CACH rattrapé par… l’Etat de droit

« Dans l’adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons quelque chose qui ne nous déplaît pas », a pu dire La Rochefoucauld. En français facile, cette vieille citation pourrait être traduite comme suit: lorsque nos amis font face à des tribulations nous n’éprouvons pas que du déplaisir.

L’ex-président « Joseph Kabila » doit se réjouir d’entendre les critiques qui accablent déjà le président Felix Tshisekedi Tshilombo et son directeur de cabinet Vital Kamerhe. En cause, le manque de transparence dans la gestion des deniers publics.

Il n’est plus rare d’entendre de réflexions surprenantes du genre: « Même à l’époque de Joseph Kabila, ce n’était pas comme ça ». Un comble!

Il faut dire que le président Fatshi se veut réformiste tout au moins au niveau du discours. L’ex-président « Kabila », lui, joue la carte du conservatisme. C’est l’idée généralement répandue.

L’avènement de Felix Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Etat, le 24 janvier dernier, avait suscité – et continue à susciter – un certain espoir de renouveau. Et ce en dépit de la crise post-électorale qui s’en est suivie.

Durant les mois de février et de mars, le nouveau chef de l’Etat a fait un parcours sans faute: retour des exilés, libération des prisonniers politiques, normalisation des relations avec le monde occidental, instauration d’une certaine ambiance libérale aux quatre coins du pays.

Là où le bât blesse est que le chantre de l’Etat de droit et de la lutte contre les antivaleurs qu’est « Felix » a commis la faute politique de ne pas « faire » ce qu’il « dit ».

Bien que politiquement irresponsable (article 91 de la Constitution), le nouveau magistrat suprême a proprement ignoré l’interdit constitutionnel en posant des actes de gestion. Plusieurs contrats de gré à gré ont été signés en méconnaissance de la législation en matière de passation de marchés publics. Ce qui devait arriver, arriva.

Depuis plusieurs semaines, tout le monde, au Congo comme à l’étranger, ne parle que de « l’affaire ». Il s’agit de la « disparition » de 15 millions USD destinés aux sociétés pétrolières. Plusieurs chèques ont été tirés pour sortir ces numéraires à partir d’un compte de la Rawbank à Kinshasa. Qui avait émis ces chèques? Qui a encaissé les différentes sommes? Mystère!

Directeur de cabinet du chef d’Etat congolais, Vital Kamerhe (VK) est cité dans un rapport ad hoc rédigé par des inspecteurs de finance. En date du 10 mai 2019, il a demandé, par écrit, au directeur général de ladite banque de virer le montant précité dans le compte 01061555601-27 intitulé « Comité de suivi programme/PR ». Au nom de quel principe? L’opération n’a, fort heureusement, pas été exécutée.

N’empêche. Ils se « murmurent » que les 15 millions USD auraient été encaissés par un conseiller du ministre sortant de l’Economie. L’homme dont question aurait porté cette « enveloppe » au « dircab » à la Présidence. Jusqu’ici aucune preuve matérielle n’est venue étayer ces allégations.

Les contempteurs de Fatshi, eux, n’ont cure de preuve. Ils croient dur comme fer que ce dernier ne peut ignorer les « turpitudes » de son principal collaborateur. Une manière de sous-entendre que les deux « alliés politiques » ont l’habitude de partager le « butin ».

Après avoir minimisé la portée de cette affaire qui prend chaque jour le relief d’une « bombe à retardement », « VK » a fini par rompre le silence à travers une interview accordée au magazine parisien « Jeune Afrique » n°3061 daté du 8 au 14 septembre.

Ceux qui ont l’habitude de conduire des entretiens de ce genre n’ont pas manqué de percevoir entre les lignes que « VK » était dans tous ses états. Il n’a pu s’empêcher de dénoncer un « petit complot » ourdi contre sa personne. Il n’a pas nommé les « conspirateurs ». Les observateurs avertis ont compris que « Vital » serait convaincu que des membres du proche entourage de Fatshi en voudraient à sa peau.

Sur un compte twitter, un kamerhiste écrivait récemment ces mots: « Ils veulent pousser le président Fatshi à la faute ». Comme pour dire que « VK ne mourra pas seul ». Bref, la riposte sera « dévastatrice ».

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, on peut gager que l’alliance Fatshi-Vital n’est plus ce qu’elle était. L’heure est désormais au faux-semblant. L’heure est à l’hypocrisie. Jusqu’à quand?

Quelle que soit le dénouement de cette « affaire », le duo Fatshi-Vital paraît plus jamais rattrapé par l’Etat de droit. Cet Etat de droit qui n’est rien d’autre que la légalité; la soumission des gouvernants aux lois.

Le duo Fatshi-Vital paie, en définitive, la rançon de l’incohérence.  L’incohérence entre le « dire » et le « faire »…

 

Baudouin Amba Wetshi

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