Province de Maï-Ndombe. Zéro cas Covid-19: vrai ou faux?

Le 10 mars dernier, la République Démocratique du Congo rejoignait la longue liste des pays visités par la pandémie à coronavirus.

Depuis, les autorités publiques ont déployé des mesures réglementaires et des moyens logistiques pour freiner, sinon arrêter la propagation d’une maladie ayant mis à genoux les puissances industrielles de la planète. Ces mesures matérialisées dans l’état d’urgence sanitaire et l’observance des gestes barrières: port de masques, lavage des mains, utilisation de gels désinfectants, etc.

Après 4 mois, l’état d’urgence est levé, mais les gestes barrières sont toujours de mise dans le but de poursuivre la lutte. Selon  les statistiques publiées au quotidien par la Cellule technique de lutte contre la Covid-19, la RDC compte actuellement un peu plus de 9 mille cas confirmés, répartis entre 17 provinces. Tous les médias nationaux répercutent ce bulletin épidémiologique qui engage les provinces de l’Est, de l’Ouest, du Nord, du Sud, voire du centre.

Le Bon Dieu aime les « bana Lacs »

Sur la liste, ne figure point la province de Maï-Ndombe. A dire que le Bon Dieu aime vraiment les habitants de cette juridiction, qualifiée de l’une des plus pauvres du pays. Toujours est-il que le trafic entre Kinshasa – épicentre de la maladie en RDC – et le Maï-Ndombe est des plus intenses. Au quotidien, les embarcations arpentent le fleuve et les rivières, ainsi que le Lac bondées de passagers, au départ comme au retour de la capitale. Il ressort du miracle comme la province n’a pas encore enregistré de cas, même de passager, depuis l’apparition de la pandémie et son expansion dans les 17 autres provinces du pays.

Est-ce ce qui explique l’absence d’intervention du gouvernement, même à titre préventif, en faveur du Maï-Ndombe? Selon les informations en notre possession, seul le centre de Mushie disposerait de matériel de détection de la maladie. Tous les autres hôpitaux – Kutu, Inongo, Oshwe, Bokoro – n’ont même pas un thermo-flash pour prélever en toute sécurité la température des patients qui se relayent dans cette province au flux migratoire intense.

Des cas suspects sont légion

Selon le docteur Basambi, médecin-directeur de l’hôpital Bondo de Kutu, des cas suspects sont légion. Maints patients se présentent avec la fièvre, la toux, les maux de têtes, essoufflement, douleur à la poitrine… et sont traités tels. En l’absence d’équipement adéquat, le personnel médical expose aussi sa vie à une éventuelle contamination. Selon le docteur, pour raison de déontologie, il leur est impossible de ne pas porter secours à un patient terrassé par la fièvre, une toux grasse ou sèche…

Covid-19 zéro cas dans le Maï-Ndombe paraît une chimère lorsque les témoignages des voyageurs concordent quant à la porosité des postes de contrôle érigés sur les réseaux fluviaux et routiers. Il suffit de plonger la main dans la poche – les femmes aussi portent de pantalons – et en sortir un billet de 500 FC pour passer la barrière! Pour tout dire, les postes de Masambio – sur la route – et de Mushie, Kwamouth – sur le fleuve – font une simple figuration. Aucun travail sérieux ne s’y effectue.

Au secours… au secours, svp!

Aussi les ressortissants de Maï-Ndombe sollicitent-ils l’intervention du gouvernement pour plus d’actions préventives avec le matériel de dépistage déployé dans d’autres provinces. Autrement, la province se sentirait négligée comme elle l’a été avec d’autres programmes nationaux, notamment les « 5 chantiers » de triste mémoire et les « 100 jours » du président Félix Tshisekedi! En attendant, et pour assurer la protection de notre personnel médical, nous nous empressons d’apprêter quelques thermo-flashs et autres masques médicaux. Triste!

 

Bondo Nsama – Journaliste

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