme, clanisme, népotisme risquent de détruire le pays à la base jusqu’à créer, voire, des sécessions que certains véreux politiciens manipulateurs pourraient fomenter pour devenir des roitelets dans leurs petits fiefs des villages, groupements, secteurs, territoires, districts ou provinces! ».

La citation ci-dessus appelle trois commentaires. D’abord, elle constitue une fois de plus une affirmation gratuite sans valeur dans une analyse critique. Car, Kimpwene n’explique pas pourquoi et comment « un petit mécontentement au niveau des tribus de la même province » risquerait « de détruire le pays à la base » du fait de l’appareillage politique que je propose. Ensuite, mon contradicteur croit avancer un argument d’une logique mathématique en comparant les situations ethniques de la Belgique et du Congo-Kinshasa. Pourtant, la simple observation de la vie des nations démontre que moins un Etat multiethnique a d’ethnies, plus grande est la probabilité des chocs frontaux ou sanglants. L’histoire du Burundi et du Rwanda est éloquente à cet égard, comparée à celle du Congo-Kinshasa. Enfin, en ironisant sur le modèle belge, ce que fit la Présidente de l’Assemblée Nationale Jeanine Mabunda répondant aux journalistes sur le retard dans la formation du premier gouvernement de « l’arrangement à l’africaine » entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, Kimpwene ignore que les crises politiques belges ne sont en rien comparables à celles des Etats faillis d’Afrique. La Belgique est un Etat démocratique avec une administration indépendante. En temps de crise politique, la vie des citoyens se déroule comme si de rien n’était. On va même jusqu’à se demander à quoi sert le gouvernement (Je vis en Belgique depuis 32 ans). En outre, la source principale des crises belges, le poids du passé ou la domination de plus d’un siècle des Wallons et les ressentiments des Flamands qui s’en suivent jusqu’à ce jour avec des demandes de confédération voire de séparatisme, n’existe pas au Congo-Kinshasa.

Conclusion

L’échec du deuxième processus de démocratisation de l’Afrique sub-saharienne était prévisible. Dans mon ouvrage cité ci-haut et publié bien avant la tenue des élections dites démocratiques de 2006 au Congo-Kinshasa, il est écrit noir sur blanc ce qui suit à page 130: « La démocratisation, comme tous les rêves qui accompagnent l’Afrique dans sa descente aux enfers, des indépendances à nos jours, a été mystifiée mais pas analysée. Marchant aux allures d’une seconde indépendance, elle nous transporte trois décennies en arrière quand, à la suite de l’amateurisme et de la démagogie de la classe politique, l’indépendance était déjà un objet politique non identifié. Erigées à leur tour en mythe, les assises qui devaient actualiser la démocratie, les conférences nationales, n’ont apporté aucune réponse aux problèmes fondamentaux de l’Etat en Afrique. Comme en 1960, on a cru qu’il suffisait d’importer la démocratie procédurale occidentale pour que la démocratie en tant qu’état d’esprit se mette en marche. Et comme en 1960, ‘l’Afrique noire est mal partie’ (dixit René Dumont). Les pays ayant réussi leur transition démocratique ne font pas exception à cette règle, car cette réussite ne veut nullement dire qu’ils ont réussi la démocratisation. L’Afrique profonde les attend au tournant. Elle les rattrapera tôt ou tard, comme elle a déjà rattrapé le Niger, le Burundi, la Sierra Leone, le Congo-Brazzaville, les Comores et la Guinée-Bissau ». On connait la suite.

En écrivant ce qui est souligné ci-dessus, je ne lisais pas dans une boule de cristal. J’analysais les faits. Et les faits sont têtus. On a beau répéter mille et une fois la même erreur, la démocratie conflictuelle et partisane dans des pays marqués par le multiethnisme, elle ne se transformera pas en solution. Aussi, face à l’échec, qui était prévisible et qui a lieu dans la quasi-totalité des Etats d’Afrique sub-saharienne, je propose une alternative, à savoir la démocratie consociative basée sur la province. Je développe la pensée laissée au stade embryonnaire du seul homme politique congolais en avance sur son temps pour avoir réfléchi à la démocratie. Il s’agit du Président Joseph Kasa-Vubu. Celui-ci rêvait déjà d’une démocratie consociative pendant que les autres hommes politiques congolais de l’époque vouaient un culte béat à la démocratie occidentale, état d’esprit qui nous poursuit jusqu’à ce jour, conduisant toujours à la même désillusion amère. J’offre un cadre concret à la pensée d’Amadou Hampâté Bâ, l’écrivain et ethnologue malien qui « est pour l’Afrique noire le gardien de haute mémoire et le défenseur vigilant d’une civilisation longtemps méconnue ». Celui-ci nous invite à refonder l’Etat africain pour le considérer comme un « Etat d’ethnies unies ». En la débarrassant de l’arbitraire et en y introduisant la transparence, je civilise la pratique réelle du pouvoir tout au long du mobutisme triomphant. Car, comme l’a écrit le professeur Isidore Ndaywel dans son livre « Histoire du Zaïre. De l’héritage ancien à l’âge contemporain » (Louvain-La-Neuve, Duculot, 1997), à cette époque-là, « chaque région constituait un groupement politique, doté de ramifications internes calquées sur des ensembles macro-ethniques déjà identifiés avec leurs groupes dominants et leurs minorités. La politicaillerie, qui avait cessé de se compromettre dans des manipulations de partis politiques, trouva à s’occuper en gérant ces multiples différences. Les nominations politiques constituaient elles-mêmes des chefs-d’œuvre de dosage de cette multitude de réalités ».

En tant qu’alternative à la démocratie mimétique dont les ravages ne sont plus à démontrer, allant jusqu’à discréditer l’idéal même de la démocratie, ma vision présente au moins l’avantage d’exister dans un désert conceptuel à l’échelle continentale. Toute critique est la bienvenue, à condition qu’elle détermine, arguments à l’appui, l’efficacité ou non de mon point de vue concret. Cela est malheureusement loin d’être le cas de la critique de mon contradicteur Kimpwene. Ce dernier n’a pas restitué fidèlement ma pensée. Il se borne à lancer des affirmations gratuites qui ne démontrent pas pourquoi et comment ma pensée conduirait ou ne conduirait pas à tel ou tel autre résultat ou conséquence. Pire, comme pour l’écrasante majorité des élites du continent, sa pensée à lui reste prisonnière du ravalement systématique des cultures africaines au rang de la sauvagerie par les influenceurs de l’époque coloniale. Comme en témoigne son aversion, conditionnée par la propagande coloniale, pour la tribu ou l’ethnie.

Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo

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Readers Comments (8)

  1. Combattant Résistant de l'Ombre 13 novembre 2023 @ 9 h 40 min

    @Ndeko Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo,
    Espérons que notre Frère EPHREM KIMPWENE a réellement tout compris de ce que vous avez écrit ci-dessus. Effectivement « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » dixit Boileau Nicolas, nous dirons même plus les arguments massues sont toujours mieux que les non-dits et mensonges saugrenus ou la force de l’argument non l’argument de la force comme dirait l’autre […]. La MATRICE « DÉMOCRATIE CONSOCIATIVE » avec ses graphes, transpositions, variables et dérivées est votre ŒUVRE (PROPRIÉTÉ) INTELLECTUELLE qui mérite mieux que les GALIMATIAS de telle envergure. Cette réplique est magistrale, ce fut un réel plaisir de la lire jusqu’au bout pour s’imprégner encore plus de votre pensée sur la DÉMOCRATIE CONSOCIATIVE. Est-ce que notre Frère Bandundois Kimpwene la lira avec honnêteté intellectuelle du Patriote-Nationaliste ou avec ses lunettes de Fanatique aveugle des Politichiens ? Perso, nous détestons les Réseaux Sociaux RDCIENS à cause de son caractère impersonnel et de l’anonymat qui poussent les intervenants à être désagréables, impolis et malhonnêtes, le seul Social Network que nous utilisons régulièrement est X (ex-Twitter) mais espérons que Ephrem Kimpwene viendra sur CIC pour réagir ou alors vous la (réplique) lui enverrez par WhatsApp, cela peut le pousser à rejoindre CIC pour avoir un DROIT DE RÉPONSE. Du choc des idees jaillit la lumière sauf pour les millions des Fanatiques aveugles des Politichiens COLLABOS RDCIENS et OCCUPANTS BANYARWANDAS de la RDC occupée. La malhonnêteté intellectuelle, c’est la grande tare de l’élite RDCienne malheureusement. Cette dissertation est un véritable addenda de votre livre « L’Ajustement Politique Africain. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa » avec un ajout supplémentaire d’explications claires, poussées, fouillées et palpables. C’est toujours un réel plaisir de vous lire même sans commenter car aucune longueur de texte ne nous effraie. La Lecture, c’est notre nourriture quotidienne comme l’est le Sport. Bonne continuation @Ndeko Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo. BOBOTO O MBOKA BINO. Ainsi soit-il (INGETA)🙏

    • Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo 14 novembre 2023 @ 18 h 00 min

      Comble de l’ironie, cher Combattant Résistant de l’Ombre, mon contradicteur intervient souvent dans le Groupe WhatsApp « Kwilu Politique » où sont lancés des appels à la mobilisation de tous les Kwilois à se ranger comme un seul homme derrière la candidature de Martin Fayulu. Lui qui méprise ma vision de la démocratie puisque basée sur les provinces ne les recadre pas pour dire que Fayulu n’est pas le candidat du Kwilu mais celui d’un parti politique. Car cela l’arrange bien en tant que cadre du parti de Fayulu. Pourtant, le pays gagnerait si Fayulu était élu candidat du Kwilu dans le cadre du système démocratique alternatif que je préconise. Imaginons, par exemple, Joseph Kabila ou Félix Tshisekedi avant leur arrivée au pouvoir. Si leurs provinces respectives devaient élire leurs candidats à l’élection présidentielle, pensez-vous qu’ils oseraient même aller déposer leurs candidatures du haut de leur pauvre backgrounds intellectuels et professionnels ? Si par miracle ils passaient le premier filtre au niveau de la province (de résidence), auraient-ils la moindre chance de passer à travers le deuxième filtre au niveau de l’Assemblée nationale ? Je ne pense pas. Mais dans le cadre des partis politiques, ces coquilles vides qui mériteraient l’appellation de « ligablo », il suffit d’en créer un pour être candidat à la présidentielle. Il y a clairement un système politique qui tire la société vers le haut ou vers l’excellence, celui que je propose avec deux filtres pour être candidat à l’élection présidentielle, et un autre qui tire la société vers le bas puisqu’étant sans filtre, celui des « ligablo ».

      • Combattant Résistant de l'Ombre 16 novembre 2023 @ 9 h 04 min

        Affirmatif, @Ndeko Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo, les 2 Politichiens du Grand Kasaï et du Grand-Katanga que vous citez ne pourront jamais passer les filtres régionaux de la DÉMOCRATIE CONSOCIATIVE, c’est impossible, même les 2 autres du Grand Bandundu et Grand-Kivu ne le pourront jamais car ce sont tous des Collabos qui font la politique classique dans un pays occupé et qui auront à leur passif un désavantage énorme [face
        à leurs nombreux challengers compétents, qualifiés, instruits au niveau
        régional] pour avoir cautionné la présence de l’Empire Hima (EAC) durant 26 ans à travers le Collaborationnisme actif ou passif et les élections pièges à cons truquées d’avance organisées par la CENI pro Rwanda aujourd’hui lubalisée dans notre Grand et Beau Pays KONGO-ZAÏRE qui comptabilise plus 10 millions des morts. De toutes les façons, en ce moment-là lors de l’installation effective de la DÉMOCRATIE CONSOCIATIVE, ils (POLITICHIENS DES PARTIS POLITIQUES) ils seront déjà en exil ou lapidés, lynchés, arrêtés,
        jugés, emprisonnés, pendus si le PEUPLE KONGOLAIS SOUVERAIN PRIMAIRE se soulève pour chasser l’Occupation RWANDO-OUGANDAISE. Une QUESTION D’ACTUALITÉ à propos des élections « Démocratiques » en Afrique Subsaharienne, celles du LIBÉRIA [si notre memoire est bonne, vous y étiez en 2003 ou 2006 lors de l’élection d’Ellen Johnson Sirleaf] dont le Second Tour qui opposera ce Mardi 21 novembre 2023, le Président sortant,GEORGE WEAH (57 ans), face au Vétéran (78 ans) JOSEPH BOAKAI (Vice-président de Shirleaf de 2006-2018). Selon le machin ONU, cette élection représente sans aucun doute une étape cruciale dans la consolidation de la PAIX et de la DÉMOCRATIE au Liberia et dans la Région de l’Afrique de l’Ouest. Qu’en pensez-vous @Ndeko Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo de ces élections présidentielles au Liberia ? D’autant plus que ce 2nd TOUR qui s’annonce serré entre les 2 candidats, déjà opposés en 2017 sera pour la 1ère fois organisée sans la présence de la MISSION DES NATIONS UNIES au LIBERIA, créée en 2003 et partie en 2018 et qu’aucun observateur étranger ne pourra contrôler ni phagocyter ce processus électoral comme c’est habituellement le cas en 2006, 2011 et 2018-2019 en RDC occupée. Voilà notre questionnement, est-ce que les pays Anglophones tels que l’Afrique du Sud, le Ghana, le Nigeria et le Liberia malgré le mimétisme factuel de la Démocratie Occidentale sont-ils un peu plus mûrs politiquement par rapport aux Pays Francophones surtout ceux de l’Afrique Centrale dont les présidents (Sassou, Laurenço et Kanambe/Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi) Dictateurs militairement élus laissent leurs alter ego Paul Kagame, alias Joseph Kabila (Cheval de Troie du Rwanda au KONGO-ZAÏRE) et Yoweri Museveni envahir leurs pays sans broncher au nom de la Franc-maçonnerie chère à la France Macroniste ? Merci d’avance🙏

  2. Cher Mayoyo,
    Je viens de lire l’essentiel de votre argumentaire face à la critique de votre contradicteur, toujours aussi convaincant comme d’habitude chez- vous. A ce niveau je ne peux donc qu’en prendre acte en même que je reconnais la justesse et la force de votre défense.
    Cela dit, j’aurais voulu en même temps prendre connaissance plus précisément du contenu de votre contradicteur ; voudriez-vous nous indiquer où le lire ? Merci.

  3. Bonjour cher Mayoyo Bitumba, après un long silence sans vous lire vous voilà encore . Il faut être fort intelligent et des nerfs solides pour critiquer la pensée d’un homme comme Mayoyo qui a fait trois ans de recherche sur la démocratie endogène au Congo . Notre souhait c’est de jetter un coup d’œil sur la fameuse critique de Mr Éphrem pour en savoir davantage . Ayant déjà lu le livre de Mayoyo sur  » L’ajustement politique africain pour une démocratie endogène au Congo , il faut dire que l’homme est un véritable maître à penser . Sentiments patriotiques !!

    • Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo 15 novembre 2023 @ 10 h 14 min

      Cher Roger,
      J’ai posté la critique de mon contradicteur en réponse à la même demande déjà faite par Nono. Merci pour les compliments. Mais le meilleur des tous, ce serait de voir les élites congolaises et autres africaines remettre en cause cette « démocratie » qui nous tue et se pencher sur les alternatives possibles et imaginables. Pour l’instant, il y en a une sur le marché des idées. La mienne. Le 22 octobre dernier, j’étais content de suivre, virtuellement, en direct de Lomé la première édition des Rendez-vous MANSSAH, un groupe de réflexion né autour du journaliste camerounais Alain Foka qui a quitté RFI. Le groupe marche sur mes pas en remettant en cause nos Constitutions mal ficelées. Comme je l’ai toujours expliqué, ces Constitutions ne tiennent pas compte de l’histoire, de la culture et des tissus sociaux africains dans la construction de la démocratie. Nous devons discuter des questions de fond et non des individus comme nous le faisons depuis 1960. Et discuter avec responsabilité.

  4. Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo 14 novembre 2023 @ 18 h 17 min

    Cher Nono,
    Veuillez trouver ci-dessous la critique d’Ephrem Elvis Kimpwene. Les astérisques, parenthèses et tout ce qu’ils contiennent sont de lui. Il les insère carrément dans mon texte. Dans sa conclusion, il s’imagine que le modèle démocratique occidental copié aveuglement, bêtement ou servilement tel qu’il se présente actuellement favoriserait l’unité nationale tandis que l’alternative sortie de mon imaginaire serait l’œuvre d’un démon de la division. Apparemment, il ne voit pas comment ce modèle occidental mal copié déchire la nation.
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    Toujours soucieux de trouver une « voie idoine » pour une gouvernance, libératrice du génie des peuples africains devant désormais marcher sur les « Chemins de libération », comme préconisé par feu Mgr Bakole, alors Évêque de Kananga, je voudrais revenir sur le mode d’accession au pouvoir politique, notamment dans une Société multi-ethnique comme le Congo-Zaïre.
    Pour ce faire, je me permets d´examiner l´intéressante proposition initiée par mon jeune frère Patrick Mayoyo. Il préconise, dans un raisonnement de « politique-fiction » de jeter les « partis politiques » dans les poubelles de l’histoire. Car, ils se révèlent être des choses (ligablo) aux mains de leurs fondateurs automatiquement, transformés en propriétaires. A leur place, élevons nos différentes provinces en institutions politiques.
    Après avoir organisé des élections législatives avec des candidats uniquement indépendants, un peu comme du temps du MPR Parti-Etat, les *personnes élues* du peuple de la province, *multi-ethnique ou tribale*, forment un caucus ou conseil provincial dans le but précis de contribuer au partage équitable et équilibré du pouvoir national.
    Tout Congolais, *ressortissant d´une tribu*, désireux de participer à la course au fauteuil présidentiel dépose sa candidature au caucus de sa province *multi-ethnique ou tribale* de résidence en tant que citoyen, et non au nom d’une quelconque idéologie importée, (non maîtrisée, par ailleurs, par la plupart des congolais qui n´en ont aucun véritable « ancrage mental », sauf « mimétique ») du reste suspendu en l’air puisque n’ayant aucun lien avec le vécu des populations.
    Le caucus *multi-tribale* examine les candidatures en éliminant celles ne remplissant pas les critères, (définis par des personnes, issues de multiples tribus) au regard de la loi (élaborée par les personnes issues de plusieurs tribus) et passe au vote pour retenir le candidat de la province *multi-tribale*. Car, en dépit du fait que notre schéma politique actuel soit basé sur le multipartisme et la liberté pour chaque Congolais d’adhérer au parti de son choix, nous avons tendance, à considérer les candidats comme ceux de leurs provinces d’origine *ou ceux qui partageraient les mêmes « valeurs » ou les mêmes « visées politiques » que ces libres électeurs*.
    Après ce premier filtre (fabriqué par les citoyens, membres des Communautés tribalo-ethniques) du caucus, qui n’existe pas au niveau des ligablo, intervient un deuxième filtre, cette fois-ci, au niveau national, *constitué des membres de plusieurs ethnies, partageant, une fois de plus des valeurs ou visées politiques diverses*.
    Réunis dans la capitale, les élus de la nation élisent trois candidats à la présidentielle, chacun ayant un colistier, candidat à la vice-présidence, en tenant compte *des critères très marqués par des valeurs et visées politiques ou ethno-tribalisées*. Ceux-ci vont battre campagne pour l’élection au suffrage universel avec les mêmes moyens logistiques et financiers mis à leur disposition par l’Etat, inaugurant ainsi une ère d’élections « justes » qui n’ont jamais existé jusqu’à ce jour, mais *teintées des valeurs et visées politico-culturelles diverses des hommes et femmes à la manœuvre*.
    L’élection présidentielle ne se fera pas à la mode actuelle où celui qui gagne, gagne tout et celui qui perd, perd tout. La nation ira aux urnes pour choisir, *selon les valeurs et visées politiques et culturelles prônées par les membres tribaux, religieux, provinciaux, sectaires, etc… des électeurs*, suivant l’ordre d’arrivée, le Président de la République et son Vice-président, le Président du Conseil des notables et le Président de l’Assemblée nationale. Nouvelle institution, le Conseil des notables, formé des candidats à l’élection présidentielle retenus au niveau provincial jouerait deux rôles. Il veillerait au partage équitable et équilibré du pouvoir national, dans toutes ses sphères exécutives, avec la liberté pour chaque caucus ou conseil provincial *multi-ethnique ou multi-tribal* de sélectionner et proposer ses propres représentants ; ce qui couperait les ailes au clientélisme politique, *pas si sûr*. Il veillerait également au bon fonctionnement des institutions, *gérées* par des *personnes liées à certaines valeurs et visées politiques en commun avec une partie de la population*. A cet égard, notons que dans le schéma politique actuel, ce deuxième rôle est attribué au Président de la République, en dépit du bon sens. Car ce faisant, ce dernier est à la fois juge et partie, surtout au regard de l’énorme potentialité de prédation de son poste.
    Quand on connaît les maux qui caractérisent la mauvaise gouvernance endémique du Congo-Zaïre, maux nommément cités dans le préambule de la Constitution actuelle, à savoir l’injustice et ses corrolaires: le clientélisme, le népotisme, le tribalisme, le régionalisme, l’impunité; quand on sait que de Mobutu à ce jour, les contre-pouvoirs prévus dans les textes restent impuissants, surtout face aux faits et gestes du détenteur de l’imperium et cela du fait de la grande capacité de patronage de ce dernier dans les emplois politiques et administratifs; quand on observe que depuis le même Mobutu et quelque soit le régime en place, l’Etat congolais reste pris en otage par des individus issus d’une même tribu ou de *plusieurs tribus qui partageraient les mêmes valeurs et visées politiques*, pour leurs intérêts, peut-être, un peu moins égoïstes; quand on compare l’architecture institutionnelle actuelle à celle issue de la politique fiction ci-dessus, on se rend vite compte que sur le plan institutionnel, nous n’avons jamais rêvé d’un Congo-Zaïre nouveau dans lequel l’accès au pouvoir *de ce genre des personnes élues* serait « civilisé » par la participation réelle et harmonieuse de nos différentes identités culturelles ou particularités, *des personnes* pourtant sublimées dans le préambule de la Constitution actuellement en vigueur, *confirmant ainsi que les institutions humaines ne peuvent que valoir ce que valent ceux qui les animent dans leur conception des valeurs et visées politiques et sociales*!
    Alors il ne faut surtout pas oser chercher à asseoir une autre *démocratie des singes*, terme cher à Patrick, en allant comparer un pays comme le nôtre, dont chaque province compte des dizaines d´ethnies et tribus, à la Belgique, par exemple, qui avec seulement 3 groupes ethniques ou communautaires (flamands, wallons, germanophones), non compris les Bruxellois, connaît souvent certaines crises politiques gouvernementales qui durent, parfois, plus d´une année !!! Car il suffirait d´un petit mécontentement au niveau des tribus de la même province, les crises troubles de tribalisme, clanisme, népotisme risquent de détruire le pays à la base jusqu’à créer, voire, des Sécessions que certains véreux politiciens manipulateurs pourraient fomenter pour devenir des roitelets dans leurs petits fiefs des villages, groupements, secteurs, territoires, districts ou provinces ! C´est donc sur l’éducation du citoyen qu´il faut le plus travailler afin de respecter les prescrits des textes institutionnels et ou constitutionnels ! Dixi…et Salut à vous, tous mes frères ! Il faut donc se battre pour garder notre effort à défendre l´unité nationale chèrement en construction, depuis Mobutu, contre les démons de la division…👇🏼👇🏼👇🏼👇🏼

    • Cher Mayoyo,
      Après avoir lu votre contradicteur je plaide plutôt pour une meilleure sensibilisation à votre modèle qui est une excellente réflexion sur nos errances de gouvernance depuis 60 ans. A moins d’être aujourd’hui curieusement satisfait de nos déboires, cette réflexion s’impose.
      En effet si j’ai compris la pensée de Mr Kimpwene est qu’il craint la dislocation de l’unité nationale telle qu’elle fonctionne actuellement (il pense exprès à un héritage laissé par Mobutu) pour un changement qui reposerait sur les desirata de nos communautés primaires, forcément ethno-tribales et regionales ou multi-tribales qui representent pour lui une division du pays. Le hiatus est qu’il ne se donne pas la peine de jauger la fragilité de cette unité nationale bancale qui aujourd’hui n’empêche pas l’émergence de notre national-tribalisme tournant dangereux.
      Pour lui l’éducation du citoyen et les textes existants arriveront un jour à produire des Etats plus stables et plus performants et ne fait même pas l’effort de mesure comment une organisation plus endogène de nos sociétés serait plus sûre et plus efficace.
      Donnez- lui à lire et relire les details de votre modele qui n’est pas exactement pour la division du pays et il sera moins inquiet pour une division qui existe déjà que la construction innovante de notre nouvelle unité.
      Ma façon pédagogique de voir les choses ne vous conviendra sans doute pas mais ce n’est peut-être pas une stratégie si défaitiste.

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