
Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo
Première partie: Diagnostic
Lors de la décolonisation dans les années 1960, les Etats africains ont accédé à l’indépendance dans des structures politiques de démocratie multipartite et conflictuelle comme en Occident. Peu après les indépendances, cette forme de démocratie a étalé au grand jour ses insuffisances voire ses nuisances. Presque partout, on a assisté à un développement des forces centrifuges qui mettaient en péril l’existence même de jeunes Etats. Des coups d’Etat ont eu lieu dans plusieurs pays. Au Benin, au Burundi, en Centrafrique, dans les deux Congo, au Tchad, au Togo, en Mauritanie, au Nigeria et au Rwanda, pour ne citer que ces Etats-là. Au nom de l’unité nationale et du développement, tous les pays africains sont passés de la démocratie multipartite et conflictuelle à l’autocratie, véhiculée par les partis uniques.
Vers la fin des années 1980, force était de constater que l’autocratie, à travers le monopartisme ou parti-Etat, n’avait réussi à favoriser ni l’unité nationale ni le développement. Sous la pression de l’Occident, qui réajustait sa politique africaine à la suite de l’effondrement du bloc soviétique, et à la faveur ou non de la formule de conférence nationale, les Etats africains ont retrouvé le chemin de la démocratie multipartite et conflictuelle. Mais une fois de plus, la démocratisation fut une fête de courte durée. Conférences nationales confuses; partis politiques recoupant les rivalités ethniques ou régionales; combats politiques au couteau; campagnes électorales marquées par la violence, scrutins verrouillés ou truqués; légalité des gouvernements souvent douteuse ou autoproclamée; non séparation des pouvoirs; constitutions biaisées; révisions constitutionnelles intempestives juste pour renforcer l’autocratie; dérives monarchiques; émeutes urbaines récurrentes; graves troubles interethniques; fréquents massacres massifs et systématiques impliquant les Etats eux-mêmes dont le génocide rwandais et la plus grande crise humaine depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’hécatombe congolaise (RDC), véritable holocauste toujours en cours dans une indifférence généralisée, avec plus de cinq millions de victimes; etc.
De manière générale, on assiste au mieux à l’existence du multipartisme sans démocratie. Au pire, l’Afrique a renoué avec la tradition des coups d’Etat et des guerres civiles. Presque partout, l’Etat ne parvient pas à jouer son rôle qui est de garantir l’intérêt général, d’assurer le bien-être de la population et de rechercher de façon permanente son mieux-être. Presque partout, l’Etat reste privatisé au service des intérêts personnels des classes dirigeantes, pendant que les populations s’enfoncent dans le dénouement le plus total. Le passé a donc rattrapé le présent. Au regard du nouveau désenchantement, que l’artiste musicien ivoirien Alpha Blondy a opportunément immortalisé sous le nom de ‘démocratie banania’ dans la chanson ‘Guerre civile’ de son album ‘Itzhak Rabin’, deux questions s’imposent à l’esprit. Pourquoi la démocratie a-t-elle du mal à s’enraciner en terre africaine? Existe-t-il des alternatives à la démocratie multipartite et conflictuelle dont les ravages ne sont plus à démontrer?
Divisé en trois parties, notre démarche a pour ambition de répondre aux deux questions fondamentales ci-dessus. Dans un premier temps, nous allons exprimer notre diagnostic. Car, il faut un diagnostic juste si l’on veut des remèdes adéquats. A cet égard, nous passerons en revue les raisons couramment avancées mais qui, pour nous, ne sont pas fondées pour expliquer l’échec des processus de démocratisation. Puis, nous tenterons d’invalider davantage ces pseudo-raisons par les raisons qui nous paraissent plausibles. Dans un deuxième temps, nous soulignerons les préalables par lesquels il faut passer avant de dessiner les contours de tout système alternatif aux démocraties de façade. Il s’agira d’intenter un procès aux Constitutions africaines en vigueur, qui se ressemblent dans le fond, et d’identifier d’abord le mal dont souffrent les Etats africains, ensuite la différence majeure entre la culture politique africaine traditionnelle et occidentale. Enfin, dans un troisième temps, nous exposerons les contours d’une alternative possible aux simulacres de démocratie qui ont élu domicile dans la quasi-totalité des Etats africains.
Raisons de l’échec
A. Raisons couramment avancées
Dans les années 1960, journalistes et politiciens tant occidentaux qu’africains avaient vite trouvé la raison de l’échec. Elle s’inscrivait dans la droite ligne de la ‘mission civilisatrice’. Les Africains n’étaient pas encore mûrs pour la démocratie. En d’autres termes, ils n’avaient pas été suffisamment ‘civilisés’. Aussi fallait-il remettre en vigueur le despotisme colonial, cette fois animé par les Africains eux-mêmes assistés par les ex-colonisateurs, en attendant que les populations soient enfin mûres pour la démocratie.
Cette opinion se rencontre, par exemple, dans le journal Le Monde du 4-5 septembre 1966. Le journaliste Penchenier y décrit le Congo-Kinshasa sous Mobutu. Un an après le coup d’Etat de 1965, le chef d’Etat congolais déclare: « Depuis six ans, il faut le dire, les gens ne travaillaient plus. J’ai lancé l’opération retroussons les manches et le redressement est spectaculaire. Nous doublerons notre revenu national en dix ans ». Et le journaliste de noter: « Cet optimisme que manifeste le président de la république n’est pas partagé par tout le monde. Les Congolais, disent beaucoup de Belges, n’ont aucun sens civique. Ils ont des coutumes tribales, ils respectent les lois du clan, mais ils sont imperméables à l’idée de patrie congolaise. Alors remettre de l’ordre au Congo? Discipliner une nation? Autant nettoyer les écuries d’Augias… »
Il est facile de démontrer la légèreté d’un tel raisonnement. D’abord, les coutumes tribales ne s’opposent nullement à l’idée de l’Etat supra-tribal. Car avant la colonisation, les Africains avaient réussi à bâtir des Etats englobant plusieurs tribus ou ethnies. Pour ne citer qu’un exemple, rien que dans sa partie située dans l’actuel Congo-Kinshasa, le Royaume Kongo, qui s’étendait également dans ce qui deviendra plus tard le Congo-Brazzaville et l’Angola, comptait plusieurs tribus parlant des langues différentes. On peut citer les Assolongo, Humbu, Mfumu, Manyanga, Ndibu, Ntandu, Yombe, Woyo, etc. Ensuite, si les Congolais n’avaient aucun sens civique, s’ils étaient imperméables à l’idée de patrie, comment expliquer qu’ils se soient organisés dans un front commun pour revendiquer leur indépendance? Car, celle-ci n’avait pas été revendiquée au nom de la conscience tribale des uns et des autres, mais au nom de la nation congolaise. Par ailleurs, la différence entre une ethnie congolaise et une autre est de même nature que celle qui existe, par exemple, entre les Flamands et les Wallons en Belgique; ce qui n’empêche que ces deux ethnies, appelées communautés, pour entretenir la dichotomie de l’anthropologie coloniale entre ‘civilisés’ et ‘sauvages’, puissent coexister pacifiquement au sein d’un même Etat.
Dans les années 1960, l’échec du processus de démocratisation n’était pas dû à l’immaturité des populations. Malheureusement, cette raison avait été intériorisée par les élites intellectuelles et politiques africaines au point qu’elles ont entraîné leurs peuples au retour à la démocratie multipartite et conflictuelle dans les années 1990 parce qu’elles croyaient que ceux-ci étaient mûrs pour la démocratie après trois décennies d’indépendance. C’est du moins ce qu’avait déclaré le président Mobutu dans son discours du 24 avril 1990, discours donnant le coup d’envoi officiel de la nouvelle démocratisation de son pays. En effet, en ouvrant de nouveau la voie vers le multipartisme, Mobutu comptait sur ce qu’il a appelé « le sens élevé du nationalisme » et « la maturité politique » de son peuple. De son côté, l’opposant historique Tshisekedi assurait que le peuple congolais avait dépassé le stade de la conscience tribale, ethnique ou régionale. Pourtant, presque partout en Afrique, la démocratisation s’est une fois de plus accompagnée de la résurgence de la conscience tribale, ethnique ou régionale.
On notera qu’en dépit de la fausseté de la raison avancée ci-dessus, elle fut encore à l’ordre du jour pour expliquer l’échec du deuxième processus de démocratisation du contient depuis le début des années 1990. En effet, face à l’interminable, difficile et sanglant ajustement politique initié par le président Mobutu, son gendre belge, par exemple, eut la même explication: « les Zaïrois ne sont pas encore prêts à vivre l’expérience d’une véritable démocratie » (1).
L’histoire se répète donc. Ce qui a poussé certains observateurs, tel le journaliste français Jean-Baptiste Naudet, à embrayer sur l’immaturité des Africains, cette fois liée au caractère artificiel de leurs Etats: « Sans nier les responsabilités des dirigeants, personne ne conteste le caractère, sinon artificiel, du moins inachevé, de la plupart des Etats africains. Comment éviter les dérives ethniques ou régionalistes de la démocratie alors que la plupart des Etats n’ont même pas de langue nationale, à part celle de l’ex-colonisateur, mais parlée par une minorité? Comment construire un Etat démocratique quand l’Etat lui-même existe peu ou pas? » (2).
En d’autres termes, les Africains seront mûrs pour la démocratie quand la conscience clanique, tribale, ethnique ou régionale aura disparu et que les Etats auront une même langue nationale. C’est oublier que certains Etats africains sont ce que l’on considère généralement comme des Etats-nations. Tel est le cas du Rwanda où toute la population parle le kinyarwanda; de la Somalie dont l’unique groupe ethnique, les Somalis, parle une même langue officielle (le somali) aux côtés de l’arabe; du Swaziland constitué autour de la nation swazie (88,5% de la population) et où tout le monde, les groupes minoritaires compris, parle le siswati. Pourtant, ces pays ne se distinguent nullement des autres en matière de démocratie. Mieux, les démocraties belge, canadien et suisse, où coexistent plusieurs langues, invalident l’argument du caractère artificiel des Etats.
Le caractère dit artificiel des Etats africains serait également lié au fait que leurs frontières divisent des ethnies entières en plusieurs Etats. Ainsi, les Bakongo, par exemple, se retrouvent dans les deux Congo et en Angola. Les Lunda sont éparpillés en Angola, au Congo-Kinshasa et en Zambie. Il en est de même des Zande qui sont soit congolais, centrafricains ou sud-soudanais. Etc., etc. Et alors? Cette situation est-elle spécifique à l’Afrique? En Europe, l’ethnie Basque, par exemple, est implantée à cheval sur le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne. Ces deux Etats ne sont-ils pas gérés démocratiquement? Et que dire de l’ethnie ou peuple allemand? Rien qu’en Europe, il est disséminé dans plusieurs pays dont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l’Italie, le Liechtenstein, le Luxembourg et la Suisse. Cela empêche-t-il ces Etats d’être des démocraties? On pourrait multiplier les exemples jusqu’à satiété.
Enfin, l’homme congolais ou africain qui serait affublé de tares incompatibles avec l’exercice de la démocratie. Cette raison est souvent avancée par des élites africaines qui appellent alors au changement des mentalités, sans expliquer comment y parvenir, sans dire si elles-mêmes ont une mentalité différente et comment elles l’ont acquise. Après avoir accédé à la magistrature suprême le 24 janvier 2019, le président Félix Tshisekedi a créé toute une coordination de changement des mentalités, rattachée à la présidence de la république. Pourtant, depuis lors, son administration n’a cessé de s’illustrer dans tous les maux caractéristiques de la mauvaise gouvernance.
L’homme congolais ou africain n’évolue pas seulement dans la politique de son pays où il s’illustre, il est vrai, dans la médiocrité. On le voit également à l’œuvre dans les sociétés privées, dans les organisations non gouvernementales nationales ou internationales et même dans la politique des Etats occidentaux hôtes dont il a acquis la nationalité. Dans toutes ces sphères, il ne brille nullement par la médiocrité. Faut-il dès lors remettre en cause la nature de l’homme ou l’environnement ou le système dans lequel s’exerce la politique? Au cours de son voyage apostolique au Congo-Kinshasa, le Pape François a édifié les Congolais dans son discours prononcé à Kinshasa le 31 janvier 2023. Se penchant sur le destin tragique du pays, il a expliqué que « le problème n’est pas dans la nature des hommes ou des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont on décide d’être ensemble ». La démocratie multipartite et conflictuelle est-elle la bonne manière d’être ensemble dans un Etat multiethnique?
B. Raisons raisonnables
Elu démocratiquement, l’ex-président du Congo-Brazzaville, Pascal Lissouba, a déjà répondu de manière satisfaisante à la première question quand il affirme: « Nous n’avons pas réfléchi à la démocratie comme nous n’avions pas, hier, réfléchi à l’indépendance. Nous nous sommes jetés à l’eau. Il est temps de marquer le pas et de réfléchir » (3). Une mentalité d’esclaves, consécutive à la longue oppression subie pendant la traite négrière et la colonisation, nous pousse au mimétisme et à considérer la démocratie occidentale comme l’unique horizon de notre temps. Il n’y a pourtant pas de prêt-à-porter en démocratie. Julius Nyerere, un des rares dictateurs africains à n’avoir pas utilisé la fonction de président comme un sésame pour se constituer une fortune personnelle, souligne à cet égard: « La démocratie doit régner partout, mais elle doit se faire conformément à l’histoire, à la culture et au niveau de développement de chaque pays » (4). Propos dont Jacques Godfrain, ancien ministre français de la Coopération, se fait l’écho: « La démocratie n’est pas une culture hors sol, ni une usine fournie clefs en mains » (5). Un autre homme d’Etat français, Edgar Pisani, exprime la même préoccupation quand, franchement, il avoue avoir « très peur des expériences de démocratisation en Afrique, non pas parce que l’esprit démocratique manque mais parce que l’appareillage démocratique qu’on a mis en place en Afrique ne correspond pas au niveau d’évolution des sociétés africaines » (6). Professeur de droit et de politique africaine à l’Université d’Anvers, Filip Reyntjens fait la même analyse quand il écrit: « Le souci de démocratisation a déstabilisé de nombreux pays d’Afrique. Il ne faut pas chercher à imposer le modèle occidental de la démocratie. Le problème de l’Afrique, c’est de découvrir quel autre modèle serait opérant » (7). Car, poursuit-il, « le tissu social africain n’est en rien comparable aux sociétés occidentales et il se déchire si on veut y tailler un vêtement qui ne correspond pas à la mode africaine » (8).
Les diagnostics posés ci-dessus rejoignent la conclusion d’Arthur Lewis qui avait déjà analysé la crise des démocraties de l’Afrique occidentale au lendemain des indépendances: « L’affrontement politique entre un parti de gouvernement et un parti d’opposition n’est pas ce qu’il faut à ces pays; c’est un système qui n’est pas fait pour une société plurale et qui est impraticable dans la conjoncture ouest-africaine » (9). Ce dont des sociétés aussi hétérogènes que les sociétés africaines ont impérativement besoin, « c’est un régime démocratique qui accentue le consensus plutôt que l’opposition, qui inclut plutôt que d’exclure, et qui tente de maximiser l’ampleur de la majorité au pouvoir plutôt que de se contenter d’une majorité simple: en d’autres termes, une démocratie consensuelle » (10).
Conclusion
La recherche d’alternatives aux simulacres actuels de démocratie en Afrique s’impose si l’on veut que la démocratie cesse d’être un slogan et devienne une réalité; que l’Afrique ne soit plus cette boîte à chagrin où explosent continuellement des drames. Le concept de démocratie, à l’instar de beaucoup d’autres, n’est pas transposable tel quel d’une culture à une autre. Au lieu de continuer à organiser des élections dans le cadre de la démocratie à l’occidentale, les élites politiques et intellectuelles du continent auraient intérêt à marquer le pas et à réfléchir enfin sur la démocratie. La construction de toute alternative aux démocraties de façade passe par le procès de celle-ci telle qu’elle est articulée par la Constitution, l’identification du mal qui ronge les Etats africains, et la différence majeure entre l’ingénierie politique africaine traditionnelle et occidentale.
Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo
Ecrivain & Fonctionnaire International
---------------- (1) JANSSEN, P., A la cour de Mobutu. Fracassantes révélations du gendre de l’ex-président zaïrois, Paris, Michel Laffont, 1997, p. 106. (2) Le Monde, 9 mars 2000 (3) Jeune Afrique, n° 1834, 28 février au 5 mars 1996, p. 29. (4) Africa International, n° 257, janvier 1993, p. 25. (5) Jeune Afrique, n° 1845, 15 au 21 mai 1996, p. 15. (6) Le Courrier, n° 134, juillet-août 1992, p. 3. (7) SCHAFF, C., "Coopération: Qui perd? Qui gagne? L’Echec d’une génération", in Trends, n° 32, 8 août 1994, p. 16. (8) DEBBASCHI, C., "En vérité", in Jeune Afrique, n° 1749, 14 au 20 juillet 1994, p. 15. (9) LEWIS, W. A., La chose publique en Afrique occidentale, Paris, Sedeis, Futurible, 1966, pp. 105-106. (10) LIJPHART, A., Democracies: Patterns of majoritarian and consensus government in twenty-one country, Londres, New Haven, Yale University Press, 1984, p. 23.
UNE ALTERNATIVE A NOS SIMULACRES DE DEMOCRATIE. ET VOILA L’EXCELLENTISSIME MAYOYO DANS SES OEUVRES. BRAVO, BRAVISSSIMO !
Bon politologue mais que j’aurais souhaité qu’il s’obligeâ par patriotisme et pour la science à endosser le costume politique ou de technocrate politique. Pédagogue et très bon communicant. En deux coups trois pioches il a planté l’essentel d’une nouvelle gouvernance endogène africaine qui nous conviendrait. Une voix encore trop Congolaise qui gagnerait à devenir vraiment africaine.
Vous avez compris, mon voeu le plus ardent pour Mayoyo est qu’il nous serve comme intellectuel organique dans un système en place à tenter. Il est encore fonctionnaire international ; dommage.
Je reviendrai sans doute sur ses propos mais permettez que je dise un mot sur le cas gabonais qui est plus proche du nôtre que les autres putchs en Afrique Occidenrale dans la démonstration des échecs de nos democraties de facade importées. Que pense Mayoyo du monde global en cours dans la redéfinition et la pratique de notre gouvernance africaine nouvelle ?
Dans le concert des commentaires, Français et alliés africains de la France lui demandent bien à propos dans le renversement d’Ali Bongo leur protégé de rompre avec leur tutelle sur l’Afrique – Francafrisue – et d’adopter une position de neutralité. parce que la position de la France est affaiblie par le contraste entre ses leçons de démocratie, sa défense des valeurs, d’une part et, de l’autre, son lourd passé de présidents installés ou déboulonnés par ses soins, son soutien à des dictatures et sa condamnation à géométrie variable des coups d’État. Macron devrait user non seulement de neutralité mais aussi d’une clarification du discours qui remette les militaires à leur place loin de la politique active.
C’est la politique réelle telle qu’elle se passse dans nos contrées, comme un exemple des contingences comment arriver à mettre en pratique nos idées. C’est un aspect pratique auquel j’ai déjà eu à attirer l’attention de Mayoyo pour que ses voeux de redéfinition et de pratique d’une nouvelle gouvernance africaine s’installent. Il m’a déjà répondu qu’il ne pouvait s’occuper de tout mais je reviens pour lui dire que pour que ses bons voeux d’une gouvernance nouvelle s’accomplissent il faut que son modèle devienne reellement africain et s’accimpagne d’un pendant pragmatique.
Bonjour cher Nono. Cela fait plaisir de vous lire après une si longue absence. Oui, je vous ai déjà répondu que tout le monde ne peut pas être politicien et que les politiciens les mieux avertis s’alimentent des idées des chercheurs. Nous avons un problème dans notre pays. Quand je cherche à vulgariser davantage mes idées dans les médias, on me demande carrément de payer 1500 USD ici, 2000 là-bas, etc. etc. En ce qui se passe la lueur d’espoir qui se manifeste en Afrique de l’Ouest, je pense que nous ne devrions pas aller vite en besogne. Les indépendances étaient une lueur d’espoir. Les conférences nationales et bien d’autres dialogues dits inclusifs étaient également une lueur d’espoir. Mais l’Afrique continue à tourner en rond. Pourquoi ? Parce que nous ne réfléchissons pas à la démocratie. Aujourd’hui comme hier, réfléchir à la démocratie signifie savoir pourquoi elle échoue et que faire pour qu’elle réussisse. Ces deux questions fondamentales, vous ne les trouverez pas dans nos pays.
Mon livre « L’Ajustement politique africain. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa » était publié en 1999, c’est-à-dire bien avant les élections de 2006 qui devaient asseoir la démocratie dans notre pays. A la page 130 de ce livre, j’écris exactement ceci : « La démocratisation, comme tous les rêves qui accompagnent l’Afrique dans sa descente aux enfers, des indépendances à nos jours, a été mystifiée mais pas analysée. Marchant aux allures d’une seconde indépendance, elle nous transporte trois décennies en arrière quand, à la suite de l’amateurisme et à la démagogie de la classe politique, l’indépendance […] était déjà un objet politique non identifié. Erigées à leur tour en mythe, les assises qui devaient actualiser la démocratie, les conférences nationales, n’ont apporté aucune réponse aux problèmes fondamentaux de l’Etat en Afrique. Comme en 1960, on a cru qu’il suffisait d’importer la démocratie procédurale occidentale pour que la démocratie en tant qu’état d’esprit se mette en marche dans les structures étatiques. Les pays ayant réussi leur transition démocratique ne font pas exception à cette règle, car cette réussite ne veut nullement dire qu’ils ont réussi la démocratisation. L’Afrique profonde les attend au tournant. Elle les rattrapera tôt ou tard ».
En écrivant cela, je ne lisais pas dans une boule de cristal. J’analysais les faits. Et les faits sont têtus. On a beau répéter la même erreur mille et une fois, la démocratie multipartite et conflictuelle dans un Etat marqué par le phénomène identitaire, elle ne deviendra jamais une solution. Marquons donc le pas et réfléchissons enfin à la démocratie.
Quant au coup d’Etat au Gabon, cela ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il est à inscrire dans le cadre de la France-à-fric.
Cher compatriote Mayoyo BTT:
Encore une fois merci pour vos analyses combien nobles et edifiantes. A ne pas confondre avec les elucubrations sur ce site des ex-frappeurs tels que le mec Binsonji Madilu dont les pseudo contributions se limitent aux defenses de son idole, tandis que ses freres a Kabeya Kamwanga pataugent dans la misere. Pour ces jouisseurs et ex-frappeurs, la democratie sigifie endormir leur « Peuple d’abord » en vides slogans et puis enrichissement illicite apres 37 ans de chomage sous manguiers de Limete. Pour revenir a votre analyse ici, de notre modeste point de vue, le probleme qui ronge l’Afrique et la conduit aux multiples coups d’etat n’est pas la version de Democratie (Occidentale ou pas) y prevalant. Le mal reside dans le choix (naif) d’animateurs de Democratie sur base de fausses promesses et/ ou affinites ethniques genre « mashi-a-mumenu ». Une fois au sommet, les Roublards se foutent de la Constitution et des institutions de controle parlementaire pour s’accaparer illegitimement de tous pouvoirs via corruptions et nepotisme. F. Tshilejelu en RDC en est l’exemple pimpant !
Bonjour cher Pierre et merci pour vos commentaires. Dans une démocratie, les dirigeants sont issus des élections. Que constate-t-on en Afrique ? Que les dirigeants aient été bien ou mal élus, la démocratie n’est pas au rendez-vous. Les présidents de la république se retrouvent automatiquement au-dessus de la loi. L’Etat, c’est eux. La loi, c’est toujours eux. Ce sont des électrons libres qui œuvrent en toute impunité, même quand ils violent la Constitution, et qui distribuent cette impunité à qui ils veulent, quand ils veulent et comme ils veulent. Il y a des raisons systémiques qui conduisent à cette situation. Nous devons les identifier et rectifier le tir. C’est depuis les années 1960 que des érudits ont clairement expliqué que c’était une erreur d’appliquer la démocratie multipartite et conflictuelle comme nous le faisons. Même en Occident, les pays tels que la Belgique et la Suisse, qui sont marqués par le mutiethnisme, n’appliquent pas ce type de démocratie comme les Français, par exemple. Ils ont des dispositions constitutionnelles qui leur permettent d’éviter la confrontation entre différentes ethnies ainsi que la domination ou la prise en otage de l’appareil de l’Etat par des membres d’une même ethnie ou région. Quand on des telles dispositions et qu’en plus on peut contrôler le pouvoir du président de la république par des contre-pouvoirs effectifs, le problème de l’élection des cancres ne se posera plus. Car les institutions se mettront en branle pour les mettre hors d’état de nuire. Pensez-y !
@Mpangi Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo,
C’est toujours un plaisir de vous lire.
Le diagnostic est précis. Il reste la thérapie. Et comme, souvent, en médecine, celle-ci dépendra de médicaments proposés, du dosage, de la chimie et des réponses métaboliques du patient…bref..
Quelque soit l’alternative de gouvernance proposée, propre à ceux que nous sommes,(comme votre propre modèle), il me semble impérieux de veiller sur deux points :
1. Pauvreté et inégalités : ces facteurs peuvent conduire à la corruption, à l’absence de responsabilité et à l’émergence de pratiques autoritaires qui maintiennent le pouvoir en utilisant des moyens non consensuels.
2. Des institutions fortes : les institutions telles que les parlements, les systèmes judiciaires et les médias indépendants peuvent être faibles, corrompus ou controlés par le pouvoir exécutif. Cela limite la capacité des ces institutions à servir de contrepoids au pouvoir politique.
C’est un long chemin. Y avoir déjà réfléchi, comme vous, c’est déjà un bon bout parcouru. A vous, élites africaines (sans boussole ?) de continuer à faire en sorte que des facteurs internes et externes impactent positivement notre trajectoire.
Un jour, Ekosimba !
@Mpangi Jo Bongos,
C’est aussi un plaisir pour moi de vous lire. Encore un article, la Deuxième Partie, pour préparer un atterrissage en douceur de la thérapie. Oui, les institutions telles que le parlement, le système judiciaire et les médias indépendants peuvent être faibles, corrompus ou contrôlés par le pouvoir exécutif. Mais je pense qu’en veillant à leur indépendance par des mécanismes appropriés qui limiteraient drastiquement le clientélisme, elles peuvent être en mesure d’assurer un contrôle effectif de l’exécutif.
DÉMOCRATIE CONSOCIÉTALE SANS PARTIS POLITIQUES, PRÉSIDENCE TOURNANTE HELVÉTIQUE ET PROPOSITION DE MANDAT PRÉSIDENTIEL DE 9 ANS ! Excellent article contenant une précieuse dissertation sous forme d’épigramme contre la FAUSSE DÉMOCRATIE MADE IN OCCIDENT. Auteur de HAUTE TRAHISON, le président protocolaire JOUISSEUR TRAÎTRE Sieur Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi qui manie la langue de bois avec dextérité puérile, mauvaise foi et balbutiements inintellectuels (inintelligents) déclarait ceci « Je ne comprends pas pourquoi des gens meurtris, affamés, frappés par le chômage et tous genres de calamité chantent à notre gloire alors qu’ils devraient exiger plus comme c’est le cas en Occident ». Ces écrits soys forme de plaidoyer contre l’imposition de la démocratie occidentale transposée en Afrique qui vit d’autres réalités sociales et culturelles décrivent la DÉMOCRATIE AU RABAIS servie aux Africains Noirs Subsahariens éternels gueux et plébéiens qui adorent bêtement copier les étrangers Occidentaux Mondialistes Impérialistes en adoptant leurs langues et religions importées de façon mécanique croyant au Proverbe Vulgaire « Tout beau tout nouveau » or l’Ecclésiaste dit « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, ce qui a été, c’est ce qui sera et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera […]. Pour avoir lu le Précieux Livre de Sieur Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo intitulé « L’AJUSTEMENT POLITIQUE AFRICAIN. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa », qui contient véritablement une matière grise de haut vol, il est clair que la DÉMOCRATIE CONSOCIÉTALE SANS PARTIS POLITIQUES devient une panacée en RDC occupée par les Banyarwandas pour nettoyer les Écuries d’Augias tout en faisant une TABULA RASA des POLITICHIENS COLLABOS ET OCCUPANTS toutes tendances confondues car l’éternel tout-puissant président homme providentiel issu des élections pièges à cons truquées d’avance organisées par la CENI pro Rwanda quel que soit son talent diabolique ou son charisme Satano-occulto-nécromancien ne peut égaler nos Aïeux Bantous de la DÉMOCRATIE DES PALABRES qui furent libres et ingenieux à tous points de vue comme l’explique cette 1ère partie de l’article (Plaidoyer pour une alternative aux simulacres de démocratie en Afrique). Alors que Sieur Isidore Ndaywel è Nziem (Professeur et Historien Kongolais) propose un mandat de 9 ans du tout-puissant président issu des sottes élections qui ne seront jamais libres et transparentes en RDC occupée par l’Empire Hima (EAC), il est opportun
de signaler que la CONFÉDÉRATION SUISSE a une PRÉSIDENCE TOURNANTE d’un an, ledit président est élu par l’Assemblée Fédérale pour que le président de la République ne devienne pas un Dictateur et Puissant comme en Afrique Noire Subsaharienne et se fait humblement appeler PRIMUS INTER PARES (LE 1ER PARMI SES ÉGAUX). Le contraste avec Tshilombo-Pétain et Kanambe alias Joseph Kabila est frappant. Comprenne qui pourra. « Moins ils ont le talent, plus ils ont d’orgueil, de vanité, d’arrogance. Tous ces fous trouvent cependant d’autres fous qui les applaudissent » Citation d’Érasme (Éloge de la Folie, 1509). VIVE LE SOULÈVEMENT POPULAIRE. INGETA.
Salut, cher Combattant Résistant de l’Ombre,
Quand vous écrivez : « DÉMOCRATIE CONSOCIÉTALE SANS PARTIS POLITIQUES, PRÉSIDENCE TOURNANTE HELVÉTIQUE ET PROPOSITION DE MANDAT PRÉSIDENTIEL DE 9 ANS », je vous prie d’être patient, d’attendre la Deuxième Partie qui va assurer un atterrissage en douceur de ma vision inédite et vous vous rendrez compte que nous sommes vous et moi dans la même trajectoire d’idées. Une chose est certaine, nous devons sortir de la démocratie des singes, celle mise en place par des êtres humains qui n’ont d’autre ambition que d’être des suiveurs et dont les ravages ne sont plus à démontrer, pour la deuxième fois au cours de notre histoire.
Cher MBTT. Bon retour sur CI! Bravo pour cette reflexion de haute facture qui ressemble a une dissertation academique tellement elle est bien agencee et bien documentee. Celane m’etonne pas de votre part. A moins que vous ayez oublie les debats qu’on a eu par le passe vous et moi sur la question de la democratie, je vous rappelle que quelle que soit la couleur locale qu’une democratie peut prendre, la ou elle est est vecue, elle sera toujours visible, toujours palpable, toujours definissable. Ainsi donc je me suis toujours oppose a la dichotomie democratie a l’occidentate – democratie a l’africaine. Il y a des regimes democratiques et il y a des regimes non democratiques. Point. Barre- Lorsque le regime actuel chez nous a lance le Programme de Developement Local, PDL145, j’ai tout de suite pense a vous. Voila un programme qui a besoin de l’expertise et de l’experience d’un homme comme vous pour quitter le domaine du slogan politique pour devenir une realite par notre peuple. Comment doter les territoires de Tshela et de Seke-Banza par exemple des structures de base pour nos compatriotes de ces territoires sentent que l’Etat congolais existe reellement et qu’il n’est pas une fiction heritee d’une copie-collee du Bula-Matari colonial? Comment developper Kabeya-Kamuanga pour que tous les congolais n’apprennent pas que ce territoire existe seulement quand un celebre opposant y est relegue? Nous devons reussir le defi du developpement! Personnellement je crois que nous avons suffisamment des ressources humaines pour relever ce defi, et je suis heureux de savoir que vous faites partie de ces ressources! Figurez-vous qu’il y a chez nous des territoires ou il n’ ya ni ecole, ni hopital, ni Centre de sante, ni bureau d’Etat-Civil! Des batiments administratifs, si on en trouve, datent de l’epoque coloniale!
Bonjour cher Binsonji E Madilu,
Je ne peux oublier nos échanges. Le dénominateur commun de la démocratie en Occident est le multipartisme et la conflictualité. Mais en Occident même, la conflictualité n’est pas gérée partout de la même manière. Dans les pays où il existe, comme en Afrique, plusieurs ethnies, on veille à ce que la conflictualité se joue au sein de chaque ethnie et non entre différentes ethnies. C’est ainsi que sont organisées les démocraties belge et helvétique, par exemple. Cette stratégie a pour objectif la sauvegarde de l’unité et de la cohésion nationale. Car, en articulant ainsi l’appareillage politique, on évite à l’Etat d’être dominé ou pris en otage par des membres d’une ethnie. Elle a aussi pour but de lutter contre le clientélisme qui explique la paralysie des contre-pouvoirs en Afrique face au détenteur de l’imperium. Je n’ai jamais considéré ma vision de la démocratie comme une démocratie africaine, mais plutôt comme une démocratie endogène, c’est-à-dire qui tient compte des réalités du pays. Partout au monde, la démocratie, c’est avant tout des freins liés à l’exercice du pouvoir pour que personne n’en abuse en toute impunité. Soyons donc créatifs dès lors que nous savons que les freins que nous copions de l’Occident ne freinent pas du tout les appétits gloutons de nos présidents et de leurs clients.