Tanganyika: La destitution de « Zoé » a mis en échec une conspiration contre la sécurité nationale

« Joseph Kabila » est dans tous ses états. L’éviction de son frangin de son poste – frauduleusement acquis – de gouverneur contrarie ses ambitions. L’ex-Président voulait ériger la province de Tanganyika en général et la ville de Kalemie en particulier en une sorte de « principauté » pour la fratrie « Kabila ». Porte-parole de l’ex-majorité présidentielle, André-Alain Atundu Liongo a repris du service.

Au cours d’un point de presse qu’il a animé jeudi 20 mai, à Kinshasa, le Fcc André-Alain Atundu Liongo n’a pas trouvé des mots assez durs pour vitupérer contre la destitution du gouverneur de Tanganyika, l’impayable Zoé « Kabila ».

C’est la première fois que la mouvance kabiliste dite « Front commun pour le Congo » donne de la voix à l’occasion de la chute d’un gouverneur de province de son obédience. « Zoé » n’est pas n’importe qui. On l’a compris. L’homme avait créé l’événement en prévenant la terre entière, in tempore suspecto, que sa fratrie n’était pas disposée « à céder le pouvoir d’Etat à n’importe qui ». C’était dans un entretien avec l’hebdomadaire Jeune Afrique en septembre 2016. Soit trois mois avant l’expiration du deuxième mandat de son Président de frère. L’opinion dissimulait mal son effarement.

En raisonnant par l’absurde près de cinq années après, on pourrait donner raison à « Zoé » qui parlait par « procuration ». Arrivés sans le moindre sou en poche au Congo-Zaïre, entre 1997 et 2001, les membres de cette énigmatique fratrie se sont constitués une fortune mirobolante. Inutile de fouiner pour découvrir à qui la mort de Mzee Kabila a pu profiter. Inutile également de chercher les raisons ayant empêché le successeur de Mzee à faire éclater la vérité sur les circonstances exactes du décès de ce dernier. Un dossier classé.

LA FRATRIE « KABILA » MENACE LA SECURITE NATIONALE

André-Alain Atundu

Selon Atundu, le « renversement » de Zoé « marque le paroxysme d’une campagne d’épuration idéologique ». Allons donc! Une campagne menée, bien entendu, par l’Union sacrée de la Nation (USN) « dans les institutions de l’Etat ». L’objectif serait, d’après le porte-parole du Fcc, de procéder au remplacement de tous les gouverneurs jugés « non fiables ». Traduction: les gouverneurs qui rechignent à adhérer à l’USN.

« Athos », comme l’appellent ses proches, dit craindre, à cette allure, que le Congo-Kinshasa ne devienne une « démocratie unanimiste » où la liberté d’exprimer une pensée contraire serait purement et simplement proscrite. L’ancien officier de renseignements sous le régime de Mobutu Sese Seko a retrouvé des réflexes anachroniques en appelant la population à « rester vigilante ». Personne n’est dupe.

André-Alain Atundu qui a fait toute sa carrière dans les « services » est assez averti pour « flairer » les menaces potentielles qui planent tant sur la sécurité nationale que sur l’intégrité du territoire. L’homme n’ignore pas que les membres de la Fratrie « Kabila » – au parcours mystérieux – constituent un grand point d’interrogation pour la population congolaise. Il n’ignore pas non plus que le Congo-Kinshasa n’est, aux yeux de ce « trio infernal », qu’une sorte de « caverne d’Ali Baba ». On pille. On brade.

Durant les dix-huit années qu’il a passées au sommet de l’Etat, le successeur de Mzee s’est employé à déstructurer l’Etat. L’armée, la diplomatie, la police, les services de renseignements civils et militaires ainsi que l’Administration publique ont été infiltrés par des individus sortis de nulle part. Des individus devenus Congolais par « génération spontanée ». Il s’agit essentiellement de tous ces colonels et généraux de pacotille issus des « rebellions » pro-rwandaises du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) et du M23. Ceux-ci constituent une évidente « cinquième colonne ».

CNDP ET M23

Dans des interviews accordées à des journaux belges en 2013, l’ancien chef espion rwandais Patrick Karegeya – qui sera assassiné en janvier 2014 – n’avait pas manqué d’affirmer que le CNDP et le M23 avaient été montés de toutes pièces par le « maître de Kigali ». « Il [Paul Kagame] était aux manettes », déclarait-il.

On comprendre que la destitution de « Zoé » rende « Joseph Kabila » furieux tel un taureau face à un chiffon rouge. La colère de l’ex-raïs n’est nullement due à son attachement à une quelconque « démocratie pluraliste ». Encore moins au respect de l’Etat de droit.

Nous l’avons écrit à maintes reprises. Après avoir succédé à Mzee Kabila le 26 janvier 2001, « Joseph » s’est rapproché dans un premier temps des Luba du Katanga. « Je suis originaire d’Ankoro », disait-il à qui voulait l’entendre. Sans convaincre. En réalité, Ankoro est le village de LD Kabila le père putatif de la fratrie.

Déçu par ses « oncles Lubakat » d’Ankoro et Manono qui lui reprochent de n’avoir laissé aucune réalisation, « Joseph Kabila » a jeté son dévolu sur la ville de Kalemie. Celle-ci n’est séparée de la Tanzanie natale que par le lac Tanganyika. Dès les premiers mois de l’année 2016, « Kabila » fait acheminer plusieurs chars à Kalemie. Pourquoi? Est-ce pour préparer un « repli stratégique »? Où est passé cet arsenal? Est-ce pour cette raison que le futur ex-chef de l’Etat a financé la construction d’un bateau de 3.500 tonnes ainsi que la rénovation de plusieurs infrastructures? Pourquoi C’est la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kalemie est passée de 1.700 à 2.500 mètres? Dans quel but? D’où provient l’argent? Mystère!

UNE DESTITUTION SALUTAIRE

En mai 2016, « Kabila » obtient le « feu vert » de la Cour constitutionnelle pour rester en fonction « jusqu’à l’élection du nouveau Président élu ». Bonjour le glissement!

Jaynet « Kabila », chef milicien

Le 30 décembre 2018, les Congolais sont (enfin) allés aux urnes pour choisir leur nouveau Président de la République et les 500 députés nationaux. Le 24 janvier 2019, le monde entier assiste à la passation de pouvoir entre le président sortant « Kabila » et l’entrant Felix Tshisekedi Tshilombo. Vint le vote des gouverneurs de province.

Au Tanganyika, l’ancien-président « Kabila » met le paquet pour faire « gagner » son jeune frère face à Christian Mwando Nsimba. Au cours du vote, les grands électeurs que sont les députés provinciaux sont « encadrés » par la « famille ». « Jaynet » et Théodore Mugalu, ancien chef de la maison civile du chef de l’Etat, font partie des observateurs. Chaque député était doté d’un stylo muni d’une caméra. C’était en avril 2019.

Homme brutal et arrogant, « Zoé » est, dès le mois de décembre 2019, accusé par des chefs coutumiers locaux de se livrer à des expropriations illégales. Les mêmes chefs coutumiers ont accusé récemment « Jaynet » d’organiser une milice. Une année après, le nouveau gouverneur annonce l’érection prochaine de la « nouvelle ville de Kalemie ». Quelle est la provenance de l’argent? Blanchiment?

Le 6 mai 2021, les 13 députés sur 25 qui ont procédé à la destitution du gouverneur « Zoé » ont agi en patriotes. C’est une destitution salutaire. Ces parlementaires provinciaux ont mis en échec une conspiration tendant à la partition lente mais sûre du pays. Il n’y aura pas de « principauté kabiliste » dans le Tanganyika ou ailleurs.

 

B.A.W.

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