Dr Kibutu: « La diaspora doit être rassemblée pour gagner en visibilité »

A l’initiative du révérend Célestin Kibutu, des Congolais de la diaspora se sont retrouvés, vendredi 22 septembre, dans la capitale belge. C’était à l’occasion de l’ouverture du « congrès » de la toute nouvelle organisation dénommée « Association internationale de la diaspora congolaise »(AIDC). Apolitique, l’AIDC s’assigne l’ambition de « structurer » les Congolais de l’étranger. Objectif: donner une « visibilité » aux membres de la diaspora. Durant 48 heures, les participants ont planché sur les voies et moyens de faire de l’AIDC un acteur socio-économique capable de créer des richesses et des emplois. Chaque adhérent est invité à consentir une cotisation annuelle de 100 euros. « Unis, nous sommes forts », indique un prospectus.

Vendredi 22 septembre, quatre orateurs se sont succédé à la tribune. Dans son speech inaugural, le révérend Célestin Kibutu Ngimbi, docteur en théologie, a insisté sur la nécessité de répertorier et de rassembler les différentes associations de la diaspora dans une même « structure ». Au motif que la cause à défendre est « une » pour tous.

Pour lui, les Congolais sont « condamnés à être ensemble » pour bénéficier d’une plus grande « visibilité » dans les pays d’accueil respectifs. Selon Kibutu, les membres de la diaspora rassemblés pourraient « guérir » la communauté de certains maux. « On assiste au réveil du tribalisme », a-t-il déploré.

C’est ici qu’il a égrené quelques statistiques. Selon lui, 14% de diplômés congolais ont un emploi qui correspond au niveau d’instruction; 47% sont ouvriers tandis que le reste vit de la débrouillardise. S’agissant des jeunes, 55 à 57% auraient un emploi pendant que 45% sont des « assistés sociaux » ou vivent encore chez les parents.

Selon Kibutu, « les injures contre un mauvais Président ne suffisent pas pour promouvoir le changement. Il faut mener des actions ». Il demande aux « leaders » de faire preuve de « confiance mutuelle ».

Par action, il a exhorté chaque adhérent à consentir une contribution de 100 euros par an soulignant au passage que « la cotisation nous rend fort ». L’objectif est d’atteindre le nombre de 3.000 « contribuables » d’ici le 31 juillet 2018. L’AIDC (www.diascongo.org) a l’ambition d’affecter l’argent récolté au financement des projets sous forme des PME (petites et moyennes entreprises).

Second intervenant, Abbé Jean-Pierre Mbelu Babanya Kabudi a mis l’accent sur le concept « politique » qui renvoie à l’idée de participation du citoyen dans les affaires de la Cité. « En tant que citoyen, nous sommes tous appelés à faire la politique », a-t-il martelé. Et d’inviter les Congolais de la diaspora « à faire partie des minorités organisées en conscience ». Pour lui, « le lobbying populaire reste le meilleur lobbying ». « Abbé Jean-Pierre » a regretté de constater qu’au Congo, « le plus grand nombre se complait actuellement dans un rôle d’applaudisseurs ».

Fondateur de l’association « Réseau Afrique Synergie », Jean-Baptiste Bokoto était le troisième intervenant. « Chez l’être humain, tout commence par la satisfaction des besoins fondamentaux », a-t-il lancé en liminaire.

« LE SALUT DU CONGO VIENDRA DE LA DIASPORA »

Pour lui, les PME constituent « le moteur de la lutte contre la pauvreté ». Et ce dans la mesure où elles génèrent des « emplois durables » et permettent à la population d’avoir accès aux biens et services de base.

L’orateur dit avoir constaté, non sans regret, que les produits africains sont vendus au Quartier Matonge à Ixelles par des commerçants pakistanais. Les Congolais, eux, sont réduits au rang de simples consommateurs de leurs propres produits.

Pour lui, l’heure est venue de « réveiller le Congo par la dynamique économique et sociale ». Une seule solution: la création d’un « réseau des PME ».

Journaliste politique bien connu, Kwebe Kimpele Ongana, l’homme à la voix de stentor, était le quatrième et dernier intervenant de la journée inaugurale. Il s’est longuement attardé sur l’étymologie du vocable « diaspora » avant de l’aborder dans son acception la plus courante. A savoir: « Ensemble des membres d’un peuple dispersés à travers le monde tout en restant en contact ».

Kwebe de relever que le mot « diaspora » est assimilé, dans le contexte congolo-congolais, « à l’opposition voire à la résistance au régime en place ». « Les gouvernants congolais actuels attrapent l’urticaire dès qu’ils entendent le mot diaspora », ricane-t-il.

A en croire Kwebe, le nombre des Congolais de l’étranger oscillerait entre 8 à 10 millions d’âmes. « Des ressources humaines qui font défaut au pays », fait-il remarquer en soulignant que – d’après Western Union – cette « force dispersée » a transféré au cours de l’année 2011 la somme de neuf milliards de dollars US aux parents et amis restés à la mère-patrie. « Ce montant dépasse le budget du Congo », s’est-il exclamé avant de conclure que « le salut du Congo et la solution à la situation actuelle doivent venir de la diaspora ».

Entre deux interventions, l’artiste-musicien Olivier Tshimanga a fait vibrer l’assistance avec sa célèbre chanson: « Aah, Boyebisa ye akende tolembi eee ». Traduction: « Dites-lui de foutre le camp, nous en avons marre ». Suivez son regard…

Question: le révérend Célestin Kibutu Ngimbi et ses partenaires pourront-ils gagner leur pari? L’avenir seul le dira…

 

B.A.W.

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