Immeuble GLM: Vous avez dit « résidence de Joseph Kabila »?

La symbolique est forte. Sous le regard des éléments de la police militaire (PM) et de Jaynet « Kabila », un bulldozer du ministère de l’Urbanisme a démoli, lundi 4 septembre, l’enclos érigé autour de l’immeuble « GLM » et de la résidence « Gecamines » rétablissant la circulation des personnes et des biens sur les avenues proches de l’habitation de l’ex-président « Joseph Kabila ». Ces artères étaient fermées au grand public depuis la prise du pouvoir par l’AFDL en 1997. Certains bonzes de la Kabilie ont poussé des cris d’orfraie dénonçant une violation de domicile. Selon un avocat du barreau de Kinshasa, « Kabila » occupe ces lieux sans titre ni droit.

« C’est une provocation », claironnait, samedi 2 septembre, le FCC Emmanuel Ramazani Shadary qui n’a pas hésité à prendre à témoin, au passage, « la communauté nationale et internationale ». Et d’ajouter: « La RDC est en recul de plus au moins 50 ans ». Les caudataires de l’ex-raïs continuent à croire que cet homme énigmatique  – qui a foulé le sol zaïro-congolais en 1997 – continue à faire la pluie et le beau temps.

L’entrée principale de la résidence « Gécamines »

C’est le cas notamment de Patrick Nkanga Bekonda qui écrit sur Twitter: « Le président Felix Tshisekedi est un futur ancien chef de l’Etat. Ceux qui lui disent qu’il ne fera de remise et reprise qu’avec Jésus Christ, le trompe. […]« . Une allusion  aux propos pour le moins euphoriques tenus par Jean Marc Kabund au lendemain de l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo.  « Patrick » d’exhorter l’actuel chef de l’Etat à « prendre garde à trop désacraliser et humilier son prédécesseur et partant, le futur statut l’attend ». Pour le rapporteur du bureau politique du PPRD, le traitement infligé à leur boss est inimaginable dans des pays tels que le Kenya, le Ghana et la Zambie.

APPEL A LA « RESISTANCE »

Ramazani Shadary et Nkanga Bekonda feignent d’ignorer qu’outre la rupture de la coalition FCC-Cach en décembre 2020 – suite notamment aux humiliations subies par « Fatshi » -, l’ancien président « Kabila » a commis une faute par sa « sortie politique » du 16 juin dernier. Devant une poignée de cadres du FCC réunis à Kingakati, l’ex-raïs déclarait: « La passion que j’ai pour le Congo n’a jamais faibli ». Au lieu de s’arrêter là, il a invité ses partisans « à résister » et  « à se mobiliser et à mobiliser la population ». Pour quoi faire? Il s’agit, selon lui, de contrer « la dictature qui s’installe ».

Cette prise de position a été accueillie dans les milieux « fatshistes » comme une déclaration de guerre. D’aucuns attendaient fermement la sortie médiatique promise par l’ex-raïs estimant que ce dernier avait enfreint le devoir de réserve auquel il est astreint en sa qualité d’ancien chef de l’Etat. Il perd, par conséquent, les privilèges et immunités attachés à ce statut.

Revenons au GLM. Situé à quelques encablures de la clinique de Ngaliema, cet immeuble était au départ, la propriété de l’homme d’affaires belge William Damseaux. Celui avait vendu la partie commerciale, située au rez-de-chaussée, à Litho Moboti. La partie résidentielle qui s’étend sur 7 niveaux a été acquise par des particuliers dont des sociétés. « D’ailleurs, le registre d’enregistrement renseigne toujours que l’immeuble appartient à la société Congo-Frigo de Damseaux, les mutations n’ont pas encore eu lieu », fait remarquer l’avocate de la famille Litho Moboti en soulignant que chaque partie détient la convention de vente. Il s’agit d’une copropriété.

Immeuble GLM

SPOLIATION

Le 17 mai 1997, les kadogos et les combattants rwandais dissimulés sous la bannière AFDL font leur joyeuse entrée à Kinshasa. Les nouveaux maîtres du pays donnent aussitôt un ultimatum aux occupants des appartements. Ils doivent déguerpir endéans une heure. Cela fait 25 ans depuis que les prétendus « libérateurs » occupent – sans titre ni droit – les appartements querellés. « C’est un bien qui appartient aux dignitaires du régime Mobutu », soutenaient les tombeurs du « Grand Léopard ».

Selon le conseil de la famille Litho, des démarches ont été menées en 2014 auprès de Théodore Mugalu, alors chef de la Maison civile de l’ex- chef de l’Etat. « Nous lui avons demandé d’inviter les occupants non seulement à payer les loyers mais aussi à indemniser les propriétaires pour les dégâts« , dit-il. Selon ce juriste, il a été proposé à Mugalu l’option d’achat. Aucune suite à ce jour. En 2018, l’ex-conseiller spécial Jean-Mbuyu Luyongola fut approché. Sans succès.

« KABILA » N’A PAS ACHETÉ LE GLM

L’avocate de la famille Litho est formelle: « Joseph Kabila n’a jamais acheté cet immeuble. Il s’agit d’une spoliation ». Selon lui, cet immeuble étant en copropriété, il est impossible que « Kabila » ait pu l’acquérir à titre onéreux sans désintéresser tous les avocats des co-propriétaires.

On le voit, l’ex-président « Kabila » n’est ni propriétaire ni locataire de l’immeuble GLM. Il n’en possède aucun titre. L’homme s’est accaparé de la résidence dite « Gecamines », destinée à l’hébergement du Premier ministre. Il s’est accaparé également de l’habitation officielle du Président du Conseil législatif situé en face du Mess des officiers.

Le ministre de l’Urbanisme a fait démolir les barrières érigées sur la voie publique à Gombe. Au grand bonheur des riverains qui peuvent à nouveau passer devant l’immeuble GLM pour rejoindre le Fleuve Congo-Hôtel où la clinique Ngaliema. Sur Twitter, plusieurs twittos appellent à l’application de l’article 12 de la Constitution prônant l’égalité des Congolais devant la loi…

Baudouin Amba Wetshi

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