La mobilité urbaine se réduit dans la ville de Kinshasa

Gaston Mutamba Lukusa

Le samedi 31 mai, l’Assemblée provinciale de Kinshasa a appelé le ministre provincial des Transports et Mobilité urbaine, Bob Amisso, de revoir le communiqué interdisant aux camions remorques et aux véhicules de livraison de circuler pendant la journée. Il ne fait pas bon de circuler dans la ville de Kinshasa ou ce qu’il en reste. Des conducteurs de véhicule prennent parfois 5 heures pour parcourir 10 km. Enfer et damnation!

D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, il y a parfois embouteillage, au rond-point Ngaba, non seulement des véhicules et des motos, mais aussi des piétons. Stupeur et tremblements! Pour régler la circulation, les autorités urbaines se sont essayées à plusieurs remèdes de grand-mère qui n’ont apporté aucune solution. Rien d’étonnant dès lors qu’un communiqué très controversé circula, le 16 mai, sur les réseaux sociaux. Par cette note non signée, deux mesures furent annoncées avec fracas. C’est l’interdiction de circulation des poids lourds dans la ville entre 5h00 et 22h00 ainsi que la circulation alternée pour les voitures selon les numéros des plaques d’immatriculation. Les véhicules avec des plaques impaires allaient circuler les lundis, mercredis, vendredis et dimanches. Ceux avec des plaques paires les mardis, jeudis, samedis et dimanches. Saperlipopette! Ce fut le levée des boucliers! Les habitants de Kinshasa qui mangent déjà de façon alternée, soit un jour sur deux, virent rouge. Ils connaissent les méfaits de se sustenter par intermittence. Les parents qui bravent les embouteillages quotidiens pour déposer leurs marmots à l’école ne savaient plus à quel saint se vouer. Les activités nocturnes qui se déroulent d’un jour à l’autre étaient impactées. Comment être présent dans des veillées mortuaires. Que dire des lendemains des veillées de prière qui apportent quelques sous dans la cagnotte des inénarrables pasteurs des églises de réveil passés maîtres dans l’art de soulager les poches des vivants et de sauver les âmes des défunts?

Devant la grogne populaire, le cabinet du gouverneur de la ville de Kinshasa fit, le 18 mai au soir, une mise au point. Ils déclarèrent urbi et orbi que cet aggiornamento n’était qu’un projet qui allait être discuté le lendemain. En fait, c’était une fuite organisée pour tester les réactions de la population. Sapristi!

Comme si cela ne suffisait pas, le lendemain, un ukase fut rendu public. Le gouvernement provincial décréta qu’à partir du 20 mai, les camions-remorques de 20 tonnes et plus ne peuvent circuler dans la ville que de 22h00 à 5h00 afin de fluidifier la circulation routière et de lutter contre les embouteillages. Stupeur et tremblements! La troisième loi de Newton (principe d’action-réaction) indique qu’un corps qui exerce une force sur un autre corps subira une force égale et opposée. Il y eut des remous parmi les chauffeurs des poids lourds et leurs patrons. Il fallait dès lors mettre en place une économie nocturne qui implique l’ouverture des stations de carburants, assurer la sécurité des transporteurs, augmenter les salaires des chauffeurs qui travaillent de nuit. D’aucuns affirmèrent que la constitution interdit des déchargements nocturnes. Bien plus, une ordonnance-loi du 16 septembre 1925 interdit toute forme de tapage nocturne… et tutti quanti!

Ce qui ne devait pas arriver, arriva. Les chauffeurs des poids lourds menacèrent d’aller en grève. Dans la nuit de dimanche 25 mai à lundi 26, un interminable bouchon fut constaté sur la route By pass qui mène au Kongo Central. Les camions-remorques avaient rétréci en représailles la chaussée en se parquant sur une bande qui va de Rond-point Ngaba jusqu’au-delà de Matadi-Kibala, à Mont-Ngafula. Des militaires et des policiers furent déployées pour rétablir l’ordre. Ils tinrent à peu près ce langage aux chauffeurs: vous dégagez sinon nous tirons. Les plus gentils d’entre eux distribuèrent des baffles, menacèrent de casser les camions ou de dégonfler les pneus. La chaussée fut dégagée en un rien de temps.

Suivant mon ami qui sait tout, l’interdiction de circulation des camions remorques la journée a quelque peu décongestionné la partie Sud-Ouest de la ville. Mais on ne guérit pas un malade en lui donnant uniquement des calmants. Il faut des médicaments. La ville doit réfectionner les chaussées, construire de nouvelles routes, installer des feux de signalisation, faire respecter le code de la route.

On dit chez nous que ce n’est pas parce que l’hyène a mauvaise haleine qu’il faut lui interdire de bailler.

GML

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