Affaire Okende: Nouveau rebondissement ou nouvelle manipulation?

Avocat au barreau de Bruxelles, maître  Alexis Deswaef – ancien président de la Ligue belge des Droits humains – assure détenir des « éléments nouveaux » sur l’assassinat de l’ancien ministre et député national Cherubin Okende (Ensemble). Une affaire qualifiée jadis de « Crime d’Etat » par Moïse Katumbi, président de ce parti. Les éléments nouveaux dont question tournent autour de l’implication présumée d’un citoyen belge, en l’occurrence le général-major Christian Ndaywel,  comme auteur, co-auteur ou complice dans cet homicide. Patron de la Direction de renseignements militaires en RDC, le général « Christian » avait ordonné l’arrestation de  Salomon Kalonda. Ceci explique-t-il cela?

La plainte. Au cours d’un point de presse qu’il a tenu, mercredi 8 novembre, Me Alexis Deswaef dit avoir été consulté par la famille Okende. Et ce pour pallier la lenteur qu’accusent les enquêteurs congolais à divulguer les résultats de l’autopsie effectuée le 03 août dernier sur la dépouille de son défunt mari. « Une autopsie qui a révélé que la balle ayant traversé la tête de Cherubin Okende a été tirée après le décès (post mortem)« , affirme l’avocat.

A force de « Zapper » sur les affaires Cherubin Okende, Salomon Kalonda et Stanis Bujakera, l’avocat bruxellois a mis la puce à l’oreille de l’assistance à réaliser que cette conférence a été organisée avec le « concourt actif » du « clan Katumbi ». « A la tête de la Direction des renseignements militaires se trouve le général-major Christian Ndaywel, de nationalité belge », c’est Alexis Deswaef qui le dit. Il a déposé plainte entre les mains d’un Juge d’instruction belge en vertu de l’article 6 du Code d’instruction criminelle du Royaume de Belgique. Dans ce cadre, la justice belge pourrait envoyer une commission rogatoire à Kinshasa ou « demander l’extradition du suspect qui est citoyen belge ».

Rapport de l’ANR. Pour ce juriste, les Renseignements militaires ont joué un rôle dans ce crime. « Il apparait clairement que le rapport attribué à l’ANR n’est pas un faux ». Pour lui, « Tout confirme que cette note émane bien de l’ANR. L’ONG Reporters sans frontières l’avait déjà reçue par les canaux diplomatiques ». Et que « l’enlèvement a eu lieu au parking de la Cour constitutionnelle ». Me Deswaef de conclure: « Le souci de la famille [Okende ] est que la justice soit faite ».

Après avoir tenté, sans succès, d’obtenir un autre son de cloche auprès de l’ancien bruxellois Christian Ndaywel, l’auteur de ces lignes ai pu « mettre la main » sur les proches de cet officier supérieur. L’anonymat est de rigueur. Le moins que l’on puisse dire est que la conférence de presse de Me Deswaef a été bien suivie mercredi à Kinshasa.

Tout en reconnaissant qu’il y a eu dans le passé des « bavures » commises par des agents de l’ex-Demiap, nos interlocuteurs entonnent pratiquement en chœur: « Ce genre de ‘bêtises’ ne se commettent plus depuis que Christian Ndaywel a pris la direction de ce service ». Pour eux, depuis que « Christian » est à la tête de ce service « toutes les personnes passées par la Direction de renseignements militaires sont vivantes ». Et de citer: Franck Diongo, Edouard Mwangachuchu, Salomon Kalonda.

A en croire un des proches du « général Christian », celui-ci n’a jamais sollicité l’obtention de la nationalité belge. Selon lui, « on a confondu Christian Ndaywel avec un de ses fils qui a effectivement la nationalité belge ». Selon une source diplomatique, le général Ndaywel était effectivement de passage à Bruxelles. « Il avait obtenu un visa de voyage à l’ambassade de Belgique Kinshasa », souligne-t-elle. Un des proches de ricaner: « Le général Ndaywel a peut-être obtenu la nationalité belge sans être notifié… ».

Crime d’Etat. Le jeudi 13 juillet, le corps sans vie de Cherubin Okende est découvert dans son 4X4 de marque « Lexus » immatriculé 8953AF/19. Homme discret, l’ancien ministre des Transports et voies de communications était très peu connu. Il ne sera formellement identifié qu’après l’arrivée du magistrat Edmond Isofa.

D’Abidjan où il se trouvait, Moïse Katumbi a été le premier « à dégainer » en dénonçant un « crime d’Eta » avant d’exiger une enquête internationale. Et d’ajouter: J »e n’ai pas confiance aux institutions de notre pays ». Augustin Matata Ponyo de relayer cette « indignation » quasiment dans les mêmes termes.

Invité, le 4 août, par Paulette Kimuntu dans son émission « Asololi », le député national Léon Nembalemba, alias Papa Molière, est le premier à pointer un doigt accusateur en direction des « services ». « Ba-services babomi ye ». [Traduction: les services l’ont tué] Sans d’autres précisions. Quid du mobile? Silence radio. Papa Molière de se vanter, au passage, d’être un ami à Katumbi. « Il m’avait envoyé 10.000$ quand j’étais hospitalisé ».

Du berger à la bergère. Le mardi 5 septembre, l’édition en ligne du mensuel parisien « Jeune Afrique » publie son « oracle » qui vaut à Stanis Bujakera des ennuis judiciaires. Et pour cause, ce journaliste est connu comme étant le correspondant de J.A. On peut y lire qu’un memo de l’ANR accuse l’ex-Demiap d’avoir tué l’ancien ministre. Certains observateurs estiment que cet article de J.A. visait deux objectifs: (i) jeter l’opprobre sur la Cour constitutionnelle qui est le juge du contentieux électoral; (ii) provoquer un conflit fratricide entre les Otetela et les Luba Kasaï.

Du berger à la bergère, dans le camp des « Fatshistes », on accuse « Moïse ». Selon diverses sources, Cherubin Okende n’exerçait pas ses fonctions de porte-parole d’Ensemble. Inutile de rappeler les lamentations de le fille Okende selon lesquelles il n’était plus bien vu au sein d’Ensemble. Certains Tshisekedistes iront plus loin: « Okende était sur le point d’annoncer son ralliement à l’Union Sacrée. Il a été éliminé de peur qu’il ne dévoile des secrets ».

Deux questions restent sans réponses. Qui a ôté la vie à Cherubin Okende? Quel en est le mobile? « Le point de presse animé par l’avocat Deswaef est plus une nouvelle manipulation qu’un nouveau rebondissement! », commente un confrère.

Baudouin Amba Wetshi

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