En marge de la lutte fratricide entre politiciens

Pendant la lutte fratricide entre politiciens, des causes communes sévissent le peuple.

INTRODUCTION

Le 19 juillet 2022, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, l’honorable Muhindo Nzangi avait annoncé la création d’un nouveau parti politique, l’Action des volontaires pour la relève des patriotes (AVRP). Son parti, venait de naître au lendemain, soit le 18 juillet, d’un autre nouveau parti, l’Alliance pour le changement (ACh) de l’Honorable Jean-Marc Kabund-a-Kabund, quittant à peine la vice-présidence de l’Assemblée nationale et la présidence du parti au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Pour rappel, le 28 avril dernier, l’ancien Premier ministre, le sénateur Augustin Matata Ponyo avait aussi « lancé Son parti », le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD). La liste est longue.

Contrairement aux millions de Congolais unis par le sort, croupissant sous le joug des causes communes, presque chaque ministre, sénateur ou gouverneur de province a Son parti politique.

L’ÉCHEC DES PARTIS POLITIQUES

Les partis politiques congolais sont devenus des entreprises familiales ne garantissant le droit de participer à la gestion de la chose publique qu’aux seuls membres des familles des dirigeants fondateurs qui les lèguent à leurs enfants. Ils sont généralement financés et logés par leurs fondateurs qui en limitent la liberté de les critiquer.

Si des organisations non gouvernementales (ONG) de promotion des droits civils et politiques sont submergées des organisations occidentales qui les financent, il devient critique de voir des organisations dites internationales s’occuper aussi de la confection des agendas des campagnes citoyennes et des stratégies de conquêtes du pouvoir d’Etat par des partis politiques.

En effet, c’est la saison des partis politiques. 2023 marquera les cinquièmes élections générales telles que prévues par la Constitution de février 2006, revue en 2011. Cette année sera aussi la soixante-troisième, depuis l’accession de la République démocratique du Congo (RDC) à la souveraineté internationale, dans ses configurations géographique et démographique héritées le 30 juin 1960, des colons belges.

Certes, des cycles réguliers de renouvellement de la classe dirigeante et la conservation de la souveraineté dans toute l’intégralité du territoire de la RDC, sont des indicateurs indéniables de l’enracinement de l’Etat indépendant, uni et indivisible dans ses frontières du 30 juin 1960.

Cependant, beaucoup d’obstacles s’érigent encore sur le parcours vers l’idéal d’un Etat de droit, démocratique, socialement et économiquement viable. Les partis politiques ne concourent plus à l’édification de l’idéal commun qu’est la construction de la nation congolaise. Ils ne répondent plus aux exigences démocratiques de respect du patrimoine commun. Ils ne concourent plus ni à la libre expression d’opinions, ni au renforcement de la conscience nationale, ni à l’éducation civique.

Autant les organisations congolaises ont le devoir de se ressaisir et limiter l’intervention des organisations internationales dans toutes les campagnes, autant, les partis politiques devraient créer leurs propres think tanks qui se pencheraient sur des défis à relever, en collaboration avec des ONG.

DÉFIS À RELEVER

Les partis politiques et les ONG devraient amplifier des études sur des causes communes. A titre illustratif, les sujets ci-dessous devraient retenir l’attention de la nation. Tenez!

  • Sur le plan de l’intégrité territoriale. Le plan de balkanisation du pays est en pleine exécution. Les groupes criminels armés, les terroristes du M23 soutenus par le Rwanda, les égorgeurs ADF et tant d’autres milices ont pour mission de: (i) rendre invivable toute la partie Est de la République, afin que la population déplacée soit progressivement remplacée par une population étrangère favorable à la division du pays; (ii) infiltrer les institutions publiques, dans le but d’acquérir officiellement des grandes concessions, réclamer l’indépendance et soutenir l’autodétermination de toute la région Est de la République.
  • Sur le plan de la sécurité de la population et ses biens Les habitants des provinces de l’Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu sont constamment massacrés par des égorgeurs de l’Allied Democratic Force (ADF) venus de l’Ouganda, le groupe terroriste M23 soutenu par le Rwanda ainsi que des groupes armés locaux. Les services de sécurité et de défense sont constitués, en partie, des personnes collaborant avec des assaillants pour qui la vie et les valeurs humaines ont perdu tous leurs sens.
  • Sur le plan du développement économique. Les mines de cuivre, cobalt, or, diamant, coltan et lithium du pays sont exploitées majoritairement par des entreprises anglaises, chinoises, canadiennes, australiennes et sud-africaines. Ces entités économiques organisent même leurs propres chaînes d’approvisionnement de l’étranger, au détriment des entreprises établies en RDC. L’unique sous-traitance réservée aux entreprises locales consistent à tenir l’ouvrier congolais dans un circuit d’emploi informel, loin des services d’impôts et de la sécurité sociale.
  • Sur le plan du droit d’accès à l’énergie. Les besoins en énergie électrique ne sont couverts qu’à 1%, dans les milieux ruraux. Les entrepreneurs congolais qui tentent de construire des barrages hydroélectriques sont systématiquement combattus par des multinationales et des ambassades établies à Kinshasa.
  • Sur le plan de l’administration publique. Les entités administratives peinent à faire bénéficier la population des ressources économiques, humaines, financières et techniques. Les détournements des deniers publics, la gabegie financière, la corruption et le népotisme sont parmi les maux récurrents.
  • Sur le plan général de la vie sociale. La population croupie sous la pauvreté incommensurable l’obligeant à abandonner ses terres et migrer vers des zones minières ou dans les pays limitrophes où elle est réduite aux durs travaux d’esclaves.

RECOMMANDATIONS

Afin d’affronter les causes communes, l’IRDH recommande aux partis politiques, organisations de la société civile et confessions religieuses de créer des think tanks spécialisés dans les causes communes et développer des stratégies permettant de les prioriser.

L’histoire démontre que lorsque le pays est menacé par un individu ou un groupe d’individus, d’autres individus ou groupes d’individus ont toujours monté aux créneaux, sensibilisé et orienté l’énergie collective, dans la poursuite du bien-être collectif.

Tel a été le cas des campagnes citoyennes portant sur: (i) la paix des Accords de Lusaka de juillet 1999 à ceux de Sun city d’avril 2002; (ii) les élections libres démocratiques et apaisées de 2006, 2011 et 2018; (iii) le respect de deux mandats présidentiels de 2016; (iv) la fin des poursuites judiciaires politiquement motivées issues de l’Accord de la Saint Sylvestre de 2016.


IRDH
Lubumbashi, le 25 Juillet 2022.

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