UNPC: un propagandiste nommé Jean-Marie Kassamba

Invité, jeudi 26 août, de l’émission « Bosolo na Politik », Jean-Marie Kassamba, directeur de Télé50 – qui se vante d’avoir pour « mentors » certains grands noms du paysage médiatique français (Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Jacques Bourdin et consorts…) – a « certifié » sa véritable face. Celle d’un propagandiste au service de l’ex-président « Joseph Kabila ». Adoptant, comme à son habitude, une posture faussement « élitiste », Kassamba a consacré les vingt premières minutes de l’émission à parler de l’ex-raïs. D’aucuns pourraient ergoter qu’il ne faisait que répondre aux questions. Sans doute. Là où le bât blesse est que l’homme ne s’est pas gêné de déclamer des mensonges. Le mot n’est pas très fort.

« Recours systématique par des dirigeants, des professionnels de la politique, des militants ou des révolutionnaires, à des techniques de persuasion (discours, tracts, livres, campagnes de presse, communication dans les médias de masse…) susceptibles de provoquer le ralliement le plus large et de façonner le consentement politique ». Telle est la définition du mot « propagande » contenue dans le lexique de Science politique (Dalloz – 2014).

Le vendredi 9 juillet dernier, Jean-Marie Kassamba a été réélu (134 voix sur 138 votants) à la tête l’UNPC (Union de la presse nationale du Congo) pour la ville de Kinshasa. Il va, incarner, au cours de cinq prochaines années, « l’autorité d’autorégulation » du monde médiatique kinois. Il aura, à ce titre, le pouvoir de rappeler notamment aux membres de la corporation d’observer la déontologie journalistique. Celle-ci interdit notamment au journaliste de confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire ou de propagandiste. Faites ce que je dis?

SELON KASSAMBA, « JOSEPH KABILA EST UN MULUBA »

« Joseph Kabila » entouré de James Kabarebe, alors colonel, et John Numbi

Jeudi 26 août, le président de l’UNPC-Kinshasa s’est mis à fouler aux pieds les principes dont il est censé être le gardien. Aveuglé sans doute par les « cadeaux » reçu de son bienfaiteur, Kassamba n’a cessé de répéter à maintes reprises que « [Joseph] Kabila aza Muluba »; « Nazo confirmer aza Muluba ». Israël Mutombo, l’animateur de l’émission, aligne ses questions. « Il [Joseph Kabila] est un Muluba d’où? » Réponse: « Tous les Baluba viennent de Sanga Lubangu et de Kongolo au Katanga. Ils descendent de Kongolo Mwenez et d’Ilunga Mbidi ». Kassamba d’ajouter: « Soki oyebi histoire na yo te kota classe ». Il qualifie d’idiot (Buzoba), tous ceux qui s’intéressent la famille « Kabila ». Une famille, selon lui, « digne » et noble.

L’animateur poursuit son questionnement. « D’où vient le prénom d’Hippolyte? ». Sans prendre le temps de réfléchir, le patron de Télé50 se lance: « Hippolyte Kanambe était un compagnon de lutte de Laurent-Désiré Kabila ». « Faux »!

Le 16 janvier 2001, le président Laurent-Désiré Kabila meurt dans des circonstances non-élucidées dans son bureau de travail. Aux urgences des cliniques Ngaliema, le médecin de garde constate des impacts de balles. Problème: le cadavre ne baigne pas dans son sang. La mort est donc antérieure. Coup d’Etat de palais? Dès le lendemain 17 janvier, le général-major « Joseph Kabila » est chargé d’assurer « l’intérim » en qualité de chef de l’Etat (dixit le ministre Jeannot Mwenze Kongolo). Le 26 janvier, « Joseph » est investi à la tête du pays. Il va bénéficier du concours de deux magistrats: le procureur général Luhonge Kabinda Ngoy et le président de la Cour suprême Benoit Lwamba Bindu. Sans omettre la « bienveillance » de la « communauté internationale ».

Inconnu de la grande majorité de ses nouveaux « concitoyens », le successeur de Mzee Kabila dont l’intonation est inhabituelle, suscite aussitôt de graves suspicions en ce qui concerne ses origines. Une vaste campagne de propagande est lancée tant en Occident qu’au Congo. Il s’agit manifestement de « sauver le nouveau chouchou » de l’Occident.

Spécialiste autoproclamée des questions zaïro-congolaises, la journaliste Colette Braeckman du « Soir » de Bruxelles est la première à dégainer. Elle affirme dans un premier temps que « la mère de Joseph est une Tutsi ». Le 19 janvier, on assiste à un changement de cap: « La mère du nouveau Président congolais est une Congolaise, membre du tribu Bango-Bango du Maniema. Son nom: Sifa Mahanya ».

Dans son ouvrage « Les quatre premiers présidents du Congo », publié aux éditions Secco & Cedi en 2002, le politologue Célestin Kabuya Lumuna-Sando se veut plus « factuel » en citant un certain Bienvenu Mwilambwe qui aurait été le secrétaire particulier de LD Kabila à l’époque du maquis. A la page 187, Mwilambwe parle des jumeaux Jenny Kyungu Mtwale et Hippolyte Kabange Mtwale qui fréquentaient l’école française de Dar es-saalam. Vous avez compris qu’il s’agit de Jaynet et de Joseph « Kabila ». A la page 239, on peut lire: « Pour des raisons évidentes de clandestinité, Joseph Kabila s’est aussi appelé Kabange, Mtwale, Hyppolyte ».

« JOSEPH KABILA EST MULUBAKAT A 100% », DIXIT CHEF KASONGO NYEMBO

En juin 2006, un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle ayant opposé « Joseph Kabila » à son challenger Jean-Pierre Bemba, le Grand chef Kasongo Nyembo des Baluba du Congo est reçu par le « kabiliste » Abdoulaye Yerodia Ndombasi, un des vices présidents de la République. A la sortie de cette audience, le « Grand chef » confie à la presse: « Joseph Kabila est un Mulubakat à 100% ».

En France, le Groupe « Jeune Afrique » entre dans la danse. Le journaliste François Soudan, épaulé par Wilson Omanga, publie un « portrait » de « Joseph Kabila » dans le n°3 de la Revue de « l’Intelligence du monde », édition juillet-août 2006.

A la page 37, Soudan écrit: « Joseph et Jaynet qui n’ont jusque-là connu que l’école de brousse du parti, sont inscrits sous des noms d’emprunt (Kabange, puis Kanambe) dans un collège francophone de Dar es Salaam. Il ajoute qu’à la fin de l’année 1980, soit à 19 ans, Joseph effectue un an de service militaire au sein de l’armée tanzanienne, dans le camp de Mbeya ». Dans son dossier électoral pour les législatifs de 2011, « Jaynet » omet de parler de son passage au collège français de la capitale tanzanienne. Selon elle, elle fait ses études primaires et secondaires en Ouganda. Qui dit vrai?

Nouvelle question de l’animateur: « Nous avons vu Joseph Kabila arriver dans ce pays en mai 1997. D’où vient sa fortune? « Pourquoi aime-t-on poser des questions stupides? », réagit Kassamba avant d’estimer que « la fortune de Joseph parait normale ». Au motif qu’il s’agit du fils du chef de l’Etat, ayant assumé la fonction de chef d’état-major des forces terrestres et président de la République. Selon sieur Kassamba, durant dix-huit ans, l’ex-raïs a disposé d’une dotation présidentielle. Traduction: c’est la dotation présidentielle qui a enrichi « Kabila ».

« SIFA MAHANYA N’EST PAS L’EPOUSE DE MZEE KABILA »

Le lieutenant Georges Mirindi ancien membre de la garde rapprochée de Mzee Kabila

Qu’en est-il des réalisations accomplies par le prédécesseur de Felix Tshisekedi? Réponse: « Il a ramassé le pays en lambeau ». D’après lui, « Joseph » a lancé la « reconstruction » du pays. En faisant quoi? Kassamba de citer la réhabilitation du boulevard du 30 juin doté de plus de deux bandes, et la construction de l’immeuble du gouvernement. Enfin, les militaires ne portent plus des uniformes hétéroclites. L’armée congolaise serait, selon lui, la 10ème armée du monde. « Mobutu n’a rien laissé comme réalisation », soutient-il.

Dans son ouvrage « La mort de LD Kabila », paru aux éditions Vérone, Georges Mirindi écrit ces mots à la page 450: « Sifa Mahanya n’a jamais été marié à Mzee ». Pour lui, cette dame faisait partie des maîtresses. Elle a été sollicitée pour jouer un « rôle ».

Pour cet ancien membre de la garde rapprochée de Mzee Kabila, « Joseph Kabila » est un « fils adoptif ». Il poursuit: « Les deux premières femmes de Mzee Kabila étaient déjà mortes. L’une, mère de jeanne, la fille aînée, qui vit depuis longtemps à Lubumbashi. L’autre était originaire du Maniema et était la mère d’Hortense Kabila. C’est pourquoi Maman Sifa et Joseph Kabila ont choisi Maniema comme la province d’origine de Sifa ».

A en croire Kassamba, les Congolais seraient « demandeurs » du « retour de Joseph Kabila » aux affaires. Les massacres de Kamuina Nsapu et les charniers de Maluku sont balayés du revers de main.

Président de l’UNPC-Kinshasa, Jean-Marie Kassamba dont l’inféodation à l’ancien président « Kabila » est plus que patent n’est-il pas disqualifié pour prêcher aux journalistes « de ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste? »

 

Baudouin Amba Wetshi

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