Vous avez dit « les enfants de Mzee »?

Le clan de « Joseph Kabila » a les nerfs à vif. En cause, le déguerpissement, mercredi 24 août, de Zoé « Kabila » de la villa située au numéro 2, avenue Likasi, dans la commune kinoise de la Gombe. Un bien immobilier manifestement mal acquis. « C’est un immeuble appartenant au domaine privé de l’Etat », a inscrit noir sur blanc l’ancien ministre de l’Urbanisme et Habitat, le FCC Joseph Kokonyangi. Son successeur Pius Muabilu ne dit pas autre chose. Autrefois, les deux hommes étaient des « camarades » au sein de la mouvance « kabiliste ». C’est un autre débat.

Dans ce Congo démocratique où des « diplômés » de l’Ifasic (Institut facultaires de sciences de l’Information et la Communication) n’hésitent pas à confondre le noble métier de journaliste et celui d’agent de relations publiques, il n’est plus rare de voir des individus imbus de leur « savoir » se faire inviter dans de débats pour défendre non pas les valeurs mais plutôt « Monsieur Fulani » ou « Madame Sissa ». Dans « l’affaire Zoé », ces diplômés ont sorti l’artillerie lourde en organisant un point de presse. Objet: permettre au frangin de l’ex-raïs de dire « sa part de vérité »… par la bouche de son avocat. C’était le jeudi 25 août. Zoé fait partie de la fratrie « Kabila » composée de Joseph, de Jaynet et du premier cité. La « fratrie Kabila ». Parlons-en!

La guerre dite des « Banyamulenge » a commencé en septembre 1996 soit un mois avant la naissance de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Point n’est besoin de rappeler que l’AFDL a été conçue par le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni et son « filleul » rwandais Paul Kagame, alors vice-président et ministre de la Défense du Rwanda.

C’est au lendemain de la prise de la ville de Kisangani par les troupes rwandaises de l’AFDL que des informations fragmentaires feront état de l’existence d’un certain « commandant Hippo », alias « Joseph Kabila » qui serait le bras droit du colonel rwandais James Kabarebe. C’était au mois de mars 1997. Le jeune homme était présenté comme étant le « fils » de Laurent-Désiré Kabila.

Le 17 mai 1997, LD Kabila « s’empare » du pouvoir d’Etat à Kinshasa. Joseph est propulsé chef d’état-major des forces terrestres. On ne le dit pas assez, mais le premier acte du duo Kabarebe-Joseph aura été l’internement de 42.000 militaires des Forces armées zaïroises (FAZ) dans un camp de concentration à la Base de Kitona. Six mois durant. Chaque semaine, on dénombrait au moins une dizaine de cas de décès.

Sans vouloir tirer de conclusion hâtive, il apparait déjà que le nommé « Joseph Kabila » et le colonel rwandais Kabarebe étaient chargés d’une « mission spéciale ». Celle de maintenir le Congo-Kinshasa à genoux, privé d’une armée dissuasive. Et ce pour mettre la sécurité du Rwanda et de l’Ouganda à l’abri de « menaces futures » en provenance de l’ex-Zaïre.

Fin juillet 1998, Mzee Kabila met fin à la « coopération militaire » avec l’Ouganda et le Rwanda. En août de cette même année, une nouvelle « rébellion congolaise » voit le jour… à Kigali. Nom: « Rassemblement congolais pour la démocratie » (RCD). Passons les détails. Sauf un. A savoir qu’après la prise de la localité de Pweto, au Katanga, par les troupes rwandaises du RCD, le président LD Kabila était fou furieux. Non seulement parce qu’un important arsenal est tombé entre les mains de ses ennemis rwandais mais surtout parce que tous les doigts accusateurs étaient pointés vers le chef d’état-major des forces terrestres. N’eut été l’intervention d’Augustin Katumba, alors gouverneur du Katanga, Mzee aurait fait fusiller « son fils », accusé de « haute trahison ».

A en croire Georges Mirindi, ex-officier de sécurité à la Présidence, « Mzee avait signé son arrêt de mort en annonçant, le 28 décembre 2000, au Camp Kimbembe, à Lubumbashi, sa volonté d’épurer l’armée de tous les généraux incompétents » (Georges Miridi, « La mort de LD Kabila: Ne nie pas c’était bien toi », Editions Vérone, Paris, 2019). Parmi les généraux et officiers supérieurs visés, on trouvait en tête « Joseph Kabila », John Numbi et le colonel Eddy Kapend. La liste n’est pas exhaustive. Question: ces généraux incompétents avaient-ils pris la résolution d’éliminer Mzee Kabila en simulant un attentat qui était en réalité un « coup d’Etat de palais »?

Le 16 janvier 2001, Mzee Kabila meurt dans son bureau au palais de marbre. « Joseph Kabila », lui, se trouvait en « résidence surveillée » à Lubumbashi. Les Congolais apprendront avec stupeur, dès le lendemain 17 mai, que Joseph a quitté la « résidence surveillée » pour assumer l’intérim du chef de l’Etat.

La dame Sifa Mahanya, la prétendue mère du trio Joseph, Jaynet et Zoé

Lors des obsèques de Mzee Kabila, les ex-Zaïrois remarquent une « dame éplorée ». « C’est la veuve Kabila », pouvait-on lire dans la presse belge francophone. Nom: Sifa Mahanya. D’après Mirindi, cette dernière serait d’origine ougandaise. C’est à cette occasion que l’on va découvrir une jeune dame qui serait la « sœur jumelle » du successeur de Mzee. Prénom: « Jaynet ». Elle a fait ses études primaires au « Green Valley Primary School » en Ouganda avant de poursuivre les études secondaires à Irambo Secondary School, en Tanzanie. La dame Sifa avait menti en alléguant dans une interview au quotidien « Le Soir » de Bruxelles que « Joseph » et Jaynet » avaient étudié dans le maquis de Hewa Bora ainsi qu’au Lycée français de Dar es Salaam.

Les médias occidentaux vont rivaliser en imagination dans la propagande. But: faire gober aux Congolais que « Mama Sifa » serait une native du Maniema. Et qu’elle serait Congolaise de mère et de père, issus de l’ethnie Bango-Bango.

Dans son allocution d’investiture prononcée le 26 janvier 2001, le président « Joseph Kabila » d’annoncer: « J’assure le peuple congolais qu’une enquête judiciaire est déjà ouverte afin que la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat de l’illustre disparu ».

Lors de la campagne électorale de la Présidentielle de 2006, les Congolais aperçoivent un jeune homme vêtu d’un veston blanc. La ressemblance était frappante avec Joseph. C’était lors d’un meeting à la Fikin. On apprendra qu’il s’agit de Zoé, le « troisième enfant » de LD Kabila avec « Sifa ». Faux! La dame Sifa était auparavant mariée à un certain Michel Lukoma. Ils avaient une fille – Mary Mwamini – qui vivait en Ouganda.

Mzee a dû se retourner dans sa tombe le 24 janvier 2019 après avoir constaté que « son fils » n’a pas honoré sa promesse de « faire la lumière » sur les circonstances de sa mort. Bien au contraire, le dossier criminel fut purement et simplement enterré durant les dix-huit années de sa présidence.

Que conclure sinon que « Joseph », « Jaynet » et « Zoé » sont les principaux « profiteurs » du crime d’Etat non-élucidé de « leur père ». Ils se sont constitués une immense fortune planquée notamment dans des paradis fiscaux. Sans omettre un inestimable patrimoine immobilier. Vous avez dit: « les enfants de Mzee »?


Baudouin Amba Wetshi

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %