Qui veut la peau de Matata Ponyo?

On assiste à une vive agitation au sein du « clan Matata Ponyo ». Et ce depuis que l’ancien « Premier » sous « Joseph Kabila » est présenté, dans un rapport rédigé par l’IGF (Inspection générale de Finances), comme étant « l’auteur intellectuel » de la « débâcle » du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, dans la province du Kwango.

Augustin Matata Ponyo qui se sait présumé innocent – aussi longtemps qu’il ne sera pas jugé et condamné -, multiplie des « sorties médiatiques » où il dit parfois une chose et son contraire. Dans une prestation, il déclare que « la justice congolaise est instrumentalisée ». Dans une autre, il se rétracte en carillonnant sa « confiance » en la justice de son pays. Il faut savoir.

Les affidés de l’homme à la cravate rouge ne sont pas en reste. Ils sont vent debout. Dans son émission « JMK Today » mise en ligne le mercredi 12 mai, Jean-Marie Kasamba, patron de Télé 50, s’est comporté plus en « propagandiste » de Matata qu’en journaliste dont le souci reste la recherche de la vérité. Il a eu comme invité l’ancien vice-ministre du Plan, Franklin Tshamala, un fidèle d’entre les fidèles de Matata. Le thème de l’émission constitue tout un « programme »: « Pourquoi Matata est combattu? » Combattu par qui? Est-il combattu parce qu’il lui est demandé de rendre compte?

Le thème choisi par Kasamba n’honore guère le monde congolais des médias dans lequel ce confrère est considéré, à tort ou à raison, comme un « modèle de référence ». C’est un « naufrage » lorsqu’un journaliste se présente devant le public en défenseur des intérêts particuliers en lieu et place de l’intérêt général.

Tout au long de cette émission, l’invité Franklin Tshamala a déployé de talents d’éloquence pour démontrer que son ancien patron « ne se reproche de rien ». Vraiment? L’ex-vice-ministre du Plan, est en revanche, convaincu que « des gens » voudraient « décapiter » son ancien « patron », en prévision de l’horizon 2023.

Notre confrère Jean-Marie Kasamba s’est illustré, comme à son habitude, par des questions malicieuses autant que tendancieuses. « Pourquoi Matata n’a pas adhéré à l’Union sacrée de la Nation? » (USN). « Aurait-il eu autant d’animosité et de cabale? ». Traduction: Augustin Matata Ponyo est « ciblé » par l’IGF pour avoir rechigné à adhérer à l’USN. S’il l’avait fait, il n’aurait pas eu les « ennuis » actuels.

Après la destitution du gouverneur Zoé « Kabila » du Tanganyika par 13 députés sur 25, des voix se sont élevées pour rappeler que le frangin de l’ex-raïs avait dit haut et fort son refus de rejoindre l’USN. L’intéressé n’a pas dit autre chose éludant, au passage, les griefs articulés à son encontre: incompétence, mauvaise gestion, mépris vis-à-vis de l’Assemblée provinciale etc.

Des chefs coutumiers de Tanganyika ont accusé Jaynet « Kabila » d’organiser des milices dans cette province. Des cris d’orfraie ont aussitôt fusé dénonçant un prétendu « acharnement » sur cette fratrie. La dénonciation de ces « Chefs » est-elle fondée ou pas? C’est ça la question!

On apprenait vendredi 14 mai que l’ex-« Premier » a décidé d’attaquer en justice Jules Alingete Key, l’Inspecteur général des Finances (IGF), chef de service. L’annonce a été faite par l’avocat Safari Mulume. Une plainte a été déposée au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Alingete est accusé d’avoir voulu nuire à l’honorabilité de l’ancien « Premier ».

Le nom de Matata Ponyo est devenu synonyme de « débâcle » du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. C’est en tous cas la conclusion à laquelle les enquêteurs de l’IGF sont arrivés, en 2020. Et ce après des investigations menées sur ce projet qui avait un objectif plutôt noble: l’accroissement de la production agricole.

Selon les inspecteurs de l’IGF qui se sont appuyé sur des faits, l’Etat congolais avait déboursé 285 millions de $US au lancement de ce projet. La destination donnée à 205 millions $US reste inconnue. Les mêmes inspecteurs reprochent à l’ancien chef du gouvernement d’avoir violé la loi en matière de passation de marchés publics en concluant un contrat de gré à gré. Autre grief: le fait d’avoir confié cet argent public à un partenaire « non expérimenté » en l’occurrence la firme sud-africaine « Africom Commodities ».

Le « clan Matata » continue à s’agiter en arguant que les paiements étaient effectués non pas par la Primature mais par le ministre des Finances. Sans doute. Sauf que Patrice Kitebi n’était « que » « ministre délégué » aux Finances. Il travaillait sous l’autorité du Premier ministre.

On le voit, personne ne veut franchement la peau d’Augustin Matata. En revanche, les Congolais ont le droit de savoir. La vérité.

 

Baudouin Amba Wetshi

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