Manifeste du citoyen congolais

I. Du 15 au 17 août 2017 à Paris en France, les représentants de plusieurs dizaines d’organisations non-gouvernementales, des mouvements citoyens, des journalistes engagés et des personnalités indépendantes, tous des citoyens congolais à part entière, vivant au pays ou dans la Diaspora, s’étaient retrouvés lors de la rencontre citoyenne de la société civile congolaise organisée pour réfléchir sur le thème « Mobilisation citoyenne pour le retour à l’ordre constitutionnel en République Démocratique Congo ».

II. La rencontre était une contribution à la lutte héroïque de plusieurs années menée par la société civile congolaise au sein des mouvements citoyens, des organisations de défense de la démocratie et des droits de l’homme et de la presse indépendante en vue du respect de la Constitution ainsi qu’une réponse citoyenne à la Déclaration faite le 23 juin 2017 par notre Cardinal, nos Archevêques et nos Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale Congolaise (CENCO) qui était intitulée « Le Pays va très mal. Debout, Congolais! Décembre 2017 approche » et qui nous interpellait au sursaut patriotique conformément à notre Hymne national, « Debout Congolais! ».

III. Les participants avaient alors fait le malheureux constat encore valable aujourd’hui:

  • Le Président Joseph Kabila a renié le serment fait devant Dieu et la Nation de respecter et de défendre la Constitution dont il a toujours prétendu d’être l’initiateur;
  • Sa mauvaise foi dans l’application de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016 est aussi manifeste que sa volonté de se maintenir au pouvoir par la force en se servant des cours et tribunaux, de la police, de l’armée, et des services de sécurité transformés en instruments de répression du peuple congolais;
  • Son régime a occasionné la faillite généralisée de l’Etat devenu un Etat fantôme ou quasi inexistant ainsi qu’une grave détérioration des conditions de vie de notre peuple;
  • Ainsi que la CENCO l’avait déclaré, « Le Pays va très mal », contrairement aux élucubrations fantasmatiques du « Garant de la Nation« ;
  • Mr Kabila n’a aucune volonté de quitter le pouvoir et les élections crédibles, paisibles, transparentes et véritablement démocratiques sont impossibles sous un régime qui dénie les droits à son peuple, notamment les droits à la liberté d’expression, le droit à l’information, la liberté des réunions pacifiques et sans armes ainsi que la liberté de manifestation dont l’exercice requiert une simple information et non une quelconque autorisation de l’autorité administrative compétente.

IV. La rencontre de la société civile s’était terminée par l’adoption du Manifeste du Citoyen Congolais préconisant une Transition citoyenne sans Joseph Kabila devenu un président illégitime et illégal depuis l’expiration de son dernier mandat constitutionnel en 2016 et sans la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dans sa configuration actuelle qui en fait un organe totalement assujetti à la Majorité présidentielle et à son Autorité morale. La mission principale des dirigeants de la Transition devait consister à organiser des élections crédibles, paisibles et transparentes auxquelles ils ne seraient pas eux-mêmes candidats.

V. Le Manifeste avait été chaleureusement accueilli par plusieurs millions de Congolaises et de Congolais dont les professeurs des universités et des instituts supérieurs qui y avaient solennellement adhéré à travers la Déclaration finale de leur conférence organisée les 28 et 29 août 2017 à Kinshasa sur le thème: « Nation congolaise en péril: responsabilité sociale des universitaires ».

Tous les scenarios avaient été montés par le régime de Mr Kabila pour ne pas organiser les élections et conserver le pouvoir au-delà du 31 décembre 2017, en violation de l’Accord politique global et inclusif signé sous l’égide de la CENCO.

VII. Les manifestations pacifiques organisées les 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018 par le Comité des Laïcs Catholiques (CLC) pour la restauration de l’ordre constitutionnel ont été réprimées dans le sang par ce régime de la Majorité présidentielle déterminée à conserver le pouvoir par tous les moyens dans le seul but de satisfaire les intérêts de son Autorité morale et du petit groupe d’individus qui ont pris notre peuple en otage.

VIII. Le comportement de Mr Kabila et de sa  Majorité qui place le pays dans une crise politique et sociale sans précédent, nous impose le devoir de fixer l’opinion tant nationale qu’internationale et de prendre une position qui soit conforme à la lettre et à l’esprit du Manifeste du Citoyen.

Au regard de ce qui précède et conscients de nos propres responsabilités devant Dieu, la Nation et l’Histoire, Nous, Signataires du Manifeste du Citoyen, déclarons ce qui suit:

  1. Mr Kabila demeure la principale cause de la crise qui prévaut dans notre pays à cause de ses nombreuses violations de la Constitution et de sa mauvaise foi dans l’application de l’Accord politique global et inclusif qui prévoyait la tenue des élections avant le 31 décembre 2017.
  2. Exprimons notre totale solidarité envers les victimes de toutes les violations des droits de l’homme, y compris celles de la répression barbare des manifestations pacifiques des 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018, tout en exigeant une enquête indépendante et des sanctions exemplaires à l’endroit des commanditaires quels que soient leurs rangs au sein du Gouvernement, de l’Administration publique, de la police, de l’armée ou des services de sécurité.
  3. Exigeons également la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques et d’opinion, le retour de toutes les personnes condamnées à l’exil, le rapatriement du corps du défunt Président Etienne Tshisekedi qui doit être dignement inhumé dans son pays ainsi que le respect des droits constitutionnellement garantis à tout Congolais comme les droits d’expression, de réunion et de manifestation pacifique.
  4. Restons solidaires du Comité des laïcs Catholiques dont l’action s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’objectif final poursuivi par les signataires et adhérents au Manifeste.
  5. Demandons à tous les Congolais, hommes, femmes, jeunes, fonctionnaires, agents de l’Etat, travailleurs, indépendants, sans emploi, professeurs d’universités et d’instituts supérieurs, chefs de travaux et assistants, membres du personnel administratif et technique, ingénieurs, médecins, infirmiers, architectes, avocats, défenseurs judiciaires, enseignants du secondaire, journalistes, étudiantes, étudiants, parents d’élèves, chauffeurs, conducteurs, paysans et les membres de différentes organisations de la société civile, quelles que soient leurs croyances, leurs confessions religieuses, leurs origines ou leurs obédiences politiques, qu’ils se trouvent à Kinshasa, dans les 26 provinces du pays ou dans la Diaspora, de participer à toutes les manifestations pacifiques qui seront organisées pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel conformément à l’Article 64 de la Constitution.
  6. Réaffirmons qu’une Transition citoyenne sans Kabila s’impose en fin de compte pour conduire le pays aux élections libres, paisibles, transparentes et crédibles d’autant plus que de telles élections sont impossibles avec Mr Kabila qui tient à se maintenir au pouvoir par la force des armes et une CENI non restructurée dépourvue de toute indépendance et qui demeure un membre actif de la Majorité présidentielle dont le Président hors-mandat est l’Autorité morale.
  7. Toutes les institutions politiques étant devenues illégitimes et illégales, y compris le Président de la République, son gouvernement, l’Assemblée nationale, le Sénat, les Assemblées provinciales, les Gouverneurs de provinces, nous demandons à la Communauté internationale, spécialement au Conseil de Sécurité, à l’Union africaine (UA), à la Communauté des Etats de l’Afrique australe (SADC), à la Conférence internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL), à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), à l’Union européenne (UE), à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à toutes les autres organisations internationales et à tous les pays qui se disent « Amis du Congo » d’en tirer toutes les conséquences en se rangeant aux côtés du peuple congolais et en cessant de soutenir un régime honni, corrompu, illégitime et illégal.
  8. Nous ne fléchirons pas. Nous ne reculerons pas dans notre quête légitime de liberté selon l’immortel serment qui nous avait été légué par les Pères de l’Indépendance. Nous continuerons sans relâche notre lutte contre la criminalisation de l’Etat par un régime qui gouverne par défi et ce, jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel et démocratique dans notre pays.

Debout Congolais. Levons-Nous. Résistons contre l’Oppression, la Prédation et l’Autoritarisme. Marchons. Ensemble Nous vaincrons!

** ESILI ** INAISHA ** IMENI ** KUAJIKI **

Fait à Kinshasa, ce mardi 6 février 2018.

 

LES SIGNATAIRES DU MANIFESTE
Me Patrick Ngoy de la Ligue des Electeurs
Me Jean-Claude Katende, Président national de l’ASADHO
au nom du Prof Andre Mbata Mangu, Directeur Exécutif de l’IDGPA
© Congoindépendant 2003-2018

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