Amos David Musula: « L’Afrique noire malade de l’inversion des valeurs »

Psychologue de formation, prédicateur de son état, Amos David Musula est l’auteur de l’ouvrage « Pour une Afrique nouvelle ». A la recherche des causes de stagnation des pays subsahariens, l’auteur considère la restauration du « civisme » et de la « morale » comme une garantie de bonne gouvernance dans la gestion de ces Etats. Il dénonce les pays où 90% du PIB sont consacrés au fonctionnement des institutions.

Outre la conclusion, le livre s’articule sur cinq chapitres. « Amos David » est à la recherche des causes de stagnation de l’Afrique subsaharienne. Il exhorte les dirigeants africains à faire une introspection par la remise en question de certaines « antivaleurs » en vogue aujourd’hui dans nos sociétés africaines.

Plusieurs mots-clés sont repris dans cet ouvrage: justice sociale; paix sociale; redistribution équitable des revenus; respect des biens publics; spoliation; solidarité collective, enquête de loyauté, audit, abus des biens sociaux, pauvreté, compétence, méritocratie, discipline, déontologie, éthique; responsabilité; inégalités sociales; justice indépendante; besoins fondamentaux; alimentation; santé; eau; électricité; éducation etc.

Dans sa recherche des causes de la stagnation du continent noir, Musula n’a pas trouvé des mots assez durs pour dénoncer ce qu’il appelle « pays à budgets institutionnels ». Il s’agit, selon lui, des pays « où les dirigeants s’approprient 90% du PIB ». Ainsi, ajoute-t-il, « les secteurs primaires (éducation, social, infrastructures) sont relégués au second plan ».

Dans un cadre zaïro-congolais, deux mots revenaient sans cesse lors des travaux de la Conférence nationale souverain: « le Changement ». Tout au long de son combat politique, Etienne Tshisekedi wa Mulumba n’a cessé de les répéter comme un credo. L’homme voulait incarner la « rupture » avec les « antivaleurs » du régime Mobutu. Il apparait que celles-ci sont en chaque Congolais.

En juin 2007, au lendemain de l’élection contestée de « Joseph Kabila », un patron de presse avait lancé ce qu’il a appelé « Campagne de changement de mentalité ». Il s’agit de Gabriel Shabani. L’idée n’a pas fait des émules.

Après son accession à la tête de l’Etat le 24 janvier 2009, le président Felix Tshisekedi Tshilombo a fait sienne la même ambition. Il mit sur pied une structure dénommée « Cellule d’innovation et de changement des mentalités ». Les Kinois ont vu des banderoles contenant des slogans tels que: « Tosa Mibeko » (respectes la loi), « Tika koyiba » (Arrêter le vol). Eliezer Thambwe se serait exclamé: « Tokomi wapi? » Traduction: où en sommes-nous? La réponse tient en deux mots: nulle part!

Les animateurs de cette campagne avaient cru, à tort, que les pouvoirs publics pouvaient imposer un nouveau comportement collectif rien qu’avec des slogans. La moralité de cette histoire est que le changement de mentalité est complexe. Il ne se décrète pas.

A plus ou moins quatre-vingt jours de l’organisation des élections générales en décembre prochain, l’auteur assure que « c’est une pure coïncidence ». Il n’a pas ciblé le Congo-Kinshasa « mais bien les pays d’Afrique subsaharienne ». Il a été animé uniquement par « le désir profond de remise en cause des valeurs sociales ‘en vogue’ dans nos sociétés actuelles ».

Et de conclure: « Nous voulons, en définitive, éviter d’avoir des citoyens qui ont réussi dans la vie, mais qui ont échoué dans la société ».

B.A.W.

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