Vivement la réouverture du procès sur l’assassinat du président LD Kabila!

« Le procès Kabila n’est pas terminé. Les enquêtes se poursuivent. Il y aura d’autres procès car on recherche d’autres coupables« . Ces propos farfelus ont été prononcés au début du mois de janvier 2003 par le président de la cour d’ordre militaire, le général Nawele Bakongo. Un juriste.

Ce haut magistrat militaire venait d’avouer devant la planète entière que sa juridiction n’a pas été capable de faire éclater la vérité sur les circonstances exactes de la mort du président Laurent-Désiré Kabila. Des questions restent sans réponse: l’heure du crime n’est pas connue; le présumé assassin a été tué; le témoin oculaire autoproclamé Emile Mota n’a cessé de se dédire; l’arme du crime est introuvable alors que « l’attentat » s’est déroulé dans un petit périmètre au Palais de marbre; le mobile du crime reste inconnu; inutile de parler de commanditaire.

En dépit de toutes ces lacunes, cette juridiction d’exception, manifestement instrumentalisée, ne s’est pas empêché de prononcer une trentaine de peine de mort et plusieurs dizaines des peines criminelles. On se croirait à l’époque des épurations staliniennes.

Le 8 janvier 2021, le président Félix Tshisekedi Tshilombo a accordé la mesure de grâce à ces prisonniers. Certains venaient de passer une vingtaine d’années à la prison de Makala sans que leur responsabilité individuelle n’ait été établie dans la mort de Mzee Kabila.

Au Congo-Zaïre la peine de mort et la détention à perpétuité sont généralement assorties de la peine accessoire de confiscation générale de biens. La grâce présidentielle n’éteint nullement cette dernière sanction. Que dire du casier judiciaire qui cesse d’être vierge?

La proclamation faite par Nawele Bakongo prouve à suffisance que ces mères et pères de famille ont été victimes d’une grave injustice d’autant plus que plusieurs d’entre eux sont morts en détention. Quelques noms sont connus: Yav Nawej, Patrick Kalayi Mangalala, Panda Fariala, Jacques Kakwata, Oscar Mayembe, Salumu Mubekwa Sharp Sharp, Rocky Byamungu. La liste n’est sans doute pas exhaustive.

Les victimes de ce procès inique ont subi des sévices innommables au plan physique et moral. Elles ont été humiliés et dépouillés de leurs biens. Et ce y compris des biens auxquels elles attachaient une valeur sentimentale: un diplôme, des bulletins de l’école des enfants, des photos de baptême, de communions des enfants ou de mariage etc. Des familles se sont disloquées. Des enfants livrés à eux-mêmes. Un préjudice difficile à évaluer.

A l’occasion de la commémoration du 21ème anniversaire de la disparition de Mzee, des Kinois se sont rendus au mausolée du défunt Président. Plusieurs officiels y sont allés pour déposer des gerbes de fleur. Pendant ce temps, des familles entières sont en pleur depuis le 16 janvier 2001. Et ce pour avoir perdu un frère, un mari ou un père.          

Le moment n’est-il pas venu de rouvrir ce procès inachevé pour restaurer l’honneur souillé de tous ces compatriotes? Le moment n’est-il pas venu de les dédommager pour les pertes subies dans leur patrimoine?

C’est le lieu d’exhorter le ministre de la Justice et son collège en charge de la Défense nationale de se pencher sur cette affaire assimilable à une « injustice d’Etat« . Il s’agit bien d’une injustice d’Etat. Il semble bien que les véritables coupables continuent à humer l’air frais. Ils n’ont jamais été inquiétés…

L’auditeur général des FARDC, le général Lucien-René Likulia Bameni, devrait procéder au réexamen du dossier relatif à l’assassinat de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Vivement la réouverture du procès laissé en friche par le général Nawele Bakongo!


Baudouin Amba Wetshi

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